Hommage au journaliste Ramdane Temzi : Invisible mais jamais absent

18/07/2024 mis à jour: 01:26
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Le journaliste Ramdane Temzi, à gauche, avec son ancien collègue à l’APS, Salah Yermèche - Photo : D. R.

J’ai  connu Ramdane Temzi en 1974 au sein de l’APS (Algérie Presse Service) dont le siège était alors au 7, Bd Che Guevara. Nous y travaillions notamment la «grande nuit», autrement dit de minuit à 6h du matin, et ainsi, nous nous reposions toute la journée jusqu’au lendemain suivant encore à minuit.

En été, sortant à 6h, j’accompagnais Dda Ramdane au Bastion (gare des bus assurant des dessertes vers toutes les régions du pays), situé en bas du Square Port Saïd, pour se rendre, lui, à Tizi Ouzou ou à Dellys où il habitait, et moi, directement à «Ras el Môle» pour m’y prélasser et pêcher à longueur de journée.

Nous nous retrouvions deux jours plus tard, lui à la rédaction, et moi à la salle d’exploitation, appelée aussi salle des télex (téléscripteurs), où j’exerçais comme opérateur-technicien, notamment la saisie des dépêches reécrites au stylo. Ces deux salles (rédaction et exploitation) étaient séparées juste d’une vitre géante.

Le contact se faisait par des ‘‘tocs’’ à la main sur la vitre ou des appels à travers une fente par laquelle nous glissions les dépêches d’agences de presse mondiales jugées importantes pour leur exploitation, suivant l’avis du rédacteur en chef. C’est là que Dda Ramdane appréciait beaucoup mon travail, notamment pour ma célérité dans la saisie de ses feuillets d’informations rewritées.

J’étais un parfait doigtier du clavier. Il m’appréciait aussi lorsqu’il m’appelait au téléphone (fixe, évidemment) de Tizi Ouzou à Alger pour prendre note de ses informations, que je saisissais ensuite sans la moindre faute, alors que beaucoup de journalistes refusaient de «prendre note» au téléphone, tant c’est pénible (combiné collé à l’oreille, appuyé par l’épaule, tandis que le coude de la même main, retient les feuilles de papier sur la table, pendant que l’autre main (droite généralement) rédigeait.

‘‘Si c’est encore long, je vais raccrocher pour terminer le travail en attente et te rappeler ensuite…’’  – ‘‘Non, non ! Il reste juste quelques lignes et c’est le point final…’’, (rarement vrai !) répondait au bout du fil la voix de l’interlocuteur. Je me souviens, une fois, vers 1975 ou 76, remarquant ‘‘l’urgence’’ d’une dépêche d’agence de presse, je ne sais plus laquelle (AFP, Reuter, Tass, Ceteka, Angop, Irna, Men, Upi, AP, Adn ???). L’info avait trait à quelque chose qui urge au Proche-Orient…

Je découpe ladite info et l’ai remise à Dda Ramdane. ‘‘Très bien, c’est intéressant’’, m’avait-il dit. Il prend quelques minutes pour réécrire entièrement l’info et me la redonne pour la saisir et la diffuser. Une heure du matin passée, l’info est diffusée sur le fil de l’APS. Une demi-heure plus tard, j’appelle Dda Ramdane : ‘‘Viens voir ton info, elle a été reprise par l’agence d’information turque Anatoli (si je ne me trompe pas), qui, en plus, avait cité l’APS comme source d’information…’’ .

C’est vous dire que Dda Ramdane avait un style d’écriture particulier, en plus d’une très belle calligraphie. Au bureau APS de Tizi Ouzou, nous avons exercé sous la responsabilité de Hamid Makhlouf et surtout d’Arezki Hamla auxquels j’adresse mes ferventes salutations. Dda Ramdane a été journaliste à l’APS, à Alger, en 1974, puis, chef de bureau à Tizi Ouzou (1975), ensuite à Adrar-Illizi,  vers 1980-82.

Invisible mais jamais absent. Il reste pour moi une référence en termes de professionnalisme et de valeurs      Dimanche, 14 juillet 2024, ce brave homme est décédé à l’âge de 92 ans. Il a été inhumé au cimetière de M’Douha, à Tizi Ouzou en présence d’une foule nombreuse. Paix éternelle à ton âme pure Dda Ramdane». Salah Yermèche

 

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