Les incendies dévastateurs qui ont quasiment rasé une ville dans l’archipel américain d’Hawaï et fait des dizaines de morts sont en passe de devenir la catastrophe la plus meurtrière de l’histoire de cet Etat américain, ont averti les autorités.
Le bilan provisoire, qui s’établit jusqu’ici à 80 morts, risque de s’alourdir de manière «très significative», a annoncé sur CNN le gouverneur de l’archipel Josh Green. Selon lui, il pourrait être le pire désastre depuis qu’Hawaï est devenu le 50e Etat des Etats-Unis en 1959. Une conférence de presse est prévue plus tard jeudi pour donner un bilan provisoire plus précis.
Le président Joe Biden a décrété une déclaration de catastrophe naturelle, ce qui va permettre de débloquer d’importantes aides fédérales pour financer les secours, hébergements d’urgence et efforts de reconstruction. Alimentés par des vents violents, nourris par la force de l’ouragan Dora qui passe actuellement dans l’océan Pacifique, les feux touchent principalement l’île de Maui et dans une moindre mesure celle de Hawaï. La station balnéaire de Lahaina, sur la côte ouest de Maui, a été pratiquement réduite en cendres.
Le gouverneur, qui s’est rendu sur place a décrit des scènes de «dévastation totale» dans cette ville historique, ex-capitale du royaume d’Hawaï au 19e siècle.
Environ «80%» de la ville est détruite, a-t-il raconté. Selon lui, c’est comme si «une bombe avait frappé Lahaina». Les autorités recensent désormais «plus de 1700 immeubles» détruits ou endommagés par les flammes, a-t-il précisé. L’incendie qui a surpris la ville est désormais maîtrisé à 80%, selon les autorités, et deux autres feux sont toujours en cours sur l’île de Maui. A Lahaina, le feu s’est propagé tellement rapidement qu’une centaine d’habitants s’est jeté à la mer pour échapper aux flammes, selon les garde-côtes. Sur place, les locaux comptent les corps sans vie et s’impatientent. «Nous essayons de sauver des vies et j’ai l’impression que nous ne recevons pas l’aide dont nous avons besoin», a pesté Kekoa Lansford, un habitant de Lahaina. «Nous voyons encore des cadavres flottant dans l’eau et sur les digues», a-t-il ajouté.
Des milliers de personnes ont été évacuées des zones sinistrées vers des centres d’urgence ou l’aéroport principal de Maui. Les autorités demandent actuellement aux touristes de quitter l’île et organisent des bus pour les acheminer vers l’aéroport. Des incendies ont également touché l’île d’Hawaï, mais ils étaient sous contrôle jeudi, selon les autorités. «Il est dur de voir certaines des images venant de Hawaï, un endroit qui est si cher à tant d’entre nous», a écrit sur X (anciennement Twitter) l’ex-président Barack Obama, qui est né à Hawaï, en appelant aux dons.
Le vent a fait tomber de nombreux poteaux électriques et les réseaux de communication ont été coupés sur une partie de Maui. Ce qui a grandement compliqué la tâche des secours, car même le service d’appel d’urgence 911 ne fonctionnait pas dans certaines zones de l’île. Selon le site PowerOutage, environ 11 000 foyers et commerces restaient sans électricité jeudi dans l’archipel.
Si les incendies ne sont pas inhabituels à Hawaï, ceux-ci «brûlent toutefois sur une zone plus vaste que d’ordinaire, et le comportement des feux est extrême, avec une propagation rapide et des flammes élevées», a affirmé le Dr Thomas Smith, professeur associé en géographie environnementale à la London School of Economics and Political Science.
Il a évoqué des conditions propices à l’embrasement cette année: une végétation «particulièrement desséchée» à Maui, des précipitations en dessous de la moyenne ce printemps et des températures plus élevées que d’habitude. Sans compter l’impact de l’ouragan, pourtant situé à des centaines de kilomètres au sud-ouest, et d’une dépression à l’ouest, près du Japon, qui contribuent à alimenter les vents, a-t-il indiqué. «C’est inhabituel pour cette époque de l’année» et c’est à l’origine «des feux très rapides», a-t-il conclu.
Pour un porte-parole de la Maison Blanche, «ces feux et toutes les violentes tempêtes que nous continuons à voir sont sans aucun doute causés par ce qui se passe au niveau des températures, en hausse à travers le monde». «Et nous devons prendre cela au sérieux», a affirmé John Kirby sur CNN.