Haro sur les pollueurs non payeurs

15/11/2022 mis à jour: 03:48
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Le monde s'emballe en funestes accélérations qui ne présagent rien de bon, si l'on se réfère aux gesticulations menaçantes des grandes puissances, la Chine et les USA, qui se concertent néanmoins sur les garde-fous et les lignes rouges à ne pas franchir, mais qui se défient l'un l'autre. Le monde va mal, si l'on inclut aussi la guerre, qui n'est que l'abcès du dysfonctionnement du système marchand, miné par les déferlements incontrôlés de la finance. Il faut être bien naïf pour ne pas croire que l'impitoyable imbrication d'une planète «globalisée» est indéniablement la cause de tout ce tohu-bohu, dont la guerre d'Ukraine est le signe le plus frappant de l'Europe tétanisée qui a mis tout le monde aux abois, qui donne l'apparence d'un clan uni, alors qu'il est tiraillé par les divisions aux injonctions de l'Oncle Sam, sûr de son fait  jusqu'à l'immense Chine qui s'est départie de ses mystères pour s'imposer comme un concurrent incontournable, à l'Afrique, dans l'expectative, qui attend toujours une aide improbable, chacun est sur ses gardes. Le climat général, pour ainsi dire, n'incite pas à l'optimisme avec les problèmes qui se déclinent à travers l'inégalité de migrations massives, de tensions et conflits autour de ressources limitées en eau et en énergies fossiles, ajouté à la surcharge écologique l'effet de serre, les mégapoles polluées, tout cela fait l'objet d'une concertation mondiale, actuellement à Sharm El Sheikh. Concertation, dont beaucoup doutent de l'efficacité, car les intérêts des plus riches ne sont nullement ceux des pauvres. Mais la majorité  pense comme l'ONU, résignée, à annoncer qu'au train où vont les choses avec le dérèglement climatique, on va tout droit vers un suicide collectif. En rêvassant aux énigmes d'un avenir reculé, pour reprendre  cette sentence du poète : «L'espérance aux ailes rognées ne vole pas si loin.» Depuis toujours, hélas, on a conclu que les leaders de ce monde  parlent mieux qu'ils n'agissent, car la diète sévère est déjà là et partout, le malaise s'installe encore plus chez les gens sérieux dont les voix peu audibles se perdent dans le vent. Heureusement qu'il y a des exceptions comme les intentions sincères de Lula qui tire son épingle du jeu dont le discours sonne, comme un signal fort, promettant de réparer les dégâts causés par son prédécesseur, violeur de l'Amazonie. Et de beaucoup de consciences. Devant cet embrouillamini, l'homme de la rue est doublement pénalisé. Il est impuissant devant la fatalité et n'entend pas grand-chose aux mécanismes qui gouvernent sa tranquillité ou sa ruine, mais doute tout de même dans l'expertise des gens de la finance et des capacités des politiques à éviter les lendemains qui déchantent, convaincu que c'est ce capitalisme financier dévoyé, par sa démesure, qui a mis les Etats dans cette situation peu enviable. Et ce sont toujours les mêmes agresseurs, en ce qui concerne le gaz à effet de serre, les pollutions et les atteintes gravissimes à la nature qui sortent indemnes de leur forfaiture. Les Etats-Unis, deuxième pays le plus pollueur après la Chine, est attendu sur l'aide qu'il pourra apporter aux pays du Sud qui subissent de plein fouet les effets dévastateurs du réchauffement climatique sans en être responsables. L'Afrique, à titre d'exemple, ne représente que 3% des émissions mondiales de CO2. Mais déjà, les donateurs, si prompts à mettre la main à la poche sans compter pour l'Ukraine insatiable, sont bien avares envers les autres. On sait désormais que tout le monde  surveille tout le monde et chacun a pour souci premier de se repositionner, car même dans cette auguste assemblée, censée traiter du climat et ses misères, c'est plutôt de géopolitique qu'il a été beaucoup question ! Et que dans le tourbillon d'intérêts et de passions, le «climat» a été forcément perturbé par les vents contraires.

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