La question du marché couvert de Sétif calciné partiellement lundi 29 août est désormais l’une des priorités de l’exécutif communal. La situation ou plutôt le recasement provisoire des 173 marchands a été le principal point de la réunion de samedi 3 septembre. Tenu au siège de la municipalité, le conclave a été, selon le chef de l’exécutif municipal, Hamza Belayat, franc, direct et responsable.
Aucun sujet n’a été éludé lors de la discussion où l’on a démolit la rumeur faisant état du rasage du marché et son remplacement par une promotion immobilière. Contacté par El Watan, le premier magistrat de la cité a tenu à mettre les points sur les « i » et à démentir le flot des commérages. «Après l’incendie, nous avons mis en place une cellule de crise. Celle-ci a pour mission de trouver des solutions aux 173 commerçants du marché qui ne vont pas chômer puisque l’équipe du patrimoine de l’APC est en mesure de répondre aux attentes de l’ensemble des marchands. Des locaux de différents marchés et souks de la ville sont à leur disposition. À travers un dialogue franc et sincère, nous avons rassuré les commerçants qui seront aidés et accompagnés. Nous avons accompagné des commerçants ayant émis le vœu de récupérer leur marchandise.
Pour mettre un terme aux spéculations et rumeurs infondées, la commune de Sétif n’a pris aucune décision. On ne peut émettre le moindre avis tant que la police scientifique et les experts du CTC n’ont pas livré leurs conclusions. On ne connait toujours pas l’origine de l’incendie. Aucune opération de restauration ou de démolition n’est à l’ordre du jour. Le marché couvert n’est pas à vendre, ne sera jamais une promotion immobilière. L’assemblée populaire communale que je préside est à l’écoute, soutient les bonnes idées, ne fera rien sans le consentement de la société civile et l’expertise des initiés.
Nous comptons énormément sur le savoir des architectes de l’université en mesure de réaliser des prouesses et de redorer le blason non seulement du marché mais de tout le centre ville», souligne le premier magistrat de la cité. «Peut-on parler d’un nouveau projet alors que les experts de la CAAT viennent à peine de commencer leur travail ?», s’interroge le P/APC pour lequel le marché couvert et le centre-ville ont besoin d’une réelle prise en charge. Ne restant pas de marbre, des universitaires prennent l’initiative.
Des architectes du laboratoire habitat et environnement de l’Institut d’architecture et des sciences de la terre de l’université Ferhat Abbas Sétif I (UFAS), se mettent sans la moindre contrepartie financière au service de la collectivité. Constitués en cellule de réflexion, les initiateurs de l’extraordinaire action ont mis au parfum (par correspondance) le recteur de l’université devant jouer le rôle de courroie de transmission. Travaillant en réseau puisqu’ils ont déjà sollicité la collaboration d’experts algériens et français spécialisés dans l’architecture du patrimoine et des monuments, les architectes de l’UFAS voudraient participer activement au renouvellement de cet îlot du centre-ville.
Partie prenante dans l’initiative, Dr Assia Samaï liée au marché par une longue histoire d’amour, a bien voulu nous donner sa vision. «Le marché couvert me rappelle mon enfance. Je trouvais du plaisir à accompagner mon défunt papa El Hadj Ramdane Samai, un mandataire des fruits et légumes, installé au coin face au «défunt» cinéma Star qui n’existe plus. Désolée, je suis étreinte par l’émotion», révèle à El Watan l’enseignante les larmes aux yeux. «Le traitement du marché couvert ne peut se faire sans une vision globale de la ville.
On ne peut intervenir de façon ponctuelle. Le centre-ville de Sétif a besoin d’un projet à la charge d’une équipe multidisciplinaire (économistes, urbanistes, architectes, sociologies, historiens et autres).
L’implication de la population est indispensable», précise l’universitaire et auteure de «Sétif patrimoine architectural moderne». L’architecte Faicel Ouaret, ancien directeur général de l’office de gestion d’exploitation des biens culturels (OGEBC) apporte sa pierre à l’édifice. «Le marché couvert est une partie de l’histoire contemporaine de la cité. Construite en 1878, la première halle a fait l’objet d’une extension mise en service en 1949.
Dans ce cas précis, on ne peut séparer l’historique du mémoriel car l’espace compte beaucoup pour les Sétifiens. L’utilité du lieu en tant que marché est posée. Doit-on le déplacer ou le réhabiliter sachant que la partie basse n’a pas été touchée ?», s’interroge l’auteur d’Ocres, un amour d’Etienne Dinet.