-Quel constat faites-vous de l’évolution de la filière apicole à Bouira ?
On assiste à une régression du cheptel apicole. Il y a plusieurs facteurs derrière. Entre autres, les maladies causant des ravages dans les ruches, à l’instar du varroa, la nosémose, la loque américaine et australienne, etc. Ce sont tous des parasites et maladies qui déciment les abeilles et réduisent leur populations. Nous avons aussi l’intoxication des abeilles via une alimentation exposée aux produits phytosanitaires et pesticides utilisés sans contrôle et à grande échelle. En dernier lieu, nous avons la dégradation de l’écosystème, à l’instar de la diminution de la flore mellifère. C’est l’une des conséquences du changement climatique qui se caractérise par une accentuation des périodes de sécheresse.
-Quel sera l’impact sur la production et la qualité du miel ?
Tout simplement, la production chutera brutalement. En outre, en l’absence d’une flore mellifère, des apiculteurs font recours à l’alimentation artificielle des abeilles. Or, cette pratique est préconisée uniquement lors des moments critiques, généralement de novembre jusqu’à février. Au-delà c’est la qualité du miel qui est fortement impactée. Les abeilles qu’on gave avec du sucre de table et qui se nourrissent aussi de sucre dans différents autres endroits (confiseries, crémeries, etc.), ne produiront plus un miel de bonne qualité. Il est même déconseillé aux personnes atteintes de diabète.
-Que conseillez-vous aux apiculteurs ?
Pour faire face à ces conditions météorologiques défavorables, je conseille aux apiculteurs de pratiquer la transhumance, c’est-à-dire déplacer leurs ruches vers des espaces plus cléments. Et lors des fortes chaleurs, l’intérieur des ruches doit être aménagé différemment pour libérer de l’espace pour permettre une aération optimale, sinon les abeilles risquent tout simplement de mourir. Il est aussi conseillé aux apiculteurs de placer des abreuvoirs à proximité des ruches afin de raccourcir le parcourir des abeilles pour s’hydrater. Un dernier conseil aux agriculteurs en général, il faut utiliser les produits phytosanitaires 2 heures avant le coucher du soleil, et ce, pour protéger les abeilles et les autres insectes pollinisateurs.
-Un message aux responsables du secteur agricole ?
Tout d’abord il est important et nécessaire de procéder à une enquête approfondie sur les pratiques apicoles, les pathogènes et les traitements utilisés. Il faut aussi accompagner cette enquête par des analyses en laboratoires des agents microbiens et des analyses toxicologiques.
Propos recueillis par Omar Arbane