Un responsable de l'opposition en Guinée, Abdoul Sacko, a été arrêté hier matin par des hommes «masqués» à son domicile en banlieue de Conakry, selon des sources proches de sa famille et son avocat.
Abdoul Sacko est un des responsables des Forces vives de Guinée, une coalition des principaux partis, de syndicats et d'organisations non-gouvernementales qui réclame un retour des civils au pouvoir dans ce pays d'Afrique de l'Ouest dirigé par une junte. «Ils sont venus à bord de trois véhicules, ils n'étaient pas en treillis mais leurs visages étaient masqués», a déclaré un proche de l'opposant sous couvert de l'anonymat.
«Ils sont d'abord entrés dans une première maison voisine de celle de M. Sacko, ligoté certains occupants en leur demandant où il habite et leur montraient la photo d'Abdoul Sacko», a-t-il ajouté. «Après, ils se sont rendus là-bas. (...) Ils l'ont pris avec ses téléphones, ils sont partis sans toucher d'autres personnes», a indiqué un autre proche de l'opposant. «Il faut exclure toute hypothèse de banditisme», a déclaré l'avocat de l'opposant, Me Almamy Samory Traoré.
L'opposant a déjà été interpellé le 11 mars 2023 et relâché le même jour pour son implication dans l'organisation de manifestations interdites. La junte du général Mamadi Doumbouya, arrivée au pouvoir par un coup d'Etat en 2021, est régulièrement accusée de réprimer la liberté d'expression et de faire taire des figures de l'opposition. Deux opposants qui réclament un retour des civils au pouvoir, Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah, sont portés disparus depuis juillet 2024.
Un autre opposant, Aliou Bah, a été condamné en janvier à deux ans de prison ferme pour «offense et diffamation» à l'encontre du général Mamadi Doumbouya. Des manifestations réclamant le départ des militaires sont régulièrement interdites et plusieurs médias ont été fermés dans le pays.