Le secrétaire général de l’OTAN a appelé les Européens à accroître leur production d’armes pour augmenter les livraisons à l’Ukraine et prévenir une confrontation avec Moscou «qui pourrait durer des décennies», dans un entretien hier à la presse allemande, cité par l’AFP.
Moins d’une semaine avant la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN à Bruxelles, les 15 et 16 février, Jens Stoltenberg, a observé : «Nous devons reconstituer et développer plus rapidement notre base industrielle, afin d’augmenter les livraisons à l’Ukraine et reconstituer nos propres stocks.» «Cela signifie qu’il faut passer d’une production lente de temps de paix à une production rapide de période de conflit», a-t-il déclaré au journal dominical allemand Welt am Sonntag. «Il n’y a pas de menace militaire imminente contre un allié (de l’OTAN, ndlr).
Dans le même temps, le Kremlin profère régulièrement des menaces à l’encontre des pays de l’OTAN», a-t-il indiqué. Soutenant que l’intervention russe en Ukraine il y a presque deux ans a montré que «la paix en Europe n’était pas acquise», il a relevé l’importance de protéger les pays de l’Alliance. «Tant que nous investirons dans notre sécurité et que nous resterons unis, nous continuerons à dissuader toute agression», a-t-il dit. «L’OTAN ne cherche pas la guerre avec la Russie, mais nous devons nous préparer à une confrontation qui pourrait durer des décennies», a-t-il prévenu.
Par ailleurs, le chef d’état-major de l’armée allemande juge nécessaire que la Bundeswehr, en cours de remise à niveau depuis le lancement de la l’offensive russe en Ukraine, soit «apte à la guerre» dans cinq ans, dans un entretien paru hier. «Sur la base des différentes analyses et quand je vois la menace potentielle que représente la Russie, cela signifie pour nous cinq à huit années de préparation», a déclaré le général Carsten Breuer à l’édition dominicale du journal conservateur Die Welt. «Cela ne veut pas dire qu’il y aura alors une guerre. Mais elle est possible. Parce que je suis militaire, je dis : ‘‘Dans cinq ans, nous devons être aptes à la guerre’’», a-t-il dit.
Pour la première fois depuis la fin de la guerre froide, «nous nous trouvons confrontés à la possibilité d’une guerre imposée de l’extérieur», a-t-il encore averti. L’aptitude à la guerre signifie «beaucoup plus» que la capacité de défense, a poursuivi le haut gradé. Concernant l’Alliance atlantique, Carsten Breuer a reconnu que son pays ne pourrait mettre à disposition certaines capacités promises que plus tard que prévu, sans vouloir préciser leur nature pour des raisons de sécurité.
Dans le cadre de la nouvelle stratégie de dissuasion et de défense de l’Alliance, le pays veut maintenir à l’avenir 35 000 soldats en très haute disponibilité. Cela comprend une division de l’armée de terre entièrement équipée et prête à intervenir à partir de 2025, et une autre à partir de 2027. S’ajoutent jusqu’à 200 avions et navires ainsi que des capacités de soutien militaire, avait indiqué le ministre de la Défense, Boris Pistorius.