Guerre en Ukraine : Le président Zelensky aux Etats-Unis pour présenter son «plan»

24/09/2024 mis à jour: 00:38
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky en visite dans une usine d'armement à Scranton, en Pennsylvanie

Le président ukrainien, Volodymyr  Zelensky, effectue depuis dimanche  une visite aux Etats-Unis où il doit présenter à son homologue américain, Joe Biden, et au Congrès son «plan de la victoire» visant à mettre fin à l’intervention russe dans son pays.


A son arrivée, V. Zelensky s’est rendu dans une usine d’armement en Pennsylvanie (est) qui produit, notamment, des obus de 155 mm très utilisés par l’Ukraine face aux forces russes. «J’ai débuté ma visite aux Etats-Unis en exprimant ma gratitude envers tous les salariés de l’usine», a-t-il souligné sur le réseau social X, relayé par l’AFP. «C’est dans ce genre d’endroit que l’on voit vraiment que le monde démocratique peut l’emporter», a-t-il ajouté. 

Le chef d’Etat ukrainien doit notamment se rendre à New York et à Washington, où il sera reçu jeudi par J. Biden à la Maison-Blanche. Estimant que «cet automne sera décisif pour la suite» de la guerre, il a annoncé que son homologue américain serait «le premier à voir dans le détail» ses propositions pour mettre fin au conflit avec la Russie qui a débuté en février 2022. «Cette guerre ne peut se terminer que par une paix juste grâce à des efforts internationaux. 

Le plan de victoire de l’Ukraine sera sur la table de tous nos alliés», a-t-il indiqué. «L’objectif principal est de renforcer l’Ukraine et de protéger tout notre peuple», a encore déclaré V. Zelensky sur X. Au cours de sa visite, le dirigeant ukrainien entend également présenter son plan au Congrès ainsi qu’aux «deux candidats à la présidentielle», la vice-présidente démocrate Kamala Harris et l’ancien président républicain Donald Trump. Il a indiqué vouloir ensuite le présenter à «tous les dirigeants de nos pays partenaires».


Son voyage s’inscrit en pleine campagne présidentielle américaine et coïncide avec l’Assemblée générale des Nations unies, prévue cette semaine à New York.

Volodymyr  Zelensky devrait à nouveau tenter de convaincre Joe Biden d’autoriser Kiev à frapper des cibles en Russie avec des armes occidentales à longue portée, ce qui, selon lui, serait susceptible de changer le cours de la guerre. Jusqu’à présent, «ni l’Amérique ni le Royaume-Uni ne nous ont donné la permission d’utiliser ces armes sur le territoire de la Russie, sur n’importe quelle cible et à n’importe quelle distance», et Kiev ne l’a donc pas fait, a-t-il expliqué vendredi soir à des médias. Samedi, la Russie a fait savoir qu’elle ne participerait pas au deuxième sommet sur l’Ukraine voulu par Kiev en novembre, après une première édition en juin en Suisse.  «Le sommet aura les mêmes objectifs : promouvoir l’illusoire formule  Zelensky pour toute base de règlement du conflit, obtenir le soutien de la majorité du monde et s’en servir pour présenter à la Russie un ultimatum de capitulation», a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, dans un communiqué.

Alors que Kiev maintient son exigence d’une paix «juste» qui verrait les troupes russes quitter les frontières internationalement reconnues du pays, péninsule de Crimée comprise, Moscou n’entend étudier que des «propositions sérieuses» qui prendraient en compte «la situation sur le terrain reflétant les réalités géopolitiques».


Le président russe, Vladimir Poutine, a expliqué en juin que Moscou n’accepterait de pourparlers de paix qu’à condition que l’Ukraine renonce à sa souveraineté sur cinq de ses régions, occupées en partie ou totalement par la Russie et dont celle-ci revendique l’annexion.


Bataille à la CPA

Par ailleurs, l’Ukraine et la Russie se sont affrontées hier devant la plus ancienne cour d’arbitrage au monde sur un contentieux de longue date portant sur l’accès à la mer d’Azov entourant la péninsule de  Crimée,  annexée par Moscou. Kiev a accusé Moscou en septembre 2016 d’entraver délibérément l’accès à la mer d’Azov devant la Cour permanente d’arbitrage (CPA), basée à La Haye.  

L’avocat de la partie ukrainienne, Me Anton Korynevych, a accusé  la Russie de ne pas respecter le droit international. «La Russie n’est pas libre de réécrire les lois maritimes», a-t-il indiqué. Il a affirmé que le pont de Kertch, construit par Moscou pour relier la péninsule annexée de Crimée au continent russe, entrave la navigation internationale tout comme les contrôles russes excessifs. 

«La Russie considère désormais le détroit de Kertch, la mer d’Azov et peut-être même certaines parties de la mer Noire comme ses eaux territoriales», a-t-il déclaré devant le tribunal. «La Russie veut que ces eaux soient considérées comme faisant partie de son empire au XXIe siècle.»

De son côté, l’avocat de la Russie, Me Guennadi Kouzmine, a affirmé que l’affaire de Kiev est «complètement sans fondement et sans espoir». 

Après l’annexion de la Crimée en 2014, les mers faisant l’objet d’un contentieux sont considérées comme des eaux intérieures et ne relèvent donc pas du champ d’application des lois internationales sur la navigation, a affirmé Me Kouzmine. Il a déclaré que le pont de Kertch a été construit pour alléger ce qu’il a appelé un «blocage» ukrainien de la Crimée, niant qu’il entrave la navigation.  

Les revendications de l’Ukraine «ne relèvent pas de votre compétence et doivent être rejetées dans leur intégralité», a-t-il déclaré devant la CPA. L’Ukraine a demandé à la CPA d’ordonner à la Russie de «cesser ses actions illégales internationales dans les eaux concernées». La Russie a lancé une objection en 2019, affirmant que la cour d’arbitrage n’est pas compétente sur la souveraineté de la Crimée. En 2020, la CPA a donné raison à la Russie et a demandé à l’Ukraine de déposer un nouveau dossier.  Les audiences doivent durer jusqu’au 5 octobre. La CPA, juridiction créée en 1899, met souvent des mois, voire des années, à rendre une décision.


Protestation de Tokyo

De son côté, le Japon a adressé une «protestation très sérieuse» à Moscou après qu’un avion militaire russe a pénétré à trois reprises dans son espace aérien, la première incursion de ce type depuis 2019, a déclaré hier le ministre de la Défense. «Nous avons confirmé aujourd’hui qu’un avion de patrouille russe Il-38 a violé notre espace aérien au-dessus de nos eaux territoriales au nord de l’île Rebun», au large d’Hokkaido, «à trois reprises», a déclaré Minoru Kihara à la presse.


Tokyo a mobilisé en réponse des avions de chasse et lancé des avertissements par radio et par fusée éclairante, a-t-il précisé. «Cette violation de l’espace aérien est extrêmement regrettable et nous avons adressé aujourd’hui une protestation très sérieuse au gouvernement russe par la voie diplomatique et l’avons vivement encouragé à éviter que cela ne se reproduise», a souligné le ministre. 

Le Japon s’est aligné sur la position occidentale face à l’offensive russe contre l’Ukraine, en apportant à Kiev un soutien financier et matériel et en sanctionnant des personnes et des organisations russes. Il s’agit de la première incursion dans l’espace aérien par un avion russe depuis juin 2019, lorsqu’un bombardier Tu-95 a pénétré dans l’espace aérien japonais dans le sud d’Okinawa et autour des îles Izu, au sud de Tokyo, selon les autorités japonaises. Le principal porte-parole du gouvernement, Yoshimasa Hayashi, n’a pas voulu «donner des informations définitives sur l’intention et le but» de l’incursion russe hier, mais a précisé que «l’armée russe est active à proximité de notre  pays depuis l’invasion de l’Ukraine». Le Japon a également fait décoller des avions de chasse début septembre lorsque des appareils russes ont survolé l’archipel.


Les appareils, des Tu-142, n’ont alors pas pénétré dans l’espace aérien japonais mais ont survolé une zone faisant l’objet d’un différend territorial entre le Japon et la Russie, a précisé Tokyo. 
 

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