Des attaques imputées aux paramilitaires ont tué vendredi 57 civils, dont des enfants, dans un camp de déplacés et une ville au Darfour dans l’ouest du Soudan, a affirmé un groupe prodémocratie, à l’approche du 2e anniversaire de la guerre civile, selon l’AFP.
Le camp de déplacés de Zamzam et la ville proche d’El Facher, la dernière capitale du Darfour encore tenue par l’armée, ont été la cible des attaques des Forces de soutien rapide (FSR), a précisé dans un communiqué le comité local de résistance à El Facher.
Ce groupe prodémocratie coordonne l’aide au Soudan depuis le début de la guerre, le 15 avril 2023, entre l’armée du général Abdel Fattah Al Burhane, dirigeant de facto du pays depuis un coup d’Etat en 2021, et son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des FSR. L’attaque contre le camp de Zamzam, menée le matin, s’est accompagnée de bombardements et de tirs intenses, a précisé le groupe prodémocratie. Vingt-cinq civils, parmi lesquels des femmes et des enfants, y ont été tués, selon le comité local de résistance.
D’après des témoins, des véhicules de combat transportant des paramilitaires se sont infiltrés dans le camp sous le couvert de tirs nourris. Aucune autre indication n’a pu être obtenue, en raison d’une interruption des communications et de coupures d’internet.
Le même groupe prodémocratie a ensuite fait état d’une attaque des paramilitaires contre la ville assiégée d’El Facher, qui a coûté la vie à 32 civils, dont 10 enfants. Les FSR ont pilonné la ville avec «des obus d’artillerie de 120 mm et des tirs de snipers», accompagnés d’attaques de drones, selon la même source.
A Genève, le haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a dit redouter des conséquences catastrophiques pour la population au Soudan. «Deux ans d’un conflit brutal et absurde doivent servir d’avertissement aux parties pour qu’elles déposent les armes», a-t-il dit, en appelant la communauté internationale à «agir». «Le Soudan ne doit pas continuer sur cette voie destructrice.»
La veille, les paramilitaires ont bombardé le camp de déplacés d’Abou Chouk, proche d’El Facher, tuant 15 civils, selon des secouristes. Les paramilitaires ont intensifié leurs attaques afin de s’emparer de la totalité du Darfour depuis qu’ils ont perdu le contrôle de la capitale Khartoum en mars, après une offensive de l’armée.
Les camps densément peuplés de Zamzam, Abou Chouk et Al Salam, en périphérie d’El Facher, sont en proie à la famine, un fléau qui devrait s’étendre à cinq autres zones du Darfour-Nord, y compris la capitale, selon une évaluation soutenue par l’ONU.
Crimes de guerre
Au Soudan, troisième plus grand pays d’Afrique en superficie, l’armée tient de larges pans de territoire dans l’Est et le Nord, et les paramilitaires contrôlent la grande partie du Darfour et certaines parties du Sud. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions d’habitants et provoqué la pire crise humanitaire récente, selon l’ONU et l’Union africaine.
L’armée comme les paramilitaires sont accusés d’avoir perpétré des crimes de guerre. L’ONU estime qu’environ deux millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire extrême au Soudan et que 320 000 sont frappées par la famine.
Le Comité international de la Croix-Rouge a averti que les deux tiers des Soudanais vivant dans les zones de guerre étaient à présent privés de soins médicaux en raison de la mise hors service de la majorité des établissements de santé.
De son côté, Amnesty International a déploré les souffrances infligées aux civils, notamment le recours généralisé aux violences sexuelles par les FSR, rapportant des cas d’esclaves sexuelles.