L’Algérie vit l’un des épisodes de sécheresse les plus graves de sa jeune histoire. L’automne n’a tenu aucune de ses habituelles promesses d’orages et d’averses salvatrices et il ne pleut toujours pas, après un été long et caniculaire.
Et dire que ce mauvais scénario se répète pour la quatrième année consécutive, poussant nos ressources hydriques à leurs extrêmes limites, à leur point de rupture.
Ayant perdu toute trace d’humidité, nos pauvres forêts desséchées continuent de flamber à l’orée de l’hiver. Nos cours d’eau et nos barrages sont à sec depuis longtemps déjà. Dans les campagnes, les puits traditionnels et les sources pérennes s’assèchent les uns derrière les autres comme des bougies ayant consumé toute leur cire. Le niveau des nappes phréatiques qui alimentent aussi bien les populations que les industries ne cesse de baisser.
Des agglomérations sont aujourd’hui contraintes de rationner l’eau des ménages de manière drastique, tandis que des usines cherchent désespérément des sources d’alimentation annexes pour pouvoir continuer de tourner.
Si la situation est pratiquement la même pour tout le pourtour méditerranéen, elle devient préoccupante, voire inquiétante, pour les pays déjà semi-arides du Maghreb.
À chaque réveil, les Algériens sont de plus en plus nombreux à lever avec inquiétude les yeux au ciel, à la recherche d’un nuage ou d’un indice de changement de temps. À lever les bras vers ce ciel désespérément bleu dans une prière muette pour la pluie. Face à cette peur de l’inconnu, cette angoisse de l’avenir que personne ne cherche plus à dissimuler, on comprend que le stress hydrique ne touche pas seulement les arbres. Les hommes aussi sont victimes de ce mal insidieux qui noue les estomacs, étreint les cœurs et met le moral au plus bas.
Au milieu de cette désespérance collective, on continue pourtant de trouver des îlots d’indifférence et de nonchalance individuelle. Beaucoup trop de citoyens continuent de gaspiller l’eau à travers mille et un gestes et comportements de la vie quotidienne empreints d’incivisme. Encore une fois, les pouvoirs publics se doivent d’agir et de sensibiliser autour de l’absolue nécessité d’économiser l’eau. C’est une responsabilité nationale que de préserver nos ressources vitales en les utilisant à bon escient.
«Une grave crise de l’eau se profile», a récemment mis en garde le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale. En 2018, 3,6 milliards d’êtres humains n’ont pas eu un accès suffisant à l’eau pendant au moins un mois. D’ici 2050, elles seront 5 milliards dans ce cas.
L’eau est vitale et elle commence à manquer cruellement. L’Algérie doit mettre à contribution toute sa logistique médiatique pour sensibiliser contre le gaspillage et pour la préservation de cette ressource vitale qui se raréfie de plus en plus.
Les écoles, les mosquées, les universités, les radios, les entreprises, les journaux, les télévisions, les réseaux sociaux doivent lancer des campagnes de sensibilisation. Le Président, le Premier ministre, le Gouvernement, le Parlement, doivent donner l’exemple en premier et faire prendre conscience que l’eau est vitale et qu’il faut impérativement la préserver.