Guerre contre Ghaza : Les conditions «épouvantables» de 14 000 déplacés à Deir Al Balah

13/07/2024 mis à jour: 09:53
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Les Ghazaouis sont tués par les bombes et les frappes, mais aussi par la maladie et la malnutrition - Photo : D. R.

La semaine dernière, Israël a ordonné le déplacement forcé de 250 000 Palestiniens de l’est de Khan Younès, selon les estimations des Nations unies. «Les gens continuent de fuir et de s’enfuir à la recherche d’une sécurité qu’ils ne trouvent jamais. Ghaza est devenue un exode à répétition.»

Les humanitaires des Nations unies décrivent des «conditions épouvantables» dans lesquelles vivent des personnes déplacées dans une école à Deir Al Balah, au centre de la bande de Ghaza. L’établissement géré par l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) héberge 14 000 personnes.

Selon Louise Wateridge, porte-parole de l’UNRWA, le centre d’hébergement n’a pas eu de nourriture à distribuer depuis le 11 mars, et des enfants autrefois en bonne santé sont désormais «méconnaissables» en raison d’une malnutrition sévère et de maladies. «Les parents nous ont montré des photos de leurs enfants autrefois en bonne santé, méconnaissables à cause de leurs yeux enfoncés qui regardaient un matelas crasseux dans le couloir, la peau couverte d’escarres parce qu’ils n’avaient pas pu se laver», a détaillé Mme Wateridge.

A l’image de tous les sites accueillant des déplacés internes ghazaouis, les conditions de vie y sont «absolument épouvantables». «L’établissement ne dispose que de 25 toilettes, ce qui signifie que 560 personnes partagent la même toilette, sans produits d’hygiène et avec une pénurie d’eau due au manque de carburant pour pomper l’eau du puits», a déclaré la porte-parole de l’UNRWA au site internet de l’ONU.

Dans ces conditions, «les gens sont tués par les bombes et les frappes, mais aussi par la maladie et la malnutrition, conséquences du siège imposé par Israël». «Nos collègues nous ont dit que deux personnes étaient déjà mortes dans ce centre en raison du manque d’assainissement et de la propagation de l’hépatite A et de maladies cutanées», a affirmé Mme Wateridge.

Pour étayer cette situation catastrophique, rapporte la même source, l’UNRWA a fourni des images vidéos montrant l’extérieur de l’une des salles de classe dans lesquelles il y avait deux enfants «souffrant d’une maladie génétique». Selon les équipes de l’agence onusienne, ces «enfants effroyablement mal nourris» ont besoin d’un apport élevé en «protéines», dont ils ont été privés pendant toute la durée de la guerre.

Des enfants passent des jours sans boire ni manger

En écho à cette description préoccupante, le Coordonnateur humanitaire des Nations unies pour le territoire palestinien occupé a décrit mercredi «des conditions de vie horribles dans les sites de déplacés». Muhannad Hadi, qui était mardi dans l’enclave palestinienne dans ce qui était sa troisième visite, indique au site de l’ONU avoir également entendu les femmes lui dire combien les sites de déplacés sont bondés et comment une telle situation cause des tensions au sein des communautés.

Il a ainsi rappelé le sort de cette femme qui a expliqué aux équipes de l’ONU, «la difficulté de vivre avec plusieurs familles dans la même pièce». Une situation qui veut dire «qu’elles ne peuvent pendant plusieurs jours enlever leur hijab, se brosser les cheveux ou changer de vêtements sans être vues».

M. Hadi a indiqué que de nombreuses femmes avec lesquelles il s’est entretenu ont déclaré s’être coupé les cheveux, car «la promiscuité et la surpopulation extrême  dans les abris temporaires et les camps de tentes favorisent la propagation des poux. D’autres femmes ont exprimé leur désespoir de ne pouvoir nourrir leur famille, en particulier les proches handicapés et les malades qui ne peuvent se faire soigner. «Certaines femmes ont également dit que leurs enfants passent des jours sans boire ni manger».

D’une manière générale, «la surpopulation, le désespoir et l’effondrement de l’ordre public et de la sécurité conduisent à une augmentation de la violence sexuelle et fondée sur le genre», a détaillé à New York, Stéphane Dujarric, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, relevant que le niveau des combats et des dégâts vus ces derniers jours est véritablement choquant.

Outre la situation à Deir Al Balah, au centre de la bande de Ghaza, à Khan Younès, dans le sud de l’enclave palestinienne, ce n’est guère mieux. Pour les humanitaires, tous les bâtiments vus étaient endommagés d’une manière ou d’une autre. «Muhannad Hadi a aussi constaté que la ville de Khan Younis a été largement réduite en cendres. Chaque immeuble qu’il a vu est endommagé d’une manière ou d’une autre», a ajouté M. Dujarric.

La semaine dernière, les forces d’occupation israéliennes ont ordonné le déplacement forcé de 250 000 Palestiniens de l’est de Khan Younès, selon les estimations des Nations unies. «Les gens continuent de fuir et de s’enfuir à la recherche d’une sécurité qu’ils ne trouvent jamais.

Ghaza est devenue un exode à répétition. Alors que de nouveaux ordres d’évacuation frappent la ville de Ghaza, les familles sont confrontées à de nouveaux déplacements et n’ont nulle part où aller en toute sécurité», a souligné sur le réseau social X, Juliette Touma, une autre porte-parole de l’UNRWA.

Avec la poursuite des opérations militaires et des frappes aériennes dans toute la bande de Gaza, l’un des «défis» auxquels les gens sont confrontés est d’essayer de trouver un endroit sûr pour eux et leurs familles. «Les familles de Ghaza luttent pour satisfaire leurs besoins de base et pour trouver la sécurité», a dit pour sa part, Scott Anderson, Directeur des affaires de l’UNRWA à Ghaza.

Cisjordanie : Hausse des violences  par l’armée israélienne et les colons

En Cisjordanie occupée, 15 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes entre le 2 et le 9 juillet, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), alors que le nombre total de Palestiniens tués dans le territoire occupé depuis octobre s’élève désormais à 553.

Douze des 15 victimes ont été tuées au cours de deux opérations militaires israéliennes dans les villes de Jénine et de Tulkarem, en Cisjordanie, et dans les camps de réfugiés voisins, a indiqué l’OCHA. Une autre des victimes est un garçon palestinien de 13 ans qui a été tué par balle mardi dans la région de Ramallah.

Au cours de la même période, une attaque de colons israéliens a forcé le déplacement d’une famille palestinienne, tandis que 13 autres familles ont été touchées par la violence, selon l’OCHA. Depuis octobre dernier, plus de 1000 attaques de colons ont été signalées contre des Palestiniens, ainsi que le déplacement de 1390 personnes, dont 660 enfants, ajoute le rapport de l’ONU.

Entre le 7 octobre et le 8 juillet, les autorités israéliennes ont démoli, confisqué ou forcé à la démolition de plus de 1100 structures palestiniennes en Cisjordanie, dont 38% (427 structures) étaient des maisons habitées.

Dans le même temps, «plus de 46 000 arbres appartenant à des Palestiniens ont été détruits par des personnes connues ou supposées être des colons israéliens», a conclu l’OCHA, dans son dernier rapport humanitaire consacré à la situation en Cisjordanie occupée. A. Z.

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