L’armée israélienne multiplie les bombardements meurtriers sur le Liban, alors que les efforts diplomatiques s’intensifient pour parvenir à un cessez-le-feu. Une frappe israélienne a visé, hier, un immeuble abritant des déplacés au cœur de Beyrouth, faisant au moins trois morts, tandis que des raids massifs ciblaient la banlieue de la capitale, bastion du Hezbollah, selon l’Agence nationale d’information (Ani).
La frappe sur Beyrouth a visé le quartier densément peuplé de Noueiri et «détruit un immeuble de quatre étages abritant des déplacés» des zones bombardées par Israël, selon l’Ani. Le ministère de la santé libanais a fait état de trois morts et 26 blessés dans un second bilan. Dans le même temps, des frappes consécutives, les plus violentes depuis le début de la guerre entre le Hezbollah et Israël il y a plus de deux mois, visaient la banlieue sud, toujours selon l’Ani. «Une ceinture de feu enveloppe la banlieue», a indiqué l’agence.
Un épais nuage de fumée recouvre les quartiers de la banlieue sud, selon les images de l’AFP TV, et les explosions résonnent dans la capitale.
L’armée israélienne avait appelé peu auparavant à l’évacuation d’une vingtaine de zones dans la banlieue sud, abritant, selon elle, des infrastructures du Hezbollah. Au moins 31 personnes ont été tuées dans les «frappes de l’ennemi israélien», avant-hier, sur plusieurs régions du Liban, principalement des fiefs du Hezbollah, selon le ministère de la santé libanais. Dans un communiqué, le ministère a précisé que la plupart des morts ont été recensés dans le sud du pays. Selon le quotidien libanais L’Orient-Le Jour, 23 personnes ont été tuées dans les environs de la ville de Sour (Tyr), une personne dans la banlieue sud de Beyrouth, une à Saïda, deux à Bint Jbeil et quatre à Baalbek.
Les attaques israéliennes surviennent alors que les Etats-Unis, l’Union européenne et l’ONU tentent d’obtenir depuis quelques jours une trêve entre Israël et le mouvement libanais. Israël n’a «pas d’excuse» pour refuser un cessez-le-feu, a affirmé le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, en marge d’une réunion du G7 près de Rome. «Espérons qu’aujourd’hui le gouvernement de (Benyamin) Netanyahu approuvera l’accord de cessez-le-feu», a-t-il ajouté. «Mettons la pression sur Israël pour approuver la proposition de cessez-le-feu dès aujourd’hui», a affirmé M. Borrell, s’inquiétant d’avoir «entendu des déclarations de ministres extrémistes du gouvernement israélien désireux de poursuivre les bombardements».
Les Etats-Unis ont affirmé qu’un accord était «proche». «Nous pensons être arrivés au point où nous sommes proches» d’un accord, a déclaré John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, tout en soulignant que rien n’était encore acquis et appelant à la prudence. L’ONU a réitéré son appel à un «cessez-le-feu permanent» au Liban, en Israël et à Ghaza. «Le seul moyen de mettre fin aux souffrances des peuples de tous les côtés est un cessez-le-feu permanent et immédiat sur tous les fronts, au Liban, en Israël et à Ghaza», a affirmé à la presse à Genève Jeremy Laurence, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Dans un communiqué final publié à l’issue de leur réunion près de Rome, les chefs de la diplomatie du G7 ont exprimé leur soutien «aux négociations en cours en vue d’un cessez-le-feu immédiat entre Israël et le Hezbollah», estimant qu’«il (était) temps de parvenir à une solution diplomatique» au Liban.
Le cabinet de sécurité a prévu de se réunir, hier après-midi, pour discuter d’un accord de cessez-le-feu, a annoncé la vice-ministre des Affaires étrangères, Sharren Haskel, en refusant d’entrer dans les détails du texte. Impliquée elle aussi dans les efforts de médiation, la présidence française a affirmé, avant-hier, que les discussions avaient «avancé significativement». Mais le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a prévenu que son pays agirait «avec force» en cas de violation d'un accord.
Selon le site d'information américain Axios, l’accord est basé sur un projet us prévoyant une trêve de 60 jours durant laquelle le Hezbollah et l’armée israélienne se retireraient du sud du Liban pour laisser l’armée libanaise s’y déployer. Il inclut la mise en place d’un comité international pour en surveiller l’application, a ajouté Axios, précisant que les Etats-Unis auraient donné des assurances sur leur soutien à une action militaire israélienne en cas d’actes hostiles du Hezbollah. La médiation prend pour base la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a mis fin à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, et qui stipule que seuls l’armée libanaise et les Casques bleus peuvent être déployés à la frontière sud du Liban.
Ghaza, toujours plus de morts
A Ghaza, l’armée israélienne poursuit également ses frappes sur la bande assiégée, où au moins 22 personnes ont été tuées hier, selon la Défense civile, dont 11 dans le bombardement d’une école abritant des déplacés dans le nord. Le ministre de la Santé a annoncé un nouveau bilan de 44 249 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d’un an. Au moins 14 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104 746 personnes avaient été blessées dans la bande de Ghaza.
En ce début d’hiver, des milliers de déplacés tentent avec des moyens dérisoires de se protéger de la pluie.
«On essaie autant qu’on peut d’empêcher l’eau de pluie de s’infiltrer dans les tentes afin que les enfants ne soient pas trempés», raconte Ayman Siam, un père de famille réfugié dans le camp de Yarmouk à Ghaza-ville, dans le nord. L’hiver va être «horrible», a prévenu Louise Wateridge, une responsable des situations d’urgence à l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Les habitants de Ghaza «n’ont pas les choses les plus basiques depuis 13 mois : ni nourriture, ni eau, ni abri. Avec la pluie et le froid en plus de tout ça...» a-t-elle expliqué. «Il y a environ 65 000 personnes dans les zones assiégées du nord de la bande de Ghaza, théâtre d’une offensive d’ampleur, lancée le 6 octobre par l’armée israélienne sur la ville de Jabaliya et ses environs», a témoigné la porte-parole de l’UNRWA de la ville de Ghaza, où de nombreux habitants du Nord ont fui depuis les bombardements. L’agence onusienne estime qu’entre 100 000 et 130 000 personnes ont fui le nord de la bande de Ghaza depuis le début des bombardements israéliens.