Le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a exhorté le Maroc à libérer immédiatement les prisonniers politiques sahraouis du groupe Gdeim Izik et à leur accorder une indemnisation conformément au droit internationale.
«Après plus d’une décennie depuis la condamnation de vingt quatre activistes sahraouis à de lourdes peines par un tribunal marocain, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire vient de conclure que leur détention était illégale», s’est félicité dans un communiqué commun le Groupe de soutien de Genève pour la protection et la promotion des droits de l’homme au Sahara occidental et la Ligue pour la protection des prisonniers politiques sahraouis détenus dans les prisons marocaines (LPPS).
Dans sa demande de libération des prisonniers, le Groupe de travail des Nations unies a mis en lumière des violations flagrantes, notamment le refus d’accès à des avocats, des aveux obtenus sous la torture et le manque d’impartialité et d’indépendance de la cour. Le Groupe de travail, qui a adopté plusieurs avis lors sa 86e session, a conclu que ces individus ont été arbitrairement privés de leur liberté depuis leur arrestation en 2010 et a enjoint au Maroc de garantir des dédommagements, incitant le Royaume à enquêter sur la privation arbitraire de liberté et à prendre des mesures contre les responsables.
L’ancien président-rapporteur du Groupe de travail des Nations unies et conseiller juridique des prisonniers, le professeur Mads Andenas, a salué cette décision et a déclaré qu’elle était «une confirmation cruciale d’observations antérieurement émises par divers observateurs tels que Amnesty International et Human Rights Watch, ainsi que des détenteurs de mandats des Nations unies et du Comité contre la torture des Nations unies».
«De plus, connaissant la tendance vicieuse et réticente du Maroc à s’engager et son refus obstiné de reconnaître des violations graves, de soumission de victimes et de leurs familles à des représailles, nous demandons à tous les Etats au monde d’exercer de la pression sur le Maroc pour exécuter cette décision et libérer les prisonniers», a-t-il ajouté.
Outre la qualification de la détention de ces activistes d’arbitraire, le Groupe de travail des Nations unies a exprimé une profonde préoccupation quant au nombre présumé de cas de détention arbitraire au Sahara occidental occupé. «Ces inquiétudes font écho aux préoccupations déjà exprimées par le Comité contre la torture des Nations unies et par plusieurs titulaires de mandats des Procédures spéciales sur le cas des prisonniers de Gdeim Izik», rappellent les deux ONG dans leur communiqué commun.
«Le Comité contre la torture des Nations unies a déjà émis cinq décisions dénonçant la torture et l’utilisation d’aveux obtenus sous la torture comme fondement pour le maintien en détention des prisonniers de Gdeim Izik, en relation avec Mohammed Bani, Abdeljalil Laaroussi, Naama Asfari, Mohammed Bourial et Sidi Abdallahi Abbahah», souligne la même source.
Par ailleurs, le Groupe de travail de l’ONU renvoie l’affaire à la Rapporteuse spéciale sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ainsi qu’à la Rapporteuse spéciale sur le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible pour qu’elles prennent les mesures qui s’imposent. Depuis 13 ans, les familles des prisonniers ont été en première ligne de la lutte pour la libération de leurs proches, résidant principalement dans le Sahara occidental occupé, loin de leurs fils détenus dans des prisons marocaines.
«Nous saluons la décision du Groupe de travail des Nations unies, confirmant la détention illégale de nos fils. Nous demandons que le Maroc les libère immédiatement», ont insisté leurs familles. «Les familles des prisonniers tiendront une conférence de presse virtuelle le 8 décembre, pour exiger la libération immédiate de leurs proches et à la mise en œuvre de la décision du Groupe de travail par le Maroc», précise le communiqué.
Cette conférence, organisée avec la Ligue pour la protection des prisonniers politiques sahraouis détenus dans les prisons marocaines (LPPS) et le Groupe de soutien de Genève pour la protection et la promotion des droits de l’homme au Sahara occidental, «est soutenue par plusieurs organisations internationales».
Pour rappel, les activistes de Gdeim Izik sont un groupe de journalistes et de défenseurs des droits de l’homme sahraouis qui se trouve en détention au Maroc depuis 2010 suite à une protestation pacifique massive organisée dans la localité de Gdeim Izik. Depuis, et à ce jour, ces prisonniers politiques endurent un traitement inhumain assimilable à la torture.