Le parti travailliste britannique a ouvert hier son congrès à Liverpool, rampe de lancement pour mener son chef Keir Starmer à Downing Street dans un an, après 13 années de pouvoir conservateur. Avec une avance entre 15 et 20 points sur les conservateurs dans les intentions de vote pour les élections législatives attendues d’ici janvier 2025, le Labour arrive rempli de confiance dans la ville ouvrière du nord de l’Angleterre.
Mais hier, dans une interview au site The Observer, Keir Starmer, bien parti pour devenir le prochain Premier ministre britannique, a appelé le Labour à ne pas se laisser «griser» par la perspective du pouvoir. «La croissance économique est très, très faible depuis 13 ans et tout ce que vous entendrez de la part des travaillistes cette semaine portera sur l’économie, sur l’augmentation du niveau de vie dans tout le pays», a dit le chef du Labour sur la BBC dimanche.
Dans une interview au Sunday Mirror, il a annoncé un plan de 1,5 milliard de livres pour le service public de santé, le NHS, plongé dans une crise inédite après une cure d’austérité. Les Britanniques ont de plus en plus de mal à accéder aux soins. Keir Starmer veut s’attaquer aux listes d’attente record en payant des heures supplémentaires aux médecins et aux infirmières.
Le Labour aborde ce congrès galvanisé par une victoire jeudi lors d’une élection partielle dans une circonscription écossaise au détriment du parti indépendantiste écossais (SNP), un résultat de bon augure : sa performance en Ecosse, où il avait cédé beaucoup de terrain en 2015 et 2019, sera l’une des clés des prochaines législatives.
C’est le quatrième siège que le Labour gagne au Parlement lors d’une élection partielle depuis 2019. «C’est la première étape sur un chemin très important pour nous tous en Ecosse, pour nous tous à travers tout le Royaume-Uni», a salué Keir Starmer. Il a raillé le «cirque» montré par le parti conservateur lors de son congrès tenu cette semaine à Manchester, ironisant sur l’ambition de changement affirmée par le Premier ministre Rishi Sunak. «Nous sommes le parti du changement», a insisté cet ancien avocat de 61 ans.
Au moment où le pays traverse une sévère crise du coût de la vie, le Labour compte ainsi capitaliser sur l’usure manifeste des Tories, qui apparaissent divisés et penchent de plus en plus à droite dans ce qui semble une tentative de se démarquer. Selon de nouvelles projections publiées samedi par The Observer, le Labour est en passe de remporter une victoire écrasante de l’ampleur de celle de 1997, quand Tony Blair était arrivé au pouvoir. Les conservateurs perdraient tous les sièges traditionnellement travaillistes qu’ils avaient réussi à gagner lors des dernières élections.
Hier, c’est la numéro 2 du parti, Angela Rayner, figure montante du Labour et élue du nord populaire qui a ouvert le congrès, avant un discours ce lundi de Rachel Reeves, future ministre des Finances dans un éventuel gouvernement travailliste. Keir Starmer, élu au Parlement depuis 2015 et chef du parti depuis 2020, sera lui mardi à la mi-journée à la tribune. Selon l’AFP qui a rapporté l’information, il devrait de nouveau décliner les cinq «missions pour le Royaume-Uni», à savoir développer les énergies vertes, doper la croissance économique, assurer un avenir au système de santé public, le NHS, en pleine crise, offrir des opportunités à chacun et améliorer la sécurité. Keir Starmer, dont la personnalité suscite peu d’enthousiasme chez les Britanniques, a aussi récemment plaidé pour une relation «plus proche» avec l’Union européenne, s’attirant les foudres des partisans les plus acharnés du Brexit.
Pour l’instant, peu de mesures concrètes ont été annoncées, et plusieurs promesses contenues dans le programme de Keir Starmer en 2020 ont été abandonnées (comme la suppression des frais d’inscription universitaires ou la hausse de l’impôt sur le revenu), offrant une ligne d’attaque aux conservateurs qui accusent le Labour d’inconstance et d’incapacité à prendre des décisions.
Pour les experts interrogés par l’AFP, il ne prendra sans doute pas beaucoup de risque lors de ce congrès pour ne pas entamer l’avance du Labour dans les sondages, même si 53% des électeurs le trouvent encore flou sur ses positions.