Trois semaines après le dernier mouvement dans le corps des walis, il est déjà possible de percevoir les signes d’une évolution dans la gestion des collectivités locales, dans le sens d’une gouvernance rénovée et en rupture avec l’ancien mode de fonctionnement ayant largement montré ses limites.
De rares chefs des exécutifs de wilaya, nouvellement réaffectés, sont incidemment retombés dans les pratiques du passé consistant à créer de l’éclat là où il faut prendre de simples mesures pour débloquer des situations restées en suspens et pénalisant de nombreux habitants.
Pour rétablir la confiance des citoyens en l’administration, l’expérience montre qu’il suffit de remettre en activité des services publics anormalement mis en veilleuse, des organismes et des entreprises qui avaient fini par s’installer dans l’inertie et l’absence d’initiatives, que d’aucuns désignaient sous le terme générique de bureaucratie. L’opinion publique a positivement réagi à la démarche pragmatique imprimée à l’action des exécutifs de wilaya, qui ont mis en place de nouvelles passerelles de communication et d’interaction avec les administrés.
L’étanchéité déraisonnablement maintenue entre les attentes des citoyens et l’action des services de l’Etat est en train d’être levée, permettant ainsi une résolution sans délai des doléances adressées aux différentes administrations, sans rencontrer un écho ou un engagement suivi d’effet. Il serait injuste de ne retenir que la propension à la protestation au sein de la société en omettant son degré de patience quand on prend connaissance de l’historique des requêtes pourtant en lien avec des commodités de base, officiellement considérées comme prises en charge, à l’image du raccordement aux réseaux du gaz, de l’eau, ainsi que l’aménagement et la réalisation des équipements collectifs dans les cités d’habitation.
Le mode d’action suivi par les walis pour insuffler une dynamique nouvelle dans la gestion des affaires locales s’inspire de la démarche adoptée ces dernières années au niveau du ministère de tutelle. Le département de l’Intérieur a déployé un mécanisme interactif d’enregistrement et de traitement des requêtes citoyennes par le biais des espaces numériques ouverts au public. La réponse de l’administration centrale se limite en grande partie à rappeler les projets engagés et les mesures déjà prises pour solutionner les problématiques posées.
Le rôle crucial et déterminant incombe aux autorités locales qui ont la latitude d’identifier les sources de blocage et les segments de l’administration appelés à intervenir pour rendre palpables les programmes de développement affectés par les instances gouvernementales. La modernisation de l’acte de gestion présente des implications sur le terrain qui sont pareillement saluées par l’opinion publique, notamment en constatant un resserrement des équipes lors des visites de travail et d’inspection. Jadis versées dans le registre folklorique, alourdies par le protocole, elles deviennent agissantes et focalisées sur les tâches à accomplir en convoquant les principaux protagonistes.
Ce redéploiement de l’action publique a pour effet de rouvrir le dossier des zones d’ombre, au vu du nombre de demandes d’intervention des autorités locales, exprimées parfois au nom de villages ou de communes entières au sujet de secteurs névralgiques, comme la couverture sanitaire ou la réhabilitation des voies de communication, essentiellement les routes. Les assemblées élues entrent dans ce dispositif visant à améliorer les conditions de vie de la population. Pour accomplir cette mission ambitieuse et déterminante, il faudra remettre résolument la question du développement au cœur des priorités, en associant les organisations sociales et les compétences locales.