Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef à Alger : «Nous avons besoin d’un cadre législatif et fiscal stable»

24/05/2022 mis à jour: 03:16
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Photo : D. R.

Le patron des patrons français, qui a salué l’adoption d’une nouvelle loi sur l’investissement, assure que les entreprises françaises continuent à accélérer les échanges, quel que soit le climat politique entre les deux pays.

Nous avons besoin de stabilité fiscale et juridique pour investir», a plaidé hier à Alger, Geoffroy Roux de Bézieux, président du Mouvement des entreprises de France (Medef). En mission de deux jours en Algérie à la tête d’une délégation d’hommes d’affaires et chefs d’entreprises françaises, le président du Medef a animé hier une conférence de presse en marge d’un forum d’affaires avec les membres de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), durant laquelle il a particulièrement insisté sur l’importance d’un cadre juridique stable afin d’encourager l’investissement étranger.

«Les entreprises françaises souhaitent et sont prêtes à co-localiser… Le seul bémol, c’est que nous avons besoin de nous inscrire dans la durée et cette durée a besoin d’un cadre législatif clair. Nous avons besoin d’avoir la certitude que quand une loi dit une chose, la loi suivante de l’année d’après ne la changera pas… Je dis cela à la fois pour l’Algérie et la France ou n’importe quel autre pays. Nous avons besoin de stabilité législative et fiscale», a insisté le chef des patrons français en assurant que s’il y a investissement, il doit s’inscrire sur une période allant de 5 à 10 ans ou plus et pour cela l’évolution du cadre législatif est un critère important de promotion de l’investissement.

«Un gouvernement qui donne des signes d’ouverture à l’extérieur va attirer des investisseurs dans la durée et dans la colo-localisation et la co-production», assure le conférencier en évoquant l’adoption par le Conseil des ministres de la nouvelle loi sur l’investissement. «Sans l’avoir lu dans le détail, nous en avons un peu discuté avec nos partenaires de la CAPC. C’est vraiment un très bon signal.

Ce dont nous avons besoin, c’est de savoir le niveau de fiscalité, quels sont les secteurs stratégiques, où est-ce qu’on peut être majoritaires ou en partenariat majoritaire ? Il faut simplement que les règles soient connues d’avance», dit-il. Et d’ajouter cette phrase qui résume parfaitement les craintes de tout investisseur : «Il ne faut pas que les règles changent en fonction de l’arbitre».

Roux De Bézieux affirme que les patrons français sont très demandeurs de cette loi. Evoquant le niveau des rapports économiques entre les deux pays, le même responsable estime qu’ils sont insuffisants eu égard à la taille des deux marchés, de la langue commune des affaires et de la proximité géographique. «On sait que c’est compliqué, on sait aussi qu’il y a parfois des incompréhensions, mais notre rôle à nous patronat ou société civile, c’est de continuer à accélérer les échanges quel que soit le climat politique.

C’est ce que nous essayons de faire entre nos deux organisations», affirme encore Geoffroy Roux de Bézieux en soulignant le stock d’investissements français en Algérie ainsi que le nombre croissant des entrepreneurs privés algériens qui se sont implantés en France. «Ceci démontre que quel que soit le climat politique entre nos deux pays, le business, la communauté d’affaires, les entrepreneurs continuent à œuvrer pour augmenter les flux et échanges», insiste le patron des patrons français.

Interrogé par ailleurs sur les parts de marché en Algérie de plus en plus à la faveur d’autres pays autres que la France, à l’instar de l’Italie dernièrement ou la Turquie, le conférencier a tenu à noter qu’il ne s’agit pas d’un gâteau à partager. «Je ne vois pas le marché comme un gâteau qu’on doit se partager. Plus il y a de concurrents, plus il y a d’investissements et mieux le pays se porte…Ce n’est pas parce que l’Italie en ce moment a des projets que la Franc ne peut pas en avoir.

Il y a une démographie qui est favorable à l’investissement dans différents secteurs», dit-il en indiquant qu’il ne faut pas avoir un raisonnement d’absolues parts de marché, mais plutôt de montants de l’investissement. «L’époque où on prenait un pays uniquement comme un marché pour rapatrier de l’argent est révolue», insiste le président du Medef.

De son côté, le président de la CAPC, Samy Agli, a souligné le travail de promotion qu’effectue son organisation afin de promouvoir le nouveau cadre législatif qui est favorable à plus d’investissements et à une nouvelle dynamique économique basée sur le partenariat gagnant-gagnant. Notons que la délégation du Medef est composée de patrons et représentants des compagnies suivantes : Airbus-Hélicoptère, Alstom, EGIS, Avril, Natixis, Renault, Société Générale, Total Energie, Stellantis, et un cabinet d’architecture.


 

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