Présenté en tamazight, au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA) dans le cadre du «Mois du patrimoine», organisé en célébration du Soixantenaire de l’indépendance de l’Algérie, le spectacle a suscité l’adhésion du public relativement nombreux et de la ministre de la Culture et des Arts, qui a salué «un travail accompli et hautement professionnel».
La pièce de théâtre a été mise en scène par la grande Nabila Ibrahim Zaïdi, enlacée à l’issue de la représentation par la ministre de la Culture et des Arts et chaleureusement applaudie par le public, qui a agréablement constaté sur l’affiche du spectacle, sa décision de s’établir désormais dans son double nom pour continuer de partager sa passion pour le 4e art avec son défunt mari, ancien comédien au TNA, Yacine Zaïdi (1974-2021), dont la mère était également présente.
La metteure en scène a travaillé sur un texte d’Ali Boudarine et un traitement dramaturgique de Noureddine Aït Slimane, pour rendre un spectacle révolutionnaire, hautement esthétique qui raconte, 90mn durant, l’héroïsme d’une femme brave, qui a décidé d’en découdre avec l’abjection et l’ignominie coloniale.
De l’Ecole coranique dirigée par son père, où elle reçut, quelques années après la conquête d’Alger par la France coloniale, ses premiers enseignements sur les valeurs humaines, la justice, le respect de la religion et la tradition ancestrale, Fatma N’Soumer, appréhende la politique expansionniste de l’armée coloniale sur les terres de ses ancêtres.
S’absorbant dans l’univers de la contemplation et la méditation, des voix en off, suggérant la présence d’esprits protecteurs, dont celle de son père, lui rappellent que «Tout être juste qui défend son honneur et celui de sa Patrie trouvera l’aide de Dieu à ses côtés», une parole, saine, vraie et tellement juste qu’elle décide alors, de passer à l’action contre les intentions malveillantes et conspirationnistes de l’armée coloniale française.
Unanimement proclamée avec son frère Si Tahar, à la tête de la résistance populaire, Lalla Fatma N’Soumer, agissant en grande stratège, ordonne et conduit avec succès, plusieurs batailles et opérations, exploitant la présence dans ses rangs, de Si Chérif Boubeghla, Mohammed Lamjad Ben Abdelmalek de son vrai nom (1854), résistant Martyr, dont le crâne, exposé depuis, dans le musée d’histoires naturelles à Paris a été rapatrié en juillet 2020 par les autorités algériennes avec 23 autres crânes de valeureux résistants Martyrs du devoir.Suscitant l’étonnement et semant le doute parmi les officiers coloniaux, dont le tristement célèbre, Maréchal Randon, Lalla Fatma N’Soumer fut arrêtée en 1857 et emprisonnée jusqu’en 1863, année où elle mourut.
Dans un rythme aux échanges soutenus, le spectacle a été brillamment servi par une quinzaine de comédiens, à l’instar de, Melissa Sakhi (Lalla Fatma N’Soumer), Fetta Waâliti (la servante), Hamza Bouguir (Si Tahar), Mohamed Zouaoui (Si Chérif Boubaghla), Toufik Si Ammour (Maréchal Randon), Malek Fellag (Si Ahmed Oumeziane), Hocine Ait Guenni Said (Si Tayeb) et Noueddine Ali Hamdane (Slimane N’Soumer). Empreinte de créativité, la chorégraphie de l’ingénieux Slimane Habes a suggéré la violence des affrontements dans des scènes de combats, rendues dans la grâce du mouvement et une esthétique soumise aux variations modales et aux cadences de la bande son, signée Djamel Kaloun, un autre volet des plus concluants du spectacle qui a illustré des émotions fortes dans des atmosphères d’épopée.
La scénographie, œuvre du poète des espaces, récemment promu au poste de directeur du Théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou, Abderrahmane Zaaboubi, a consisté en un décor fonctionnel, soumis à un éclairage judicieux, offrant au regard la solennité d’une œuvre triptyque à méditer aux contenus, historique, patrimonial et culturel de l’Algérie.
Très applaudi par le public, le spectacle Lalla Fatma N’Soumer a été produit par le Théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou.