Présenté au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (Tna) dans le cadre du «Mois du Théâtre», organisé du 5 juin au 8 juillet, en célébration du Soixantenaire de l’indépendance, le spectacle a été mis en scène par Samir Oudjit sur une adaptation de Mohamed Bouchareb du roman Nihayatou El Ams (SNED 1974 / la fin d’hier), du grand écrivain Abdelhamid Benhadouga (1925-1996).
D’une durée de 85 mn, le spectacle raconte le parcours de vie tumultueux de Bachir, rendu par Issam Khennouche, depuis l’occupation française, alors jeune étudiant, jusqu’à la période post-indépendance où il s’est vu confier la direction d’une école dans un douar lointain.
Contraint de s’éloigner de ses parents chez qui il vivait pour poursuivre ses études, Bachir était marié à Rokia, campée par Hiba Oudjit, à qui il rendait visite chaque fois que son emploi du temps le lui permettait. Le mode de vie précaire et miséreux, imposé par le joug colonial, heurtait la sensibilité de Bachir chaque fois qu’il revenait à la maison, ce qui allait forger en lui l’idée, devenue nécessaire, d’une réaction qu’il discutera avec ses amis étudiants dès son retour parmi eux.
De privation en exactions, le déroulé du spectacle rappelle la barbarie et l’abjection des pratiques coloniales et des crimes perpétrés contre la population civile, par l’armée française sur laquelle l’ «histoire finira par jeter l’opprobre», répétait ainsi Bachir dans sa posture intemporelle de narrateur replongé dans le souvenir.
L’indépendance s’ouvrant sur la reconstruction du pays, Bachir, à qui on avait tristement annoncé l’anéantissement de tout son village, avait fait le deuil des siens et choisi d’aller s’occuper d’une école dans un village lointain. D’autres conflits marqueront cette nouvelle période du parcours de Bachir, à qui on avait introduit une femme venue le voir pour inscrire son enfant à l’école, pour se rendre compte avec stupéfaction qu’il s’agissait de sa femme Rokia et de sa fille.
Spectacle traitant essentiellement de l’amour que vouait Bachir à son pays El madi yaôud a été servi par une douzaine de comédiens, dont Chaker Bahloul, Amel Wahiba Lamri, Toufik Baouche, Hadjla Khelladi et Okba Ferhat, qui ont su porter la densité du texte, occupant tous les espaces de la scène dans des échanges ascendants et soutenus.
Dans une scénographie fonctionnelle, œuvre de Adelmounaim Berkane, le fond de la scène était couvert de draps blancs servant d’écran à l’illustration de scènes de répression avec des ombres chinoises. Des cubes également enveloppés dans des tissus blancs étaient perpétuellement déplacés par les comédiens pour les aligner, les superposer, les mettre en symétrie ou les disposer en escalier, «un jeu symbolisant l’idée de la reconstruction», a expliqué le metteur en scène.
La bande son, signée Rafik Belaïdi, était faite de musiques qui a illustré les différents tableaux proposés par la trame avec, cependant, une pièce qui a servi de leitmotiv durant tout le spectacle, dans laquelle «la guesba chaouie et son esprit autochtone» a bien résisté aux notes de piano en accord qui lui «disputaient l’espace de la partition», de l’avis d’un spectateur. Sous les applaudissements nourris du public, le metteur en scène n’a pas manqué, à l’issue du spectacle, de saluer vivement l’«immense travail» de son assistant Mourad Oudjit, qui s’est également occupé du coaching des comédiens, pour réussir à extraire de chacun d’eux la quintessence de son art.
Auparavant, un hommage a été rendu au grand écrivain et romancier Abdelhamid Benhadouga par le Théâtre régional Salah Lembarkia de Batna, producteur du spectacle, El madi Yaôud, en présence du directeur du TNA, Mohamed Yahiaoui. Des pièces de théâtre, produites dans le cadre du programme «Le mois du théâtre» dédié à la célébration du Soixantenaire de l’indépendance sont présentées au public à Alger et dans plusieurs wilayas du pays.»
Le mois du Théâtre» se poursuit au Tna, avec au programme du jeudi 22 juin, le spectacle Ridjaloun sadaqou du Théâtre régional d’El Eulma.