Gabon : Les militaires au pouvoir nomment un Parlement de transition

08/10/2023 mis à jour: 06:14
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Proclamé président du Gabon, après avoir renversé Ali Bongo, fin août, le général Brice Oligui Nguema a nommé, hier, les membres d’une Assemblée nationale et d’un Sénat pour une «transition» dont la durée demeure inconnue, avant des élections promises par les militaires, rapporte l’AFP.
 

La quasi-totalité des chefs de l’armée et de la police ont mis fin, le 30 août dernier, sans effusion de sang et acclamés par une très grande majorité de la population, de la classe politique et de la société civile, à plus de 55 ans de règne d’un pouvoir concentré dans les mains de la famille Bongo et promis de «rendre le pouvoir aux civils» par des «élections libres», après une transition dont la durée devra être décidée lors d’un grand dialogue national de «toutes les forces vives de la nation», «espéré» par le nouveau pouvoir entre «avril et juin» 2024.

 «Le président de la Transition, (...) chef de l’Etat décrète que les personnes dont les noms suivent en annexe sont nommés membres de l’Assemblée nationale de la Transition», a déclaré à la télévision d’Etat, samedi, un porte-parole du pouvoir militaire. Suivait une liste de 98 personnalités membres de partis politiques et de la société civile, issus de l’ex-opposition au régime Bongo mais aussi de sa majorité d’alors. Un décret similaire du général Oligui a été lu à la télévision pour la nomination de 70 sénateurs dont des membres des organisations patronales, syndicales, de la société civile, des différentes confessions religieuses et des chefferies traditionnelles.
 

Les militaires ont déjà nommé un gouvernement civil de transition, confié au Premier ministre Raymond Ndong Sima, un ténor de l’ex-opposition à Ali Bongo, et composé de personnalités des deux ex-camps. 
Ainsi que des présidents des deux chambres, l’une issue de l’ex-opposition, l’autre de l’ex-majorité pro-Bongo. 

Ce gouvernement doit travailler avec un Conseil national de transition composé, lui, de militaires s’occupant des mêmes domaines que les ministres et chargé d’«assister» le chef de l’Etat «dans la détermination de la politique de la nation». Le nouveau Parlement dispose, en théorie, des mêmes pouvoirs législatifs et de contrôle du gouvernement que celui du régime Bongo, mais n’était, dans les faits, que deux chambres d’enregistrement. Les députés et sénateurs nommés samedi n’ont pas de pouvoir constituant : la nouvelle Constitution promise par les militaires, qui sera soumise à référendum, émanera d’une Assemblée constituante qui devra être nommée à l’issue du dialogue national prévu au printemps.  
 

En plein milieu de la nuit du 30 août, moins d’une heure après qu’Ali Bongo Ondimba eut été réélu pour un troisième mandat, les militaires ont «mis fin» à son régime en dénonçant une élection du 26 août truquée, une «gouvernance irresponsable» et une corruption massive au sommet de l’Etat. 
 

Ali Bongo a été élu 14 ans plus tôt en 2009, à la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui dirigeait sans partage, depuis déjà plus de 41 ans, ce pays d’Afrique centrale riche grâce à son pétrole. Mais 55 ans plus tard, un tiers de la population vit encore sous le seuil  de la pauvreté, à moins de deux euros par jour, alors que les immenses richesses du pays sont aux mains d’une petite élite autour du clan Bongo.
 

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