Frappe ukrainienne en crimée : Moscou menace Washington de «conséquences»

25/06/2024 mis à jour: 14:35
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Cinq missiles Atacms ont été tirés par les forces ukrainiennes dimanche et quatre auraient été détruits en vol près de Sébastopol

Le Kremlin a menacé hier les Etats-Unis de représailles, les accusant de «tuer des enfants russes» au lendemain d’une  frappe ukrainienne en Crimée menée, selon Moscou, à l’aide de missiles américains, une nouvelle escalade entre les deux rivaux autour de l’Ukraine, rapporte l’AFP. 

La Russie considère que Washington est devenu une partie au conflit en autorisant Kiev à utiliser des missiles de longue portée contre des régions russes et la Crimée, péninsule ukrainienne que Moscou a annexée en 2014 et qui sert de base arrière à l’armée russe. «Il est évident que la participation des Etats-Unis aux combats, leur participation directe, qui entraîne la mort de citoyens russes, doit avoir des conséquences», a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, appelant la presse à demander en Europe et aux Etats-Unis : «Pourquoi leurs gouvernements tuent des enfants russes ?» Selon Moscou, les frappes de missiles de longue portée Atacms, comme celle de dimanche en Crimée ukrainien annexée par la Russie, ne peuvent pas être menées par l’Ukraine seule, car elles nécessitent des spécialistes, des technologies et des données des renseignements américains.
 

Américains et Européens ont récemment commencé à autoriser Kiev à utiliser des armements occidentaux pour frapper en territoire russe des cibles militaires servant à bombarder l’Ukraine. Moscou considère la Crimée comme sienne depuis son annexion en 2014. Celle-ci a été dénoncée par l’écrasante majorité de la communauté internationale et n’est pas reconnue par des alliés de la Russie comme la Chine.  Evoquant des représailles, Vladimir Poutine a menacé ce mois-ci de livrer des armes équivalentes à des ennemis des Occidentaux pour qu’ils frappent leurs intérêts dans d’autres régions du monde. «Si quelqu’un considère comme possible de fournir de telles armes dans la zone de combats pour frapper notre territoire (...) pourquoi n’aurions-nous pas le droit de fournir nos armes de la même classe dans des régions du monde où  seront frappées les installations sensibles des pays qui agissent ainsi contre la Russie», a-t-il déclaré le 5 juin.
 

L’Ambassadrice américaine convoquée 

Selon l’armée russe, cinq missiles Atacms ont été tirés par les forces ukrainiennes dimanche et quatre auraient été détruits en vol près de Sébastopol, ville portuaire abritant la flotte russe de la mer Noire. Le gouverneur local a indiqué que des débris des projectiles interceptés sont retombés «sur les zones côtières». Au moins quatre morts ont été recensés, dont deux enfants, et plus de 150 personnes ont été blessées, selon les autorités locales mises en place par la Russie. Lundi, la diplomatie russe a convoqué à Moscou l’ambassadrice américaine, Lynne Tracy, pour l’avertir que la Russie prévoit des «mesures de rétorsion », estimant que «les Etats-Unis, qui mènent une guerre hybride contre la Russie, sont devenus partie au conflit» en Ukraine. «Il a été dit à l’ambassadrice que de telles actions de Washington, (...) autorisant des frappes à l’intérieur du territoire russe, ne resteraient pas impunies. Des mesures de rétorsion suivront», a indiqué le ministère. La veille, le ministère russe de la Défense a également promis une réplique, soulignant que les données de ciblage des Atacms sont «saisies par des spécialistes américains sur la base des données des services de renseignement par satellite des Etats-Unis». 

La Russie mène quotidiennement depuis son territoire des frappes meurtrières contre l’Ukraine depuis plus de deux ans, réclame de facto sa capitulation et dénonce le soutien occidental à Kiev. Pour l’Ukraine, les cibles militaires en Crimée et en territoire russe sont légitimes, a fortiori au moment où les forces ukrainiennes, qui souffrent d’un déficit en hommes et en armements, font face à une pression accrue de l’armée russe sur le front. «La Crimée est un vaste camp et entrepôt militaire (russe) avec des centaines de cibles militaires directes», a accusé un conseiller à la présidence ukrainienne, Mikhaïlo Podolyak. 

L’Ukraine subit des frappes russes quotidiennes, qui ont notamment ravagé son infrastructure énergétique, forçant à des coupures de courant à travers le pays pour faire face aux pénuries d’électricité. Un missile russe a aussi frappé lundi matin un entrepôt à Odessa, port stratégique de la mer Noire dans le sud de l’Ukraine, faisant trois blessés et provoquant un incendie 3000 m2, selon les autorités ukrainiennes qui n’ont pas apporté plus de précisions sur la cible. De son côté, l’état-major ukrainien a accusé la Russie lundi d’intensifier ses attaques à l’aide d’un gaz lacrymogène détourné de son utilisation première. 

Le mode opératoire serait le largage par drone de «grenades K-51 et RG-VO», normalement utilisées par les forces de l’ordre en cas d’émeutes. L’armée ukrainienne dénonce en la circonstance une «violation de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction» (CIAC). La CIAC interdit l’utilisation des gaz irritant comme «moyen de guerre», mais les autorise pour le maintien de l’ordre. Par ailleurs, les attaques armées dimanche contre des églises orthodoxes et au moins une synagogue au Daguestan, dans le Caucase russe, ont fait 20 morts et 26 blessés, selon un nouveau bilan publié hier par les autorités de cette région. «Il y a 20 morts (parmi les civils et les policiers, ndlr) et cinq autres tués parmi les assaillants, en plus de 26 blessés, dont certains graves», a précisé  une porte-parole du ministère de la Santé de cette région à majorité musulmane. Cette série d’attaques qualifiées de «terroristes» par les autorités russes intervient trois mois après l’attentat revendiqué par l’organisation jihadiste Etat islamique (EI) commis au Crocus City Hall, une salle de concert de la  banlieue de Moscou, qui a fait 145 morts.
 

Le Daguestan a été le théâtre dans les années 2000 d’affrontements armés à répétition avec des jihadistes, comme une grande partie du Caucase. Cette insurrection islamiste a été matée par les forces russes après de longues années de combat. La Russie a été confrontée à une rébellion islamiste au début des années 2000 dans le Caucase, un mouvement né du premier conflit contre la Tchétchénie séparatiste en 1994-1996. Elle avait été défaite par les forces fédérales russes et ces dernières années, les incidents armés s’y sont fait rares.
Près de 4500 Russes, notamment originaires du Caucase, ont combattu aux côtés de l’EI en Irak et en Syrie, selon des chiffres officiels
 

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