France : Retailleau durcit la politique migratoire

10/10/2024 mis à jour: 18:56
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Bruno Retailleau a déclaré vouloir «répondre à la volonté du peuple» - Photo : D. R.

Depuis sa récente nomination, le ministre français de l’Intérieur incarne la ligne dure du nouvel Exécutif sur les thèmes de l’immigration et de la sécurité.

Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, partisan d’une ligne dure sur l’immigration, a annoncé la mise en place de deux circulaires pour durcir la politique migratoire en France, a rapporté, hier, le quotidien français Le Monde. Lors d’une rencontre à la place Beauvau avant-hier, le ministre de l’Intérieur a axé ses discussions sur l’immigration avec les 21 préfets des départements où se concentrent 80% des mesures d’éloignement.

Cette «réunion de travail» en a précédé une autre rassemblant tous les préfets. Bruno Retailleau a déclaré vouloir «répondre à la volonté du peuple» en se référant aux résultats du premier tour des législatives, où le Rassemblement national (RN) avait recueilli le plus de suffrages avant d’être relégué en troisième position au second tour, le 7 juillet. Contrairement à son prédécesseur, Gérald Darmanin, pourtant issu des rangs des Républicains comme lui, qui prônait une approche nuancée face à la délinquance, Retailleau a affirmé sa volonté de réduire l’immigration, y compris légale, dans un contexte où les demandes de titre de séjour connaissent une hausse continue, sous l’effet de l’immigration étudiante, professionnelle et humanitaire.  Le ministre a ainsi annoncé deux circulaires à venir.

La première visera à encadrer l’action des préfectures en fixant des objectifs précis. «Il demande aux préfets de lui rendre des comptes et de lui fournir des tableaux de bord sur l’augmentation des expulsions et la baisse des régularisations», a indiqué, sous le couvert de l’anonymat, un préfet, cité par Le Monde. En matière d’expulsions, le ministre a encouragé l’utilisation des nouvelles dispositions introduites par la loi sur l’immigration de janvier 2024, qui assouplit certaines protections empêchant l’éloignement de catégories spécifiques de personnes, comme les personnes arrivées en France avant l’âge de 13 ans.

«Diplomatie migratoire»

La seconde circulaire annoncée par le ministre de l’Intérieur portera sur les régularisations, avec l’intention de remplacer le dispositif de la «circulaire Valls» de 2012. Ce texte permet à environ 30 000 personnes par an d’obtenir un titre de séjour en raison de leur vie privée, familiale ou de leur activité professionnelle. Bruno Retailleau a promis aussi aux préfets un nouveau texte «plus court et plus clair» pour remplacer la circulaire actuelle. Il a aussi insisté sur l’importance de la «maîtrise du français» et de «l’assimilation des valeurs» françaises pour les candidats à la régularisation. Pour réduire l’immigration, le ministre de l’Intérieur compte également sur la «diplomatie migratoire», s’inspirant du modèle italien de Giorgia Meloni, avec des protocoles de coopération établis avec la Tunisie.

Il a également exprimé son vœu de former une coalition européenne avec l’Italie et l’Allemagne pour réviser la directive «retour» de l’Union européenne, qu’il a qualifiée de «directive pour empêcher les retours». L’objectif est de faciliter la mise en œuvre de mesures coercitives, telles que la rétention administrative. En dernier lieu, Retailleau a réitéré son intention de prolonger la durée de rétention en France et demandé aux préfets de systématiquement faire appel en cas de remise en liberté d’un étranger susceptible de représenter une menace pour l’ordre public.

Depuis sa récente nomination, le ministre de l’Intérieur incarne la ligne dure du nouvel Exécutif sur les thèmes de l’immigration et de la sécurité.  Il n’hésite pas à reprendre les mots et les thèses de l’extrême droite sur l’immigration. Comme chef de file des sénateurs LR, Retailleau a été à la manœuvre pour durcir le projet de loi «immigration» porté par Gérald Darmanin. Il envisage de rétablir les mesures de la loi Darmanin censurées par le Conseil constitutionnel, comme le délit de séjour irrégulier, et de réformer l’aide médicale d’Etat, selon Le Monde. Ses positions sur l’immigration inquiètent plus en plus la gauche et les associations d’aide aux migrants. 

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