France : Nouvelles révélations impliquant Mohamed Bedjaoui

21/11/2024 mis à jour: 12:42
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Le journal français d’investigation Mediapart vient d’apporter de nouvelles  révélations sur l’affaire dans laquelle le Qatar est visé en France par une plainte pour corruption de juges de la Cour internationale de justice (CIJ), dont l’ancien ministre algérien Mohamed Bedjaoui. 

Le signalement, auprès du Parquet national financier (PNF), visant Mohamed Bedjaoui et deux autres personnes, Ali Bin Fetais Al Marri, ancien procureur du Qatar, et l’homme d’affaires français Jean-Paul Soulié, a été fait par le député Philippe Latombe en 2023, avait révélé le journal français Libération. Philippe Latombe soupçonnait le Qatar d’avoir versé des pots-de-vin afin d’être favorisé dans ses affaires pendantes au niveau de la CIJ. Dans sa plainte, Philippe Latombe soulignait que l’ancien ministre algérien a, à partir de 2002, alors qu’il était jugé à la CIJ, acquis et revendu des biens en France pour un montant de 7 millions d’euros. 

Parmi ces biens, des appartements dans le XVIe arrondissement de Paris et à Neuilly. Une de ses filles, alors âgée de 23 ans, a aussi acquis un appartement dans le Marais pour 335 000 euros. L’enquête de Mediapart a révélé que la CIJ avait rendu, en 2001, un arrêt favorable au Qatar dans un litige sur les eaux territoriales qui l’opposait au Bahreïn.  Mohamed Bedjaoui était juge à la Cour internationale de justice de La Haye de 1982 à 2001. Vingt ans plus tard, le Bahreïn a cherché à contester cette décision en évoquant une possible corruption des magistrats de la CIJ, selon Mediapart.  

Un cabinet d’intelligence français, sous la direction d’un ancien militaire, aurait été mandaté pour enquêter, et plusieurs personnalités du royaume se sont mobilisées pour relancer ce dossier en France, selon lui. Le journal d’investigation a aussi rapporté que l’avocat Philippe Feitussi a incité le député Philippe Latombe à saisir le PNF, au moment  où le Bahreïn a souhaité abandonner l’affaire, dans le cadre de sa réconciliation avec le Qatar. Alors que l’avocat Philippe Feitussi nie que cette société soit le faux nez du Bahreïn, le journal a indiqué que sa trace apparaît de nouveau lors  du déplacement dans ce pays de lobbyistes français. 

Selon Mediapart, une délégation de consultants engagés dans la défense des intérêts du Bahreïn s’est rendue à Manama, en juillet. Parmi ceux qui ont fait le voyage, l’ancien Premier ministre Manuel Valls, «rémunéré 30 000 euros pour ce déplacement de trois jours». 

Pour rappel, l’ex-ministre Mohamed Bedjaoui avait écopé, en janvier 2023, en Algérie d’une peine de 10 ans de prison ferme par contumace dans une affaire de dilapidation de deniers publics impliquant de nombreux autres anciens ministres, dont Chakib Khellil, ancien ministre de l’Energie.

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