Fouka une ville aux origines romaine et andalouse

12/09/2023 mis à jour: 15:36
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Fouka, entrée du village par la route de Koléa, et bureau des postes - Photo : D. R.

Fouka (*) est située à 130 m d’altitude, à mi-chemin entre la wilaya de Tipasa et la capitale. Elle est assise en partie sur le versant septentrional du Sahel algérois, en face de la mer Méditerranée qui se trouve à moins de 2 km de son centre-ville. Son espace constituait jadis dans sa partie occidentale une ligne de démarcation suite au traité de la Tafna. La ligne imaginaire de cette fameuse convention commençait près du célèbre tombeau de Sidi Abdelkader pour aller finir à Blida. La commune de Fouka fut créée en 1842. En 1844, elle sera annexée à Koléa dont elle n’est distante que de 4 km. Elle faisait partie lors de sa fondation de l’arrondissement d’Alger.

En 1984, elle rejoint la wilaya de Tipasa, son territoire englobait à l’époque, les localités de Fouka ville, Fouka Marine, Aïn Lahdjar, Communal sud, Communal ouest et Douar Ben Henni Fouka-Ville sera érigée aux alentours de 1997 en chef-lieu de daïra constituée des communes de Douaouda et Fouka. Cette agglomération avait pendant une certaine période acquis une grande réputation notamment pour ses cultures maraîchères, ses roses et la goyave, fruit exotique importé du Pérou.

Avant qu’il ne soit raccourci tel qu’il est maintenant, le toponyme primitif de cette ville s’orthographier Aïn el Fouka dont la traduction littérale est la source du haut ou la source qui se situe en haut (Aïn : source, el-Fouka : en haut). Deux sources jaillissaient naguère abondamment sur le versant faisant face à la mer, l’une d’elles se trouvait tout en haut du bourg.

La célèbre fontaine qui légua son nom à ce lieu fut plus tard canalisée pour alimenter la ville. Sous l’ère coloniale, cette dernière était construite en maçonnerie et embellie d’une tête de lion en fer, ce qui lui a valu d’ailleurs le surnom bien mérité de fontaine du lion, Aïn Sbaâ en langue arabe La structure représentant la tête du lion est aujourd’hui inexistante bien que son souvenir se soit longuement perpétué dans la dénomination d’un quartier adjacent.

Il y a longtemps, une inscription où se lisait le nom de Fouka surmontait cette fontaine murale. Le point où sourdait cette eau était localisé à proximité immédiate de l’ancien site de Souk el fellah, le marché du paysan, auprès duquel les troupes américaines ont caserné, en 1942.

Les Romains étaient les premiers à aménager cette fontaine publique avec son vaste bassin. En 1847, elle se trouvait dans un état de détérioration un peu plus avancé que celle de la ville voisine de Bou Ismail, dont la similitude était étonnante. Elle avait un dessus plat, double conduit, gouttière en pierres et conduite sous terre.

Certains historiens pensent, à tort ou à raison, que Fouka a été construite sur les ruines romaines de l’antique cité de Casea Calventi qui signifie les huttes du chauve. Ce sujet fait encore aujourd’hui l’objet d’intenses débats.

En 1839, des fouilles entreprises dans cette localité par un spécialiste en archéologie nommé Berbrugger avaient mis au jour divers objets remarquables datant de l’ère romaine à savoir : grands tombeaux en pierre, lacrymatoires, vases, médailles en quantité. Ces vestiges étaient enfouis au milieu d’un bocage d’oliviers qui couvrait une source très abondante. D’autres curiosités archéologiques appartenant à un ancien établissement andalou y furent également découvertes.

Le centre colonial originel fut bâti sur les terres qui dépendaient de l’haouch d’Aïn El Fouka (Fouka lors de la colonisation). Cet ancien domaine rural qui occupait une situation fabuleuse fut réquisitionné au profit de migrants européens arrivés en Algérie au tout début de la fondation de la bourgade. L’autochtone Kassid Ali possédait une partie couvrant une superficie de 130 ha.

Rappelons cependant que pendant ce temps, l’insurrection avait gagné tout le Sahel algérois. C’est dans ce contexte qu’est née l’idée de construire autour de la capitale des villages exclusivement peuplés par d’anciens soldats libérés à l’exemple de celui de Fouka. Le maréchal Bugeaud, le cosignataire du traité de la Tafna avec l’Emir Abdelkader, était le principal instigateur de ce projet colonial.

Ce dernier recommandait plus particulièrement de sélectionner une population composée essentiellement de militaires qu’on mariait préalablement à Toulon à de jeunes filles orphelines pour la plupart, toutes candidates à l’émigration en Algérie. Chacune de ces femmes recevait une offre de 500 francs anciens destinés à l’ameublement de sa maison.

Pendant que l’on s’attelait à prendre soin de ces émigrés amenés d’Europe, de peur qu’ils ne puissent s’adapter au climat africain, car la fièvre en fera justement des ravages, les natifs, eux, continuaient à mener la vie dure dans des gourbis agglomérés dans les faubourgs des nouveaux centres de population.

Vers la fin de l’année 1843, d’autres familles civiles sont venues grossir la population déjà existante. 13 familles de l’Isère, du Var et de la Drôme arrivent par la suite.

L’agglomération était en ce temps-là cernait d’une enceinte de 1120 m de développement, flanquée de quatre tourelles plantées à chaque angle. Ces petites tours de garde comportaient chacune, rez-de-chaussée et un étage. Justement à l’angle d’une rue, on peut encore de nos jours apercevoir une partie d’un blockhaus datant de 1840.

En raison de l’indisponibilité de logements suffisants devant accueillir les nouveaux arrivants, ces fortifications avaient été en ce temps-là transformées en habitations provisoires. Dans la plupart des centres en voie de peuplement, ces ouvrages à vocation défensive faisaient, au même titre, office de bâtiments publics transitoires abritant soit un poste de gendarmerie, une école, ou une mairie.

Les bordures des routes en plein cœur de la ville de Fouka sont ornées de ficus, une espèce d’arbre qu’on trouve ici et plus spécialement dans toutes les villes du Sahel algérois.

Des résidences de style colonial avec micro-jardins agrémentés parfois d’un ou deux palmiers d’une variété rare forment l’îlot central du quartier historique. Ce lotissement d’un aspect rectangulaire représente le noyau initial de la cité. Ce dernier est cerné de quatre chaussées bordées à leurs extrémités de longues façades de villas toutes aussi élégantes les unes que les autres. La grande esplanade en centre-ville est dominée par une mosquée qui a remplacé à l’indépendance l’ancienne église qui, elle, fut incendiée puis rebâtie en 1934.  

Non loin de là, une imposante bâtisse avec une belle façade accueille les services de l’administration municipale. Cet immeuble est remarquable notamment pour son apparence architecturale exceptionnelle. Les grandes lignes hémisphériques inspirées de l’art arabesque lui donnent un intérêt visuel tout à fait remarquable.   

Une stèle commémorative élevée à la mémoire de nos martyrs tombés au champ d’honneur voisine avec ce bâtiment public dont l’inauguration fut célébrée en 1908. Derrière le siège de la municipalité existe la plus ancienne école communale de garçons datant de 1897, qui porte désormais le nom de Mouloud Feraoun.

A quelques encablures du stade municipal de Fouka se voit au bord du chemin un vieux cimetière musulman. Sa partie la plus ancienne est peuplée d’oliviers ancestraux à l’ombre desquels s’éparpille un grand nombre de sépultures que domine le mausolée de Sidi Abdelkader. Ce vieux marabout est caractérisé par ses grandes dimensions, ayant l’allure d’un gros cube dont l’arête mesure 4 m environ. Sa position offre une vue panoramique à la fois sur la mer et les magnifiques paysages alentour.

La qubba de ce saint personnage dispose d’une petite porte voutée orientée vers le sud ainsi qu’une petite fenêtre ouverte à l’arrière de l’édifice. Sa paroi externe est badigeonnée à la chaux et son sommet est couronné d’un superbe dôme. Plusieurs autres variétés d’arbres poussent dans ce lieu funéraire comme le pin ou le cyprès. Les fidèles d’un autre saint non moins célèbre dans toute la région avaient, à une certaine époque, choisi de construire le dème de Sidi Mohamed et ses dépendances à un intervalle d’un km seulement du centre-ville, sur la route de Douaouda.

Fouka était anciennement renommée pour la céréaliculture, viticulture, l’arboriculture et le maraîchage. Actuellement, les surfaces cultivables rétrécissent un peu plus chaque jour, laissant place à de nouveaux quartiers. Seuls quelques timides jardins potagers rappellent çà et là la végétation luxuriante d’antan.

 


 


 

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