Le milieu associatif s’est illustré au cours de cet été par des activités en hommage aux acteurs de la Guerre d’indépendance et artisans de la liberté. Des comités de village ainsi que des associations de jeunes ont organisé des journées commémoratives, réunissant un large public, afin de faire revivre le parcours des aînés ayant consenti le sacrifice suprême pour mettre un terme à la longue nuit coloniale.
Cette mobilisation de la jeune génération en faveur de la mémoire est salutaire à un moment où la réappropriation des repères historiques paraît indispensable pour évoluer et s’imposer dans un monde gagné par des nivellements de toutes sortes et une déculturation galopante.
Quand au plus fort de l’été, et dépassant les vicissitudes quotidiennes, des collectifs de jeunes réussissent à tenir des forums regroupant toutes les franges de la population, notamment des témoins de la lutte libératrice, il est permis de croire à la vitalité de la société civile et son désir ardent de compter parmi les peuples fiers de leur histoire, précisément ceux qui relèvent avec succès le défi du développement et du progrès.
Ces initiatives, qui prennent naissance dans des localités souvent retirées, accusant parfois quelque retard de développement, mais n’altérant en rien la détermination et la motivation des habitants, permettent de relever un premier enseignement qui n’est pas toujours souligné et pris en compte : l’histoire n’est pas seulement «revisitée», elle reste encore en cours d’écriture.
Dans deux mois, le 70e anniversaire du déclenchement de la Guerre de Libération nationale sera commémoré. De très nombreux noms de héros et d’héroïnes méritent d’être tirés de l’oubli, leur vie, souvent brève, portée à la connaissance des jeunes générations, avides de découvrir le visage ou les témoignages autour de ceux et celles qui ont affronté jusqu’à la mort les forces coloniales.
L’histoire n’est pas seulement le récit des grands événements dans le monde, à travers le temps et les continents, elle est aussi et surtout enfouie dans chaque village, et dans le moindre empan des massifs qui les entourent.
Des idées ingénieuses, au summum de la gratitude, naissent dans l’esprit des jeunes, comme celle d’inaugurer une fontaine publique en hommage au sacrifice des aînés tombés au champ d’honneur à la fleur de l’âge. Le souvenir de leur sacrifice est relié à la terre nourricière et à ses sources qui ne tarissent jamais.
Le second enseignement atteste d’un resserrement du lien social, lequel constitue l’une des préoccupations premières des responsables en charge du destin des collectivités locales et nationale. Lors des activités commémoratives, riches en témoignages et hommages, les familles et proches des martyrs sont emplis d’émotion et de fierté, et la communauté villageoise affiche reconnaissance et respect.
Le début du mois d’août a été marqué par le lancement du Forum des jeunes créateurs de contenu au service de la mémoire. Une initiative louable de nature à renforcer l’entreprise essentielle d’écriture de l’histoire et enrichir le récit national des faits héroïques qui ont jalonné les luttes pour l’accès à l’indépendance.
Ce programme ambitieux aura toutes les chances de mise en œuvre en créant une synergie entre les jeunes maîtrisant les outils numériques et les collectifs qui préparent souvent dans la discrétion des activités en relation avec la mémoire.
La préservation de celle-ci, sa transmission et sa célébration sont tributaires de la conjugaison des efforts. Le cap ultime est de la transcrire dans les manuels scolaires, et que la stèle commémorative trouve sa pleine traduction dans les cours d’histoire.