Taipei a fustigé «l’intervention arbitraire» de la Chine après que les dirigeants du Pacifique, réunis aux Tonga, eurent republié hier une déclaration commune sans mention de Taïwan, contrairement à une version précédente qui avait fait bondir la Chine.
«Taïwan a condamné avec la plus grande fermeté l’intervention arbitraire et les actions déraisonnables de la Chine, qui compromettent la paix et la stabilité régionales», selon une déclaration du ministère taïwanais des Affaires étrangères, citée par l’AFP.
Dans un communiqué diffusé vendredi, les dirigeants du Forum des îles du Pacifique (FIP) ont «réaffirmé» la validité d’un accord qui permet depuis 1992 à Taïwan d’être associée aux discussions de l’alliance en tant que partenaire de développement.
Cette mention a immédiatement suscité l’ire de l’envoyé spécial de la Chine au Forum : «Ce doit être une erreur», a déclaré Qian Bo à la presse. «Vous savez, ce n’est certainement pas le consensus (...) Cela ne devrait pas être le communiqué final. Il devrait y avoir une correction du texte», a-t-il ajouté.
Hier matin, sans explication, le Forum des îles du Pacifique a publié une nouvelle version du communiqué d’où est désormais absent le paragraphe concernant les «relations avec Taïwan». Qian Bo a indiqué plus tôt avoir contacté le secrétariat de l’alliance dans l’espoir de clarifier la situation.
La Chine s’efforce d’exclure Taïwan des forums internationaux, considérant l’île démocratique comme une de ses provinces. Elle n’écarte pas l’option militaire pour réunir l’île au continent. Les deux parties sont séparées depuis 1949 lorsque la Chine est devenue communiste à l’issue d’une guerre civile.
Le Pacifique Sud était autrefois un bastion de soutiens à Taïwan, mais la Chine a courtisé activement les Etats régionaux, convainquant les îles Salomon et Kiribati de changer d’allégeance en 2019 pour se rapprocher de Pékin, avant que Nauru ne fasse de même.
Les Palaos, les Iles Marshall et Tuvalu maintiennent des relations diplomatiques avec Taipei, tout en subissant des pressions constantes pour y renoncer. Le ministère taïwanais des Affaires étrangères a indiqué avoir contacté ses trois alliés du Pacifique «pour qu’ils communiquent activement avec le secrétariat du FIP» dans le but de conserver la clause.
Mais «la décision finale des Etats membres a été d’utiliser l’esprit de diversité et d’inclusion de la Voie du Pacifique (...) et de publier un communiqué commun avec un consensus», a ajouté un porte-parole taïwanais.
«Ce communiqué ne remet pas en cause le statut de notre pays au sein du Forum des îles du Pacifique et n’exclut pas notre droit à participer au FIP à l’avenir», a-t-il aussi estimé en affirmant avoir «remercié les alliés (de Taïwan, ndlr) et les pays partageant les mêmes idées pour leur soutien à la poursuite de (sa) participation au FIP».