Comme pour l’histoire, il n’y a pas une fin pour le débat public, et cela permet de mettre au jour des situations et des problématiques méritant un traitement particulier, dans le but de construire un meilleur avenir, en enrayant les causes de l’échec et des rendez-vous manqués avec le développement.
L’examen de l’histoire récente du pays fait ressortir deux grandes tares qui ont réellement entravé l’effort de relance proclamée à l’arrivée de chaque nouvelle équipe au pouvoir. Il s’agit de la corruption et de la bureaucratie. Le diagnostic ne devrait pas s’arrêter là, de même que la lutte contre ces fléaux. Les difficultés dans la gestion des affaires publiques peuvent également, et souvent, être dues à un déficit de formation et de compétence.
C’est la convention-cadre, signée mercredi dernier entre le ministère de l’Intérieur et l’Observatoire national de la société civile, portant sur «l’amélioration des capacités et de la formation», qui a mis à l’ordre du jour ce dossier, lequel, sans être un tabou, a rarement figuré parmi les préoccupations de l’heure. Des partis de la mouvance démocratique étaient des pionniers en la matière en lançant, dès leur entrée en activité au début des années 1990, des écoles de formation régulière en direction de leurs militants et de leur encadrement.
Ce dispositif ambitieux, promettant des retombées avantageuses dans la vie nationale, a été mis en veilleuse à la survenue de la décennie noire, toutes les énergies ayant été mobilisées pour contrer l’hydre intégriste, une bataille gagnée au prix d’un lourd tribut mais engrangeant un capital de luttes qui perdure même quand l’histoire bégaie.
Dans le souci d’améliorer les capacités de gestion des personnels en charge des responsabilités locales, des cycles de formation ont été organisés ces dernières années au profit des élus, lesquels ont suivi, d’une façon studieuse, ces stages initiés par l’administration centrale.
Ciblant les P/APC, à peine remis des tractations ayant présidé à leur élection à la tête des assemblées locales, cette initiative gagnerait à être accompagnée d’une mise à jour de la législation qui renforcerait le statut et les prérogatives des élus. Peu après ces conclaves de formation accélérée, de nombreux maires ont été suspendus pour des irrégularités dans leurs actes de gestion, ou victimes de défiance subite dans leur assemblée.
La convention mise en place par le ministère de l’Intérieur a ceci de particulier qu’elle cible un public beaucoup plus large et traite, en amont, la question de la qualification et de la formation. En prodiguant plus d’outils, de connaissances et de maîtrise à de larges pans de la société civile, on s’assure de résultats autrement plus probants et d’une nette efficience quand il s’agira de désigner les équipes devant présider à la gestion de la cité.
C’est sans doute le moment de dépasser la phase du volontarisme tous azimuts, doublé d’improvisation persistante. Une combinaison inopérante remettant en cause la finalité de l’action publique, à savoir l’amélioration des conditions de vie de la population. Les déclarations officielles rendues publiques à l’issue de la signature de ladite convention ne souffrent pas d'ambiguïté et sont porteuses d’une véritable ambition, en rappelant que la société civile et les associations doivent être «impliquées dans la prise des décisions les concernant directement ou relatives au développement dans les différents domaines».
Extrêmement bien pensée et ne manquant pas de justesse, cette démarche mérite une véritable concrétisation en garantissant l’adhésion et l’engagement des acteurs de la vie publique, prioritairement les jeunes, les gestionnaires de demain.