Formateur et pourvoyeur de joueurs de grands talents : Il y a 78 ans naissait le Riadha Club de Kouba

28/02/2023 mis à jour: 16:21
APS
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L’effectif du RCK (CSS Kouba en parrainage avec Sonatrach) en stage de préparation à Londres en 1971

Là-haut sur la colline où domine la Koubba (dôme) d’une mosquée construite en 1545 par le Dey d’Alger Hadj Pacha pendant la régence turque, il n’y a pas un «afficionado» du beau football à Alger qui ne connaît pas l’émouvante histoire du club local, le RC Kouba, qui fête aujourd’hui sa naissance, le 28 février 1945. C’est de cette Koubba qui domine la grandiose baie d’Alger qu’est né le nom de ce quartier qui va devenir durant la colonisation le fief et le quartier général d’un nouveau club musulman, le Raed de Kouba, dont les statuts ont été déposés un certain 28 février 1945 auprès de la préfecture d’Alger. Un club sportif dont les statuts ne sont plus ceux de la loi française de 1901 sur les associations.

Le RCK vient dès lors renforcer les rangs des clubs musulmans des trois ligues de football mises en place par les autorités sportives coloniales : la ligue algéroise de football association (LAFA), la ligue oranaise de football association (LOFA) et la ligue constantinoise de football association (LCFA). Après donc le MC Alger, l’USM Oran, le CS Constantine, l’Espérance de Guelma, l’USM Blida, l’USMMC (El Harrach), l’USM Alger, et tant d’autres clubs nés dans la douleur entre 1921 et 1945, mais en dépit des entraves de l’administration coloniale qui imposait aux formations musulmanes d’incorporer trois joueurs et un administratif européens, le RCK, avec ses couleurs «vert et blanc» venait illuminer le ciel de l’Algérie avec un nouveau club musulman pour porter haut la voix de l’Algérie combattante, qui, dix ans après, va exploser avec le début de la Guerre de libération. A l’approche de la fin de la Seconde Guerre mondiale, et dans la foulée du mouvement populaire en faveur de la cause algérienne contre le colonialisme français, et sur les conseils du Parti du Peuple (PPA), le club RC Kouba est créé, le 28 février 1945 dans le quartier Oued Kniss, l’idée de création du club ayant germé en 1942. A l’origine de cette création, figurent d’éminentes personnalités du quartier de cette époque dont le premier président, Mustapha Ben Ouniche, président d’honneur à vie (2e président de la FAF, 1962-1969) et le chahid Mohamed Benhaddad dont le nom a été attribué au stade communal de Kouba.

RCK, la «Madrassa»

Au lendemain de l’indépendance, le RCK a accédé en première division, après le critérium des années 1962-1964, dès la quatrième saison en 1965-1966, avec un effectif comprenant notamment la légende du club, le redoutable ailier gauche Boualem Amirouche, qui a inscrit 40 buts lors de la saison de l’accession. Une équipe de charme alors renforcée par le célèbre défenseur central de l’équipe du FLN, Mustapha Zitouni. Cette même équipe a animé la finale de la coupe d’Algérie en 1966 contre le CR Belcourt de Hacène Lalmas (défaite 3-1). Le RCK s’est également distingué, en 1964, en créant la première école de football dirigée alors par Mustapha Al Kamal. Cette école a formé une multitude de joueurs racés pour le football algérien, avec plus de 120 éléments pour les sélections algériennes des différentes catégories. Certains se sont illustrés au niveau africain, voire mondial, à l’instar du virevoltant attaquant Salah Assad, connu pour son célèbre «Ghoraf».

A partir de 1974, et grâce à une nouvelle génération de joueurs talentueux, issus de différents quartiers de cette exubérante banlieue algéroise, et formés par le Raed, le club est passé à une étape supérieure, avec une équipe légendaire qui a marqué les annales du football national, grâce à son beau jeu, mais aussi grâce à des valeurs nobles du sport, comme le respect de l’adversaire et le fair-play. La réforme sportive de 1977 a fait le reste.

Ce nouveau groupe de joueurs était mené par le maître à jouer du RCK, Boualem Amirouche, épaulé par un extraordinaire quatuor d’internationaux : Abdelaziz Sefsafi, Mokhtar Kaoua, Hocine Boumaâraf et le gardien Ilyès Teldja, tous médaillés d’or aux Jeux méditerranéens de 1975 à Alger. Ils avaient raté d’un cheveu le titre de champion d’Algérie pendant la saison 1974-1975, ayant terminé à la seconde place, à un point du mythique Mouloudia d’Alger des années 1970. Un groupe solide, qui s’est renforcé, au fil du temps par d’autres joueurs talentueux, comme Mohamed Kaci-Saïd, Mohamed Chaïb, Rachid Sebbar, Youcef Kaboul et bien d’autres encore, jusqu’à remporter le championnat de la saison 1980-1981. Un groupe qui, dans la foulée, a confirmé que cet exploit n’était pas le fruit du hasard mais celui du travail et de l’amour des couleurs du club, en remportant la première édition de la Supercoupe d’Algérie, les deux seuls titres majeurs du palmarès du Raed.

Mohamed Chaïb, le capitaine de la sélection nationale «juniors» au Mondial de 1979 dira :  «Quand je repense à l’âge d’or du Raed, je suis pris d’une profonde déception en voyant sa situation actuelle. Notre équipe mérite un bien meilleur sort que celui qui est le sien actuellement, car elle a rendu de grands services au sport national par le passé, et au football en particulier.»

Le RCK, de l’avis de tous les observateurs sportifs, était la «madrassa» (école) du football à Alger. Mais, comme cette comédie tragique d’Ernest Hemingway (Pour qui sonne le glas), les valeurs nobles qui ont permis au Raed d’atteindre les sommets ont fini par se perdre avec le temps, et les choses n’ont fait qu’empirer à partir de la saison 2008-2009, lorsque le club a été privé d’accession en Première division, suite à un rocambolesque scénario qui a mené le club au bord du lac Léman avec des réserves déposées sur le bureau du Tribunal arbitral du sport (TAS).

Un club formateur

«Le RCK est réputé pour être un club formateur et c’est là une caractéristique qu’il faut raviver, en s’occupant un peu plus des enfants du cru», se plait-on à affirmer dans l’entourage du club, qui semble avoir mis de côté ses ambitions d’accession de début de saison en Ligue 1 Mobilis. Chez les gens d’El Koubba comme pour les dirigeants du RCK, c’est plus le chant du cygne pour des espoirs d’accession douchés par une situation interne anachronique, que le printemps annonciateur de la fin de la période de disette de la fameuse «Madrassa koubéenne» du football. 

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