Qui aurait anticipé que le départ de Cristiano Ronaldo de Manchester United pour Al-Nassr à la toute fin de 2022 ne serait que le prélude d'une série (très) étendue de transferts ? Suivant l'exemple du Portugais, des joueurs tels que Karim Benzema, N'Golo Kanté, Sadio Mané, Neymar, Malcom, Roberto Firmino, et bien d'autres ont choisi de quitter les plus grandes écuries européennes à l'été 2023 pour rejoindre des clubs saoudiens tels qu'Al-Ittihad, Al-Ahli, Al-Hilal, ou encore Al-Ettifaq.
Le quintuple Ballon d'Or, Cristiano Ronaldo, se vantait dans une interview accordée en juillet dernier au journaliste italien Fabrizio Romano d'avoir ouvert la voie à la ligue saoudienne. Il prédisait que de plus en plus de joueurs de haut niveau rejoindraient l'Arabie saoudite dans un an, dépassant ainsi les championnats turc et néerlandais. À en juger par le contingent impressionnant de stars désormais présentes dans le Golfe, il semble difficile de contredire ses prévisions.
Avec des investissements massifs de plus de 800 millions d'euros, la Saudi Pro League a effectué l'un des mercatos les plus marquants de l'histoire. D'abord, par les sommes considérables dépensées par le Royaume, représentant plus de 14% des dépenses totales du marché selon une étude de la FIFA. Bien que cela reste inférieur à la Premier League (1,85 milliard d'euros), cette somme est sans précédent pour un championnat encore considéré comme mineur, du moins en dehors de la sphère de l'UEFA.
Ce coup d'éclat s'est également manifesté par le recrutement de joueurs en pleine possession de leurs moyens, tels qu'Allan Saint-Maximin, Aleksandar Mitrovic, Ruben Neves, Sergej Milinkovic-Savic, Luiz Felipe, Otavio, Aymeric Laporte, et Seko Fofana. Le choix de l'Arabie saoudite est souvent associé à l'aspect financier, mais il ne se limite pas à être une destination dorée pour les anciennes gloires en préretraite. Des entraîneurs renommés, dont Steven Gerrard, Jorge Jesus, Marcelo Gallardo, et même Roberto Mancini pour la sélection nationale, ont également tenté l'aventure du Golfe.
Les ambitions de l'Arabie saoudite dans le football étaient déjà connues, et cette offensive s'inscrit dans la Vision 2030, un plan de diversification économique et de transformation du pays lancé en 2016. La stratégie de soft power à travers le sport vise à améliorer l'image de l'Arabie saoudite et à attirer les investisseurs, confrontée à des critiques occidentales. L'accueil de la Supercoupe d'Italie depuis 2018 et de celle d'Espagne depuis 2019 n'étaient que des prémices. Le consortium, composé à 80% du Public Investment Fund (FIP), le fonds souverain du royaume d'Arabie saoudite, a racheté le club anglais Newcastle en octobre 2021, marquant un tournant majeur.
À l'instar du Qatar avec le PSG ou Abu Dhabi avec Manchester City, l'Arabie saoudite a désormais son club. En un seul mercato, elle a bouleversé l'ordre établi dans le football mondial, avec une ambition débordante. La candidature pour l'organisation du Mondial 2034, avec le statut de seul candidat en lice, renforce cette volonté. La Saudi Pro League représente un puissant levier pour ces aspirations. Reste à savoir si cet engouement est passager ou s'il s'agit d'une tendance appelée à perdurer.