L’élimination de notre équipe nationale du prochain Mondial du Qatar a été ressentie par les Algériens comme un véritable séisme.
La victoire obtenue sur le terrain des Camerounais, lors du match aller, ouvrait la porte à une qualification que l’on pensait acquise.
En fait, dans de telles situations, une grosse pression mentale s’exerce sur les joueurs auxquels on n’accorde aucun droit à l’erreur.
La frilosité que l’on ressentait chez eux, en début de rencontre, témoigne bien de la lourde responsabilité que ces acteurs portaient sur leurs épaules, se transformant en angoisse, après le premier but des Camerounais.
Fort de l’expérience que j’ai vécue, en tant que médecin de l’équipe nationale de football dans les années 70-80, je reste convaincu que l’aspect psychologique est le plus important lors d’une telle rencontre, déterminante pour la qualification finale.
En croyant bien faire et encourager les joueurs et leur staff technique, de nombreux appels et messages se succédaient, émanant de journalistes, acteurs sportifs et responsables politiques. En fait, toutes ces sollicitations sont ressenties comme des pressions supplémentaires, lesquelles peuvent impacter sur la préparation mentale des joueurs.
C’est la raison pour laquelle, le staff technique est souvent obligé d’isoler son équipe, lors des derniers jours précédant une rencontre importante.
Pour le cas de notre EN, l’élimination ne peut pas être mise sur le seul compte de la pression psychologique, même si celle-ci n’est pas à négliger. Le comportement scandaleux de l’arbitre me semble être la principale cause de notre élimination.
Le refus de recourir à la VAR, lorsque la suspicion de faute est favorable à l’équipe algérienne et la sollicitation de cette technique de contrôle, pour une supposée touche du bras, sur le but de Slimani, que seul le référé a vue, témoignent bien des intentions malsaines de ce dernier.
Le comportement largement partial de l’arbitre gambien ne pouvait pas être une simple erreur, ni le résultat d’un penchant spontané pour l’équipe adverse.
De toute évidence, il a été très certainement approché et soudoyé par les responsables du football camerounais, lesquels ont choisi l’option de qualification, sale et sans morale.
La faiblesse de notre sport en général, et de notre football en particulier, réside dans l’absence de véritables représentants nationaux, au niveau des instances sportives internationales, pour défendre les intérêts de nos équipes et empêcher les tractations malsaines qui se font sur notre dos.
Les représentants auto-désignés n’ont malheureusement travaillé que pour servir leurs propres ambitions. Ils se positionnent sur les différents niveaux (international, continental, régional), empêchant d’autres concitoyens de les rejoindre, pendant que d’autres nations (dont nos voisins) placent le maximum de délégués, à tous les paliers de représentation extra-nationale.
C’est, dans ce cadre, que lors de mon mandat olympique (2009-2013), nous avions initié un projet d’étude sur la stratégie internationale, avec le concours du ministère des Affaires étrangères et du ministère de la Jeunesse et des Sports.
Le but de cette initiative était de définir les critères pour les candidatures à différents niveaux (bureaux exécutifs en international, continental et régional, commissions spécialisées) et mettre en place une commission d’étude des candidatures, composée de représentants des deux ministères sus-cités et du COA.
La démarche visait à procéder au meilleur choix des candidats à l’accession aux instances sportives internationales, d’apporter à ces derniers le soutien nécessaire de l’Etat (notamment les diplomates) et de définir la stratégie à adopter, dans les différentes circonstances rencontrées (ex-attitude à adopter face aux acteurs de pays non reconnus).
Le projet, bien maturé, grâce à la contribution d’experts reconnus, n’a malheureusement pas pu être mené à son terme, en raison de l’opposition des responsables de la tutelle ministérielle à cette époque.
La représentation internationale en matière de sport, que l’on pourrait qualifier de «diplomatie sportive», est toute aussi importante que la diplomatie politique, pour défendre les intérêts de notre pays.
Notre faible présence (quantitative et qualitative) au niveau des instances internationales a laissé le terrain à nos adversaires potentiels, dont certains n’hésitent pas à utiliser les moyens que l’éthique et la morale réprouvent, pour remporter des compétitions.
La forte intrusion de l’argent dans le monde sportif a totalement piétiné les valeurs fondamentales de l’olympisme, faisant de la corruption, l’outil principal de négociation et de gestion du sport.
L’instrumentalisation politique du football, en particulier, constitue l’autre cause de perturbation de la préparation et de la performance des joueurs. De ce fait, les encouragements, répétés des autorités du pays, sont davantage perçus comme une forme de pression, laquelle est susceptible de gêner la préparation mentale de l’équipe.
Les sélections nationales, à travers le monde, sont aujourd’hui composées de joueurs d’origines diverses. Les discours patriotiques que nous avions connus, lors des décennies précédentes n’ont plus le même impact sur des acteurs que seuls le jeu et le bénéfice matériel des victoires en compétitions intéressent.
La préparation psychologique des équipes nationales gagnerait plus à privilégier la sérénité plutôt que l’encouragement pressant et stressant. Nos responsables politiques devraient choisir une autre voie pour soutenir nos sélections nationales ; ils devraient réfléchir à une «diplomatie sportive» plus étoffée et plus représentative des intérêts nationaux.
La définition de critères de représentativité et la mise en place d’une commission inter-ministérielle (MJS-MAE) pour le choix de véritables représentants qui doivent rendre compte de leurs activités deviennent une nécessité urgente, pour éviter que nos équipes soient victimes de combines et tractations malsaines au niveau des instances sportives internationales. L’élimination scandaleuse et frustrante de notre sélection nationale de football doit servir de leçon.
La condamnation de l’arbitre pour les jeux, et les critiques d’ordre technique pour les autres ne suffiront pas pour remettre notre discipline reine sur le chemin des victoires. Il faut également réfléchir à une véritable politique de football, pour améliorer la performance de notre sport roi au niveau national, et ne pas se contenter du fruit de la formation étrangère. Pr Rachid Hanifi