On est comme ça, on aime la douceur, les euphémismes et on le sait, ce n’est pas une simple défaite mais une humiliation avec une sortie au premier tour de la CAN en tant que dernier du groupe.
Tout comme ce n’est pas un régime nationaliste dirigiste, mais une autocratie car pendant la même CAN les arrestations ne se sont pas arrêtées et au moment même du match contre la Côte d’Ivoire, le Conseil d’Etat fermait un parti politique vieux de 30 ans, le PST, pour «la non-tenue de son congrès de mise en conformité dans les délais», ce que dément le parti.
Qui a raison ? Le football bien sûr, là où on ne peut pas tricher, le meilleur gagnant la partie. D’où ce décalage qui avait duré entre une équipe qui gagne et le pays qui ne gagne pas grand-chose, entre une équipe en haut des classements et le pays qui flotte dans les bas de tableaux.
C’est pour cette raison que les dirigeants politiques, tout heureux d’avoir brandi le trophée de la Coupe arabe, en espéraient davantage, mais la différence était trop grande entre les conférences de presse de Belmadi et celles de Kamel Rezig, soit le régime devait aller vers l’ouverture, soit l’équipe de football vers de médiocres performances pour être en adéquation.
Il y a d’ailleurs cette étrange relation que plusieurs Algérien(ne)s ont soulevée, en 1988 suite au soulèvement populaire qui a accouché de grandes ouvertures, entre autres la création du PST et de ce journal sur lequel vous pouvez lire ces lignes, l’Algérie gagnait sa première Coupe d’Afrique, en 1990. L’Algérie replongeait ensuite dans l’autocratie et l’équipe de football était éliminée au premier tour à la Coupe d’Afrique de 1992.
En 2019, le hirak, et dans la foulée, l’Algérie gagnait sa deuxième Coupe d’Afrique. La suite, tout le monde la connait, en 2020, le hirak entre en prison et l’autocratie remonte sur le trône, l’Algérie est éliminée au premier tour de la Coupe d’Afrique en 2022. Coïncidence ? Bien sûr. Toute autre interprétation est passible d’une peine de prison.