L’Union européenne (UE) a indiqué hier «regretter» la décision des autorités nigériennes de mettre fin à deux missions de sécurité et de défense de l’UE dans le pays, selon l’AFP citant la diplomatie européenne.
«L’Union européenne regrette la décision prise par la junte de dénoncer l’accord établissant la base juridique de déploiement de la mission européenne Eucap Sahel Niger et de la mission de coopération militaire EUMPM», a déclaré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, dans un communiqué. Il a ajouté que l’UE en tirerait «les conséquences opérationnelles qui s’imposent».
L’Eucap Sahel, active depuis 2012, comptait un effectif de quelque 130 gendarmes et policiers mis à disposition par les pays de l’UE pour soutenir les forces de sécurité intérieures nigériennes en matière de lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée et de migration irrégulière. Elle «a entraîné plus de 20 000 éléments des forces de sécurité intérieure», rappelle Josep Borrell. Lancée en février à la demande des autorités de ce pays, elle «visait à soutenir l’armée nigérienne dans sa lutte contre le terrorisme», EUMPM Niger, ajoute le diplomate.
L’annonce de la fin de ces missions a été faite lundi, lors d’une visite à Niamey d’une délégation russe, conduite par le vice-ministre de la Défense, le colonel-général Yunus-Bek Yevkurov. Elle a été reçue par le chef de la junte, le général Abdourahamane Tiani.
A l’issue de cette rencontre, les deux parties ont signé des documents «dans le cadre du renforcement» de leur coopération militaire, ont indiqué les autorités nigériennes. Le Niger s’est également rapproché du Burkina Faso et du Mali voisins, partenaires comme lui de la Russie et dirigés par des militaires issus de coups d’Etat.
«Ambitions légitimes contrariées»
Après le Mali l’an dernier, le Niger et le Burkina ont annoncé samedi leur départ de l’organisation antidjihadiste G5 Sahel. Une décision qui a pris effet dès le 29 novembre, neuf ans après la création de l’organisation dont les membres restants sont la Mauritanie et le Tchad. Dans un communiqué conjoint rendu public samedi, Niamey et Ouagadougou, «l’organisation peine à atteindre ses objectifs». «Pire, les ambitions légitimes de nos Etats, à faire de l’espace du G5 Sahel une zone de sécurité et de développement sont contrariées par des lourdeurs institutionnelles, des pesanteurs d’un autre âge qui achèvent de nous convaincre que la voie de l’indépendance et de la dignité sur laquelle nous sommes aujourd’hui engagés, est contraire à la participation au G5 Sahel dans sa forme actuelle», poursuivent-ils.
Ils affirment avoir pris une «responsabilité historique» en quittant une organisation qui «saurait servir les intérêts étrangers au détriment de ceux des peuples du Sahel, encore moins accepter le diktat de quelque puissance que ce soit au nom d’un partenariat dévoyé et infantilisant qui nie le droit à la souveraineté de nos peuples et de nos Etats».
En septembre, le Niger, le Burkina et le Mali ont créé l’Alliance des Etats du Sahel (AES), pour renforcer leur coopération. Les chefs de la diplomatie des trois pays ont proposé, vendredi soir, la création d’une confédération, avec pour ambition de parvenir à terme à une fédération. Les trois ministres ont insisté sur la diplomatie, la défense et le développement «pour consolider l’intégration politique et économique» entre les trois pays.
Comme le Niger, le Burkina et le Mali sont confrontés aux violences terroristes et ont obtenu le retrait des soldats français.
Depuis le renversement du président Mohamed Bazoum, les militaires au pouvoir rompent peu à peu les liens avec les partenaires occidentaux du régime déchu. Après avoir notamment obtenu le départ des forces françaises, en cours jusqu’à fin décembre, ils se cherchent de nouveaux alliés et se sont notamment rapprochés de la Russie.