Entre le BEM et le bac, une nouvelle liste d’attribution de budgets pour des longs métrages 2024 vient d’être publiée l Des heureux élus, parmi eux des réalisateurs chevronnés et d’autres qui n’ont jamais ou peu fait de films, et bien sûr, des déçus, devront attendre la prochaine session ou les rattrapages. Détails.
En attendant les budgets pour 2025 qui seraient annoncés au mois prochain, selon des sources proches de la caisse, 500 millions de dinars ont été affectés à 16 longs-métrages, 60 millions de dinars pour 8 courts-métrages, 34 millions pour 4 documentaires et 14,3 millions pour 6 aides à l’écriture de scénarios.
Pour les comptes et les compteurs, 500 divisés par 16 donnent 31 millions de dinars par film, soit 3,1 milliards, bien que les budgets ne soient pas répartis de la même manière, tout dépend de tout dépend, pour les courts 7,5 millions de dinars chacun, mais avec un budget plus ou moins bien réparti, mais moins que pour les documentaires, 34 divisés par 4 qui donnent 8,5 millions.
Enfin, pour les aides à l’écriture, 2,3 millions de dinars chacune, ce qui a donné cette idée à un producteur recalé, faire un long métrage d’un assemblage de 4 courts-métrages avec un documentaire sur le long-métrage mais en passant par une aide à l’écriture, ce qui fait 31+ (4 x 7,5) + 8,5 + 2,3, soit 71,8 millions de dinars, soit 718 millions moins les taxes, plus les frais sans les surfacturations.
Plus sérieusement, dans la liste des bénéficiaires, on a retrouvé Hakim Traïdia qui avait protesté contre la sélection par la commission puis l’annulation d’un de ses projets, Van Gogh et moi, qui revient avec un nouveau projet, Enigma, Drifa Menzer, une ex de la commission d’attribution qui se voit attribuer par la commission un budget pour Lila et Khalil, le comédien Khaled Benaissa qui revient à la réalisation avec Derrière les barreaux qui n’a rien à voir avec Ben M’hidi dont il vient d’incarner le personnage, Adila Bendimered qui repart avec Ezzahia, probablement une prochaine reine, sur la troupe de théâtre de Allaoua dans les années 20, et Houari Mesri, avec un film au titre prémonitoire, Le tirage au sort. Pour les autres, citons L’agriculteur d’Amor Hakkar et La flûte et le berger de Salim Hamdi, dans le cadre champêtre, La naufragée du désert de Rabah Amar Zaïmeche et Sur la routes des sables enflammés de Ahmed Riad au chapitre saharien, et enfin Nous ne reverrons plus jamais de Tahar Chawki Boukaf, dont le titre n’a rien à voir avec la sélection en commission, Houria de Nadir Hadef, Nidhalohoun (Leur lutte) de Belkacem Hadjadj et Rokia de Yanis Koussim pour les femmes, et enfin Espoir de Akram Zaghba, peut-être pour tous ceux qui n’ont pas été sélectionnés.
Pour les courts, citons juste Nous sommes revenus, un film en 3D de Mohamed Narimane, une première, et on aura fait plus ou moins le tour. Mais pour revenir aux longs métrages, le plus marquant et que l’on n’a pas encore cité est bien celui de Jean-Marc Minéo, champion de France de Kung Fu. Après Algeria Forever / Les Portes du soleil tourné à Oran et sorti en 2014 d’un casting improbable, avec le producteur Zakaria Ramdane lui-même dans le rôle principal, le comique Smaïn et le boxeur Mike Tyson, le vrai, dans le rôle de lui-même en tenue traditionnelle du sud algérien, Sonia Kouninef, Bahia Rachedi et la chanteuse pop Lorie qui joue un colonel du DRS, il vient d’obtenir le fonds d’aide pour le tome 2 de l’aventure, Algeria forever 2-Spy eyes, du nom du virus informatique créé par le célèbre hacker algérien Hamza Bendelladj, toujours détenu aux USA.
Le sourire cinématographique de Hamza
Tourné entre Bangkok, là où Hamza Bendelladj a été arrêté, et Oran, le film fera donc suite au premier, tourné exclusivement à Oran, patrie du producteur Zakaria Ramdane qui a travaillé avec Bernard Tapie et réussi dans les affaires pour s’investir dans le cinéma.
C’est lui qui avait produit Les portes du soleil sur ses fonds propres (4 millions de dollars) avec Kanibal Films et Access V-Prod, considéré alors comme le premier film d’arts martiaux algérien, entre complots ourdis et testostérone à tous les étages, avec un héros veut défendre sa patrie à tout prix, l’Algérie, contre un groupe qui veut ressusciter l’OAS, avec cette scène cocasse dans une discothèque oranaise où Mike Tyson intervient dans une bagarre après que l’un des clients l’ait traité de «Mike Tyson de Timimoun» sans savoir (dans le film) que c’était le vrai, de Brooklyn.
Pour le film suivant donc, Algeria forever 2 alias Spy eyes, nul doute que le budget du ministère, 3 milliards, soit 150 000 dollars, ne sera pas suffisant mais il s’agira cette fois de guerres informatiques, hackers, services secrets avec encore de la testostérone, des bagarres et de l’action, et surtout ce clin d’œil en hommage à Hamza Bendelladj, sorti de Bab Ezzouar avec un diplôme d’ingénieur en informatique, arrêté en 2013 puis extradé vers les USA où il a été condamné à 15 ans de prison. Surnommé le hacker souriant, il sera recherché pendant 5 ans par Interpol, dans le top 10 du FBI pour avoir dérobé 200 milliards de dollars de banques dont il a affirmé les avoir reversés à la résistance palestinienne, à des hôpitaux et associations caritatives en Afrique. Il n’y a pas que le producteur Zakaria Ramdane et Jean-Marc Minéo qui s’intéressent à Hamza Bendelladj, l’année dernière, Canal + annonçait le film Smiling Hacker (le hacker souriant), tiré de l’histoire vraie de Hamza avec son air de Larbi Ben M’hidi tout aussi souriant lors de son arrestation. Avec un scénario écrit par la Franco-Libanaise Audrey Diwan et réalisé par le duo Adil El Arbi-Bilal Fallah qui a déjà réalisé Black, Gangsta ou Bad boys for life, ce thriller devait sortir dans les salles de cinéma à la fin de l’année avec Tahar Rahim dans le rôle de Hamza, bien qu’il n’y ait pas eu de nouvelles sur le sujet.
Pour le vrai Hamza, lors l’un de ses procès en septembre 2023, une erreur de procédure avait conduit à la relaxe et le parquet avait fait appel pour un procès en janvier 2025, à Paris. Sauf que la peine de prison de Hamza Bendelladj aux Etats-Unis s’achèvera le 6 juillet 2024 et comme lors de son procès, l’enfant d’El Madania avait annoncé qu'«à ma libération, j’irai en Algérie», il viendra probablement ici, à l’abri de la justice française si Alger refuse de l’extrader. De fait, il pourra peut-être jouer son propre rôle dans le film de Jean-Marc Minéo. Tout est possible. En informatique.
Chawki Amari