L’inspecteur phytosanitaire de wilaya, Boukhalfa Kaci, note que cet arbre qui était très cultivé localement, particulièrement pour la valeur économique de la figue sèche qui était jadis exportée, suscite de nouveau l’intérêt des agriculteurs.
Un regain d’intérêt pour la culture du figuier (figuiculture) est enregistré ces dernières années dans la wilaya de Tizi Ouzou où cette filière ancestrale a été remise au goût du jour par des agriculteurs qui sont de plus en plus nombreux à créer des vergers figuicoles.
Motivés par la valeur économique, de la figue sèche notamment, et culturelle, de l’arbre, le figuier tout comme l’olivier étant des produits du terroir symboles non seulement de la région de Kabylie mais de tout le bassin méditerranéen, des agriculteurs, dont de nombreux jeunes, s’orientent depuis quelques années vers cette culture, jadis très développée à travers les quatre coins de la wilaya de Tizi Ouzou.
Les chiffres concernant la situation du verger figuicole de la wilaya, communiqué à l’APS par la direction locale des services agricoles, reflètent cette tendance à l’investissement dans la filière. Entre la saison dernière et l’actuelle, la superficie occupée par le figuier a augmenté de près de 215 ha en passant de plus de 5102 ha en 2021/2022 à plus de 5316 ha la saison actuelle (2022/2023), a indiqué la chargée de la filière arboricole à la Direction des services agricoles (DSA), Khadidja Chibani.
De son côté l’inspecteur phytosanitaire de wilaya, Boukhalfa Kaci, a noté, lui aussi, que cet arbre qui était très cultivé localement, particulièrement pour la valeur économique de la figue sèche qui était jadis exportée, suscite de nouveau l’intérêt des agriculteurs. «La figue sèche a toujours été une source de revenu pour les montagnards et la culture du figuier se pratique dans les régions littorales jusqu’à près de 1 000 mètres d’altitude», a-t-il relevé.
Revenant sur l’histoire de cette culture, M. Kaci a souligné que la culture de la figue a connu un essor important après l’indépendance de l’Algérie. A Tizi Ouzou, la filière était très développée et le processus de séchage des figues maîtrisé. «La figue sèche de la wilaya était exportée en quantité importante vers plusieurs pays, et avec cette assurance de vendre leurs productions, les agriculteurs s’orientaient vers l’extension de leurs plantations», a-t-il dit.
Toutefois, un problème est survenu et a impacté sévèrement le développement de la filière. «Dans les années 1980, il y a eu une rupture des exportations suite à un retard de livraison, ce qui a engendré un dépérissement de la production non vendue», a expliqué M. Kaci. «La rupture de la commercialisation du produit a énormément affecté la culture et les agriculteurs ont progressivement abandonné cette culture pour s’orienter vers d’autres activités», a-t-il regretté.
Plus de 30 000 jeunes figuiers plantés
La flambée des prix de la figue sèche devenue un mets très demandé notamment pour sa valeur nutritive et ses bienfaits sur la santé, et ensuite la labellisation de la figue sèche de Béni Maouche (Béjaïa), a fait prendre conscience de l’importance économique de ce fruit et les agriculteurs se sont donc mis ou remis à la cultiver, relève le même responsable.
Aujourd’hui, et malgré certaines contraintes liées principalement aux changements climatiques et aux incendies, dont ceux de 2021 ayant causé la perte de plus de 19 050 ha d’arbres fruitiers principalement des oliviers mais aussi des figuiers et autres espèces, des agriculteurs se lancent dans cette culture. Les avantages offerts par l’Etat et les différents programmes de compensation des dégâts causés par les incendies mais aussi d’autres opérations destinées à développer l’arboriculture fruitière, ont encouragé cette tendance.
Ainsi, selon Mme Chibani, plus de 30 000 nouveaux plants de figuiers ont été plantés dans le cadre des différents programmes inscrits par le ministère de l’Agriculture au profit de la wilaya, ce qui a permis d’augmenter la superficie occupée par cette culture, au niveau de la wilaya. Ces jeunes arbres entreront en pleine production dans 6 ou 7 ans, a noté Kaci Boukhalfa.
Concernant les prévisions de production de figues fraîches pour cette saison, les services de la DSA tablent sur plus de 120 100 q avec un rendement moyen de 15 q/ha, a indiqué la chargée de la filière arboricole qui a noté que des pics de production de 30 q/ha ont été réalisés cette année. Ces prévisions sont nettement en hausse comparativement à la saison dernière où seulement 31 928 q de figues ont été récoltés avec un faible rendement de 8 q/ha.
La faible production de l’année passée était due à une chute importante de fruits avant la maturité que Mme Chibani a expliqué par les précipitations importantes durant la période de nouaison des figues. Le manque de caprification, une opération qui consiste à placer des figues issues de figuier sauvage (doukkar) sur les figuiers cultivés afin de favoriser davantage la pollinisation, peut aussi causer la chute des fruits, a observé, pour sa part M. Kaci.
La fête de la figue de Lemsella, organisée les 31 août et 1er septembre, est justement un événement initié par le comité de ce village et l’association Tighilt afin de contribuer à la relance de cette filière. Elle vise à sensibiliser sur l’importance économique et culturelle du figuier, débattre des éventuelles contraintes au développement de cette culture, y proposer des solutions, et créer un espace de rencontre entre agriculteurs et spécialistes en figuiculture.