La 13e édition du Festival national de théâtre de marionnettes, du 21 au 25 juin, sera particulière au regard des conditions ayant présidé à sa tenue.
Ainsi, toutes les cartes ont été brouillées au point que les compagnies qui raflaient ses prix ne participeront qu’en Off pour repartir avec un cachet, soit une obole après trois années d’inactivité en raison du Covid. Entre-temps, des compagnies habituées du festival ont disparu, alors que ce sont d’autres wilayas où le théâtre de marionnettes était inexistant qui vont tenir le haut du pavé en participant à la compétition.
On verra, lors de celle-ci, s’il y aura de solides compétiteurs. Lors d’un point de presse, Ali Bouchikhi, le commissaire du festival, a indiqué que treize troupes ont candidaté chacune un spectacle. Elles sont des wilayas de Relizane, Tipasa, Tizi Ouzou, Blida, Constantine, Sidi Bel Abbès, Adrar, Chleff, Oran, Bordj Bou Arréridj, Djanet, Alger et Témouchent dont près de la moitié n’a jamais mis les pieds à Témouchent. Il n’a cependant été retenu que six spectacles jugés dignes de figurer en compétition pour cinq trophées.
Le niveau de financement concédé par le ministère ne permet d’héberger qu’une nuitée chacune des troupes, ce qui va impacter négativement l’un des objectifs du festival, à savoir la rencontre et les échanges entre marionnettistes afin d’élever le niveau de leur pratique artistique. De la sorte, les deux stages concernant la fabrication de la marionnette à fil et la marotte, dite à tige, et leur manipulation vont concerner des débutants de la wilaya qui, eux, ne nécessitent pas une prise en charge. Une journée de réflexion va être consacrée à l’état des lieux et perspectives du théâtre algérien ainsi qu’un hommage à des artistes.
Enfin des spectacles récréatifs sont programmés au niveau de trois chef-lieu de daïra disposant d’espaces pouvant accueillir des spectacles. En définitive, cette édition va être une des plus faibles en raison des moyens dont dispose le festival mais encore de son inopportune programmation par le ministère.
«L’organisation de ce festival, n’ayant été connue qu’en avril, pouvait-on en un mois et demi écrire une pièce, fabriquer les marionnettes et répéter pour présenter un spectacle abouti ? Si c’est pour un spectacle fourre-tout, avec clown et autres puérilités pour une séance d’animation à caractère récréatif, ce serait facile, mais ce serait de l’indigence artistique. Les décideurs culturels ont-ils conscience de cela ? Y a-t-il quelqu’un qui réfléchit à ce type de difficultés avant que soit arrêtée la programmation des festivals ?», tempête un habitué du festival.
Un autre interlocuteur, tout aussi remonté, note : «Pour le théâtre d’acteur, il y a été réfléchi de toute évidence, les théâtres et les compagnies ont bénéficié de subventions pour monter des spectacles, mais rien pour le théâtre de marionnettes ! »
Si ces propos sont l’évidence même, il n’en reste pas moins vrai qu’une bonne part de la responsabilité revient aux marionnettistes du fait de leur éparpillement et de leur incapacité à se constituer solidairement en force de proposition.