L’association de valorisation et du développement du territoire, en partenariat avec l’INRA de Oued Ghir, a organisé une conférence-débat autour de cette filière, dans le but d’alerter contre un ravageur des figuiers, notamment, le scolyte, un insecte dont l’apparition est signalé ces dernières années.
Organisée la semaine dernière à la bibliothèque de Fenaia (El Kseur), cette journée de sensibilisations a permis aux invités de découvrir, à travers une exposition, les différentes variétés de la figue cultivée dans la région de Béjaïa, avant d’assister à deux communications scientifiques. La première conférence, qui a traité de «L’Émergence d’un nouveau ravageur (hypocryphalus scabricollis) sur le figuier dans la région de Béjaïa», a été présentée par le Professeur Oudjane Aldjia, représentante de l’équipe des chercheurs de l’INRA de Oued Ghir. La seconde est consacrée aux «bienfaits de la pratique de caprification sur la qualité de la figue séchée», et qui a été développée par l’ingénieur agronome Hamoudi Chafiaa, de l’Association des figuiculteurs de la wilaya de Béjaïa.
C’est le président de l’association, Sadek Amara, qui a ouvert la séance en rappelant les objectifs de la rencontre, en précisant qu’on doit sortir avec des recommandations aux fellahs et des interpellations des autorités concernées pour freiner la propagation de l’épidémie que cause ce ravageur de figuier. Le Professeur Oudjane Aldjia, dans son exposé, a fait remarquer qu’au cours de ces dernières années des dépérissements du figuier entraînant la mort des arbres ont été constatés dans tous les pays du pourtour méditerranéen. Et le phénomène a été repéré même en Algérie, notamment dans les wilayas de Jijel, Sétif, Béjaïa et Tizi Ouzou, néanmoins depuis 2018 et selon certains témoignages depuis 2011.
Alertée en 2018 par des fellahs de la wilaya de Béjaïa, une équipe de chercheurs de l’INRA, composée de six membres, s’est constituée et s’est lancée dans la collecte d’un maximum d’informations sur l’agent causal. Six localités ont été ciblées par une étude, dont la collection de l’INRAA de Oued Ghir, Igher n’Denni et Aït Ouamar de la commune de Beni Maouche, de Guenana et Tibkert de la commune de Kendira, et aussi de Aït Sidi Ali de la commune de Berbacha. La première observation relève que le phénomène se manifeste par un dessèchement partiel de certaines branches, puis atteint rapidement la totalité de l’arbre. Quelque temps après, l’arbre succombe.
Ce flétrissement et le dépérissement des arbres sont dus à un nouveau ravageur xylophage récemment introduit en Algérie. Il s’agit d’un scolyte de nom scientifique d’hypocryphalus scabricollis, (un insecte de taille environ de 2 mm) qu’on nomme dans le pays : «Tueur de figuiers.» Cependant, ces scolytes (insectes), dans certaines conditions, s’attaquent aux arbres sur pied en perforant des galeries sous l’écorce, et ce, soit parce que les populations de celles-ci sont trop importantes pour ne se contenter que du bois mort, soit parce que les arbres sont affaiblis (stress hydrique, carence nutritionnelle liée à un sol appauvri…) En conclusion, l’oratrice nous informe qu’«en général, il n’existe pas de méthodes de traitements efficaces pour lutter contre les scolytes. La lutte est difficile, car l’insecte passe la majeure partie de son cycle de vie sous l’écorce, à l’abri des traitements insecticides potentiels. Aucun traitement chimique n’est actuellement homologué pour lutter contre ce scolyte sur les arbres vivants.
Comme les arbres infestés ne peuvent généralement pas être sauvés, il est préférable de procéder à une lutte préventive plutôt que curative». Comme premier conseil aux agriculteurs, elle leur suggère l’abattage des sujets infectés et d’enlever et brûler le bois rapidement. Comme elle leur conseille des arrosages en été pour parer au stress hydrique et à la fertilisation et à l’amendement des sols. Elle termine en interpellant les services compétents à intervenir pour éradiquer ce phénomène avant qu’il ne soit trop tard. La deuxième communication est consacrée à l’étude et à l’expérimentation de la caprification et aux différentes méthodes de séchage des figues. Un exposé qui a été présenté par la chercheuse de Béni Maouche, Aït Hamoudi Chafiaa, de l’Association des figuiculteurs de la wilaya de Béjaïa.