Femme rurale à Boumerdès : En quête d’une vie meilleure

23/10/2024 mis à jour: 17:05
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Des femmes de milieux ruraux ont exposé leurs produits à Boumerdès - Photo : El Watan

24 femmes ont bénéficié d’aides à l’occasion de la Journée internationale de la femme rurale.

Venue de Belhasnat, un village perché sur les hauteurs de Tidjellabine, K. Houria (63 ans) est  heureuse de participer au salon organisé à Boumerdès, mercredi dernier, à l’occasion de la Journée mondiale de la femme rurale. K. Houria n’est pas venue les mains vides. Sa table d’exposition est garnie de figues sèches, d’olives et de pots de miel. «J’ai suivi une formation en apiculture à l’institut de Heuraoua en 2022.

J’avais commencé avec cinq ruchers, aujourd’hui, j’en ai une trentaine», dit-elle. Mère de 9 enfants, la vieille femme est très attachée au travail de la terre. «J’ai hérité d’une grande parcelle à Takhroubt. Avec l’aide de mon mari, on y a planté 500 oliviers, 70 figuiers, pêchers, pommiers, pruniers, etc.», relate-t-elle. Les fruits arrivent au bout de quelques années de durs labeurs. «En été, je vendais des figues, et en hiver, le miel et les figues sèches.

Cela m’a permis d’être autonome sur le plan financier», confie-t-elle. En septembre 2021, les feux de forêt sont passés par là. 80% de son verger ont été ravagés par les flammes. «L'Etat m’a donné beaucoup d’oliviers, mais la route desservant mon verger est impraticable», se plaint-elle.

Analphabète, l’âge ne l’a pas dissuadée de suivre des cours à la mosquée du village afin d’apprendre à lire et à écrire. «J’ai appris plusieurs sourates du Coran. Maintenant, j’écris facilement mon nom et je sais lire les plaques de direction. C’est l’essentiel», se contente-elle de dire. Comme Houria K., des dizaines d’autres femmes ont exposé leurs produits à la maison de la culture Rachid Mimouni.

Contribution de la DAS

La journée a été marquée par la distribution d’aides pour 24 femmes. «15 de celles qui font des gâteaux traditionnels ont bénéficié de fours afin de développer leurs activités alors que neuf autres ont obtenu des ruches (5) pour se lancer dans l’apiculture», a indiqué la directrice de l’action sociale.

L’opération est la 2e du genre après celle organisée en mars dernier en l’honneur de cinq femmes. Apicultrice, T. Khedaoudj (46 ans) a obtenu cinq ruches, mais il lui reste un obstacle de taille. Son terrain au village Amstas (Keddara) n’est pas accessible par véhicule. «Il reste 200 m de piste à ouvrir.

J’ai tenté de le faire avec mes propres moyens, mais j’ai été bloquée par les services des forêts», se désole-t-elle. Mme Fatma-Zahra est coordinatrice d’une cellule de proximité et de solidarité (CPS) de la DAS. Sa mission est d’aider les familles en difficulté et de mener des actions à caractère humanitaire en faveur des démunis.

Composée d’une équipe pluridisciplinaire, la cellule a aidé plusieurs familles. Parmi elles, figure O. Dalila, couturière âgée de plus de 40 ans. Cette dernière, divorcée et mère de 4 filles, mène une vie de misère dans une baraque de fortune à Corso. «L’eau ruisselle de partout ces derniers jours. En été, mon logis se transforme en fournaise.

Quant aux rats, ils sont omniprésents aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la demeure», décrit-elle, la tête baissée pour dissimuler ses larmes. Pour subvenir aux besoins de ses filles, Dalila confectionne des torchons et des couettes qu’elle commercialise difficilement.

En attendant des jours meilleurs. «On m’a donné un local loin de la ville, mais mon seul rêve est d’avoir un logement décent pour sauver mes filles. D’ailleurs, une d’elle est handicapée et leur père ne nous verse aucune allocation», se plaint-elle, en espérant pouvoir un jour exposer son problème à la wali.

Assise à ses côtés, T. Nadia (50 ans) exploite une parcelle de 9 ha dont une grande partie est plantée de raisins de table. «Mon époux était membre d’une EAC à Haouch Brok (Boumerdès). Après sa mort en 2019, j’ai été obligée de continuer le travail de la terre pour nourrir mes 4 enfants.

Ses frères ont tenté de s’approprier une partie de notre exploitation, mais je ne les ai pas laissés faire», raconte-t-elle. Malgré les stéréotypes, Nadia chausse chaque jour ses bottes et descend dans son champ qu’elle cultive fièrement sous les regards moqueurs de certains esprits malintentionnés. Aujourd’hui, elle emploie 7 personnes et parvient à s’imposer dans un domaine qu’on croyait réservé aux hommes.  

 

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