Fattoum Lakhdari, agro-écologiste : «Il faut un suivi de la stratégie des changements climatiques»

08/08/2024 mis à jour: 20:29
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Le réchauffement de la Terre inquiète, avec l’augmentation substantielle ces dernières années des températures. Les scientifiques ont constaté une raréfaction de l’eau et une crise qui risque d’affecter la sécurité alimentaire.

 C’est autour de ces problématiques qu’est intervenue hier l’agro-écologiste Fattoum Lakhdari lors de son passage à l’émission «L’invité de la rédaction» (radio Chaîne 3). «Le changement climatique impacte tous les domaines, tant les aspects biophysiques du milieu naturel que socioéconomiques», affirme-t-elle, et d'appeler à la mise en place d’un comité scientifique chargé de suivre la mise en œuvre de la stratégie nationale relative à ce phénomène. 

Selon elle, «la question de la sécurité alimentaire est parmi les priorités du pays, car elle est intimement liée à la question des changements climatiques et à notre capacité d’adaptation et de résilience». Dans ce contexte, une des plus grandes conséquences est la migration climatique dont on parle de plus en plus aujourd’hui. 

«Les sécheresses et la récurrence du stress induisent une carence en matière de ressources hydriques. La sécurité alimentaire et la sécurité hydrique restent très liées et elles ont un impact sur d’autres volets de la vie humaine, en particulier la santé, le développement économique et social», met-elle en exergue. Pour elle, une des priorités est d’économiser la moindre goutte d’eau sur le plan agricole, urbain et industriel. 
«Il y a eu des travaux effectués en Algérie avec l’implication de tous les secteurs. 

Le ministère de l’Environnement a déjà fait pas mal d’efforts et rédigé des documents relatifs au changement climatique, dont le Plan national climat (PNC), il y a eu aussi une stratégie nationale qui a été élaborée et finalisée l’année dernière par le ministère de l’Enseignement supérieur en impliquant les scientifiques des différents secteurs. A mon avis, si on fédère tous les travaux, nous pouvons vraiment faire face à ce défi mondial», souligne-t-elle. Mais elle attire l’attention sur un volet à ne pas négliger : «Le suivi et l’évaluation de la stratégie et de sa mise en œuvre. Ce devrait être une règle à respecter.» 


TASK FORCE

Les changements climatiques mettent en ébullition la biophysique, «c’est-à-dire tout ce qui est biodiversité, tout ce qui est phénomène lié à la nature, les incendies, tous les phénomènes extrêmes, mais il y a aussi les aspects liés à tout ce qui est développement socioéconomique et culturel, nous avons intérêt à mettre des jalons de suivi et d’évaluation de la stratégie et qui touchent à tous les secteurs qui doivent ainsi s’impliquer, y compris celui de la Recherche scientifique». Elle propose une task force pour suivre la concrétisation de la stratégie et savoir ce qui a été entrepris comme actions. «Il y a des indicateurs d’évaluation qu’il faut utiliser, mais cela ne nous empêche pas de continuer à interpeller toutes les institutions impliquées, comme l’Institut national d’étude de stratégie globale (Inesg), qui font un excellent travail par rapport aux stratégies nationale du pays et à la question climatique», met-elle en évidence. 


Cette task force doit avoir le feu vert pour communiquer et doit recevoir toutes les données. Elle doit aussi avoir la possibilité de désigner des petites équipes scientifiques et de les dépêcher sur le terrain car «l’évaluation ne doit pas être faite uniquement sur des documents et des chiffres mais surtout sur le terrain».

Les premiers indicateurs et mesures d’évaluation font ressortir qu’on utilise presque 67 à 70% de l’eau disponible et, jusque-là, nous utilisons moins de 5% d’eaux usées et traitées vers l’agriculture et uniquement dans la région ouest, qui est marquée par les sécheresses. 

Concernant le Barrage vert, elle souligne qu’il «ne doit pas se limiter à l’ancien tracé, qui était une excellente idée de l’époque mais les choses ont évolué, il doit impliquer tous les territoires, on doit aller aux territoires du Nord incendiés qui ont subi des pertes considérables et les régions sahariennes». 

Elle parle de la nécessité d’élaborer et développer des cartographies comme instrument d’aide à la décision. «Le saraha, qui couvre 87% du territoire, c’est là où nous avons notre avenir. 

Nous avons des référentiels qui ont permis à des populations algériennes de s’y établir à travers le modèle oasien, et qui n’est rien d’autre que la création d’une forêt spéciale désert qui est la phœniciculture (culture des dattiers)». 
 

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