Fateh Daoudi. Sous-direction de la prévention à l’Office de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT) : «Nous sommes passés de 2,85 millions de comprimés saisis en 2019 à 11 millions en 2022»

03/04/2023 mis à jour: 05:05
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Exerçant à la sous-direction de la prévention au niveau de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), Fateh Douadi se montre «inquiet» face la hausse des volumes de psychotropes, principalement la Prégabaline, saisis par les services de sécurité après leur introduction  en Algérie, du territoire libyen. 

 Selon lui, cette drogue «est déversée en Libye, puis acheminée vers l’Algérie, la Tunisie et d’autres pays. Cependant, il n’y a pas que la Libye, il y a aussi des pays comme le Niger, le Mali, le Nigeria, où elle est produite par des laboratoires clandestins. Je pense que la destination finale de la marchandise est l’Europe et non pas l’Algérie. 

Mais comme il y a de la demande, une grande partie reste chez nous. Les dealers sont attirés par le gain facile. Ils préfèrent faire le commerce des psychotropes, où ils prennent moins de risques, que le cannabis par exemple. D’ailleurs, il y a une baisse importante du volume des saisies de kif traité, depuis 2020. Nous sommes passés de 88 tonnes de cannabis récupérés en 2020, à 71 tonnes en 2021, pour atteindre 58 tonnes en 2022. 

Pendant ce temps, ce sont les volumes de saisies de psychotropes qui ont pris leur envolée. Ils sont passés de 2,85 millions de psychotropes, en 2019, à 6 millions en 2020, puis redescendus à 5,26 millions en 2021,  avant d’atteindre 11,351 millions en 2022. Soit une augmentation globale de 115%. Cela est dû au fait que ces produits soient facilement transportables et en grandes quantités, mais aussi parce que leur effet sur le consommateur est immédiat». M. Douadi relève, par ailleurs, que les psychotropes «occupent la seconde position» après le cannabis. «C’est un marché important qui génère des fonds colossaux. 

Durant la pandémie Covid-19, il y a eu un recul grâce au dispositif de sécurité mis en place par les autorités du pays au niveau de nos frontières Ouest, lequel dispositif a poussé les Marocains à  contourner nos frontières et passer en dessous de la bande frontalière avec les pays du Sahel. Cela ne veut pas dire que nous sommes dans le risque zéro. Tout comme les barons s’adaptent aux mesures de sécurité, l’Algérie revoit à chaque fois sa stratégie selon l’évolution des trafics».

 A ce titre, notre interlocuteur ne manque pas de  mettre en avant  «les changements constatés dans les itinéraires utilisés par les barons, les routes de la drogue et même le dispositif habituellement mis en place pour l’acheminement de la drogue». Selon lui, la situation «est inquiétante et nous interpelle tous. Les pouvoirs publics ont fait de la lutte contre la drogue, une priorité et de ce fait, ont pris les dispositions nécessaires pour y faire face». 

M. Douadi estime, par ailleurs, que les structures intermédiaires de soins d’addictologie et les centres de désintoxication ne chôment pas. «En 2022, il y a eu 27 173 demandeurs de soins. Ils étaient  19 700, en 2019,  21 638, en 2020. Ces demandeurs étaient plus nombreux avant, avec 24 424, en 2018 et 23 416, en 2019. 

Pendant la période de la Covid-19, le nombre des patients a sensiblement diminué. Il y a donc une volonté de se soigner et de se reconstruire. Ce qui est très important pour la prise en charge», conclut notre interlocuteur.

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