L’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la France et les Pays-Bas ont annoncé un recours accru au charbon. La France, qui avait pour des raisons écologiques fermé en mars 2022 une centrale à charbon à Saint-Avold, a décidé de sa réouverture pour sécuriser les approvisionnements du pays en électricité, «à titre conservatoire, compte tenu de la situation ukrainienne et des tensions sur le marché de l’énergie», affirme le ministère de la Transition énergétique.
L’heure est au retour au charbon en Europe. La crise énergétique induite par la guerre en Ukraine fait craindre au Vieux Continent de passer un hiver froid. Une perspective qui remet au goût du jour les vieilles recettes, à commencer par le recours au charbon et au stockage du gaz.
Le souci écologique devient ainsi secondaire devant les besoins grandissants de l’UE de sécuriser ses approvisionnements en énergie, en cherchant non seulement d’autres fournisseurs que la Russie, mais aussi d’autres sources d’énergie moins coûteuse que le GNL.
L’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la France et les Pays-Bas ont annoncé un recours accru au charbon. La France, qui avait pour des raisons écologiques fermé en mars 2022 une centrale à charbon à Saint-Avold, a décidé de sa réouverture pour sécuriser les approvisionnements du pays en électricité, «à titre conservatoire, compte tenu de la situation ukrainienne et des tensions sur le marché de l’énergie», affirme le ministère de la Transition énergétique.
Ce pays européen met ainsi fin à plus de 30 ans d’efforts pour la réduction de la consommation de charbon, qui a baissé de 72% entre 1990 et 2020. Au nom de la solidarité européenne, la France s’approvisionnera en charbon allemand.
Le vice-chancelier allemand a annoncé, il y a quelques jours, la prolongation de la durée de vie des centrales à charbon. Les livraisons russes de gaz à l’Allemagne ont baissé depuis le début de la crise ukrainienne de 60%, et Berlin a senti l’urgence d’économiser afin de faire tourner son industrie et garantir un hiver au chaud pour sa population.
«C’est amer, mais c’est indispensable pour diminuer notre consommation de gaz», regrette le ministre de l’Ecologie allemand, Robert Habeck, qui avait pour mission de «décarboner» l’économie allemande. Cinq sites, qui devaient fermer leurs portes fin 2022 et fin 2023, ne le feront qu’en 2024. Ils rejoindront pour l’heure «la réserve de réseau» afin de faire face à d’éventuelles pénuries. Cette réserve est composée de 10 centrales à charbon fonctionnant en «cas de menace sur l’approvisionnement ou la stabilité du réseau».
Réduire la consommation de gaz
Les centrales, qui d’ordinaire ne sont utilisées que rarement et uniquement lors de grandes vagues de froid, doivent conserver suffisamment de combustible et de personnel pour pouvoir être réactivées en quelques jours ou même quelques heures.
Les autorités allemandes ont également incité les industriels à réduire leur consommation de gaz en échange de rétributions, et leur surplus de gaz sera distribué à d’autres entreprises qui seront dans le besoin. Le gouvernement n’exclut pas l’option du rationnement si les quantités d’énergie ne sont pas suffisantes, surtout si Moscou décide de couper la totalité de l’approvisionnement en gaz.
En Autriche, on assiste aussi au même recours «forcé» au charbon. Une solution d’urgence, justifient les autorités autrichiennes, qui ont décidé de la réouverture d’une centrale à charbon fermée au printemps 2020 avec ses 450 000 tonnes de charbon stockées.
Cette centrale d’une puissance de 230 mégawatts prendrait, en cas de problème d’approvisionnement, le relais de l’usine adjacente tournant au gaz et fournissant du chauffage aux 300 000 habitants de Graz. La tache n’est pas aussi simple, puisque le site nécessite d’être modernisé et il faut trouver des quantités suffisantes de charbon.
La perspective d’un hiver difficile fait ainsi réagir les Etats de l’UE. Les ministres de l’Energie des 27 pays de l’UE, réunis lundi dernier, ont voté à l’unanimité en faveur de l’adoption d’une nouvelle loi garantissant que le stockage de gaz en Europe sera rempli à au moins 80% d’ici novembre 2022.
Selon la Commission européenne, 12 pays de l’UE ont été confrontés à des interruptions de leurs livraisons de gaz russe et les niveaux d’approvisionnement sont deux fois moins élevés que l’année dernière.
«On craint désormais que les coupures ne se poursuivent, au point que l’UE perde la totalité de son approvisionnement en gaz russe d’ici la fin de l’année.» Contrairement aux déclarations des Etats de l’UE du début du conflit en Ukraine, le ton aujourd’hui est à l’inquiétude.
«La situation se détériore. Si l’approvisionnement en gaz des Etats membres est actuellement garanti, les risques liés à la sécurité d’approvisionnement sont plus grands que jamais… le moment est venu de passer à la vitesse supérieure», avertit Kadri Simson, commissaire européenne à l’Energie.