Face à la migration clandestine : La Mauritanie et l’Espagne comptent agir ensemble

29/08/2024 mis à jour: 23:28
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Le Premier ministre espagnol tente de convaincre certains pays africains de mieux contrôler leurs frontières - Photo : D. R.

L’Espagne fait face à une accélération spectaculaire des arrivées de migrants. Entre le 1er janvier et le 15 août, 22 304 migrants sont arrivés aux Canaries, contre 9864 pour la même période de l’an dernier, soit une augmentation de 126%. Pour l’ensemble de l’Espagne, la hausse est de 66% (de 18 745 à 31 155).

Espagne et Mauritanie ont annoncé un renforcement de leur coopération pour lutter contre les passeurs de migrants illégaux vers l’Europe et favoriser la migration légale, lors d’une tournée du Premier ministre espagnol destinée à contrer l’afflux de clandestins africains dans son pays.

Les deux pays ont signé, mardi soir, une «déclaration d’intention» ouvrant la voie à des accords pour renforcer leur collaboration contre la criminalité organisée sous toutes ses formes.

Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a précisé qu’il s’agit principalement de combattre le trafic d’êtres humains, lors d’une rencontre avec le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh Al Ghazouani, selon des propos rapportés par l’agence nationale mauritanienne.

Espagne et Mauritanie ont aussi signé un «mémorandum d’entente» de «migration circulaire» : l’Espagne fera connaître ses besoins en main-d’œuvre à la Mauritanie, qui sélectionnera des candidats dans le cadre d’un «projet pilote» d’une durée initiale d’un an et censé réserver une place particulière aux jeunes et aux femmes.

L’Espagne fait face à une accélération spectaculaire des arrivées de migrants clandestins, essentiellement via l’archipel des Canaries, porte d’entrée de l’Europe pour des milliers d’Africains qui prennent depuis des années la périlleuse route de l’Atlantique à la recherche d’un avenir meilleur.

Entre le 1er janvier et le 15 août, 22 304 migrants sont arrivés aux Canaries, contre 9864 pour la même période de l’an dernier, soit une augmentation de 126%. Pour l’ensemble de l’Espagne, la hausse est de 66% (de 18 745 à 31 155). La Mauritanie, important point de départ de migrants de différentes nationalités, est la première étape d’une tournée en Afrique.

Il est attendu hier en Gambie et aujourd’hui au Sénégal, deux autres pays de départ sur la côte ouest-africaine. Le chef de gouvernement socialiste, confronté à l’acuité du sujet en Espagne, a préconisé fermeté contre les filières et humanité vis-à-vis des migrants, et souligné «qu’il n’y a pas si longtemps encore, l’Espagne était aussi un pays de migrants».

«L’immigration n’est pas un problème, mais une nécessité qui s’accompagne de certains problèmes», a-t-il dit. En particulier, «nous devons lutter contre les mafias qui font le commerce d’êtres humains et jouent avec des vies humaines» et qui profitent «des conditions terribles et du désespoir de ceux qui ont recours à la migration irrégulière».

Projet pilote

Des milliers de personnes sont mortes en tentant de rejoindre ainsi l’Europe ces dernières années. Les deux pays se sont engagés dans une déclaration conjointe «à œuvrer ensemble à la promotion de migrations sûres, ordonnées et régulières» et garantir «un traitement juste et humain des migrants». Ils y «insistent sur la nécessité de lutter contre le racisme et la xénophobie sous toutes leurs formes».

Selon une source au sein de la présidence du gouvernement espagnol, la Mauritanie abrite quelque 200 000 réfugiés victimes de l’instabilité au Sahel, dont de très nombreux Maliens, qui sont des candidats potentiels à un départ vers les Canaries.

Le projet pilote de «migration circulaire» prévoit que l’Espagne communiquera à la Mauritanie des offres d’emploi. Les candidats passeront des entretiens et le cas échéant des tests, devront obtenir un visa et signer un contrat, et s’engager à retourner dans leur pays à la fin du contrat. Le mémorandum ne fournit pas de chiffre d’offres potentielles.

L’Espagne a déjà appliqué la formule «avec succès» avec d’autres pays, a déclaré Pedro Sanchez. Dans le domaine de défense et la sécurité, «l’Espagne contribuera à hauteur d’un demi-million d’euros à une initiative de formation» en Mauritanie, a-t-il dit. L’Espagne lancera prochainement en Mauritanie un Institut Cervantes, institution de promotion linguistique et culturelle.

Le président mauritanien, tout juste réélu pour un deuxième mandat à la tête de ce pays charnière entre Afrique du Nord et Afrique subsaharienne et qui se signale par sa stabilité dans une région troublée, a souligné le rôle de relais qu’il entend voir l’Espagne jouer auprès de l’Union européenne dans tous les domaines.

Il compte «beaucoup sur l’engagement personnel (de M. Sanchez) pour la facilitation de la migration légale des citoyens mauritaniens vers l’Espagne et l’Europe», selon les propos rapportés par l’agence nationale.              
 

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