Le public est invité à faire un détour dans cet espace transformé pour la circonstance en une galerie d’art et qui servira, lors des prochaines vacances d’hiver, de support à même d’accueillir des ateliers d’initiation de dessin pour enfants, un apprentissage qui sera couronné, par la suite, d’un concours national, selon Hacène Alimazighi, SG adjoint de la Fondation et organisateur de l’événement. Cela dit, les amateurs de l’art visuel ont l’occasion d’apprécier les réalisations picturales qui égayent les murs de la galerie. Ces deux plasticiens, qui engrangent plus de 35 ans d’expérience dans le domaine de l’art visuel, ont entamé leur aventure picturale depuis le milieu des années 1980, après avoir suivi un cursus d’études à l’Académie d’Etat des arts plastiques à Moscou, couronné d’un diplôme en fine arts. La production picturale de Kamel Bellatreche force le regard du visiteur à une halte tant la technique au couteau pour laquelle il opte est de haute facture. La palette chromatique qu’il décline sur ses tableaux met en évidence outre la lumière, des camaïeux pastel ou vifs, chauds ou froids, sur des sujets orientés vers l’art du figuratif dont les traits épais et gorgés créent des marques très sculpturales sur la matière, conférant un volume surprenant. Cette dimension supplémentaire est davantage attrayante, lorsqu’elle souligne la luxuriance des couleurs et la légèreté du trait. Que cela soit scènes de vie volées au détour d’une venelle, qa’ada puisée de la vie quotidienne de l’ancienne médina d’Ibn Mezghenna ou paysages d’un môle qu’il immortalise sur ses aplats, les accents de couleurs et la luminosité qui s’y dégagent rassérènent l’âme en peine. Kamel, ce «bozariste», qui est aussi scénographe, maîtrise la storyboard ou le scénarimage (montage de dessins réalisé avant le tournage pour visualiser les plans d’une séquence cinématographique). Le regard est autant subjugué par les autres œuvres accrochées dans les cimaises, celles-là mêmes qui dépeignent la femme ou un pan équin avec ce mouvement chaloupé et offrant un aspect mosaïqué. La matière douce et sensuelle, aux couleurs d’arc-en-ciel, forte de ses rythmes et de ses perspectives, respire et palpite, voire tourbillonne comme un maelstrom. Maria Eltsova, son binôme, se nourrit de la même sève et cultive presque la même propension picturale que Kamel. Outre le portrait de la femme algéroise qu’enjolive le port du haïk, la dame targuie engoncée dans son costume traditionnel, la native de Russie propose une compilation d’œuvres qui invite à un voyage à travers les paysages de l’Algérie, qu’elle immortalise sur son chevalet comme ces portraits ou ces scènes du Sud enchanteresses, laissant paraître cette atmosphère ardente et où la tonalité de couleurs vives et flamboyantes renseigne sur le geste énergique de l’artiste. Son trait s’emballe en mouvement et qui, parfois, préfère rester figé comme pour perpétuer une tradition, un réalisme sociétal, une architecture, un ordre immobile, à l’image de l’emblématique pentapole mozabite et son cœur battant, Ghardsaïa. Farouk Baba-Hadji