La galerie Ezzou’art propose jusqu’au 14 juillet une exposition de peinture collective colorée, explorant la diversité des styles et tendances artistiques.
Intitulée «Couleurs d’été», cette exposition de peinture collective regroupe 37 tableaux aux dimensions variées, signés par neuf artistes peintres, majoritairement autodidactes. Parmi cette brochette d’architectes éclectiques, citons Meriem Zahoua Brouri, Khadidja Issaad Brouri, Soumia Khiouk, Maya Laoudi, Ines Belkhirat, Hana Khelil, Fella Zenaf, Yazid Medjekoune et Mehdi Deneche.
L’exposition en question se décline sous la forme d’une exploration collective au cœur des passions humaines. Ainsi la jeune Hana Khelil opte pour un travail axé sur des perspectives architecturales en noir et blanc. Elle propose quatre tableaux moyens, représentant des monuments mystiques, à l’image du sanctuaire des martyrs de Riadh El-Feth d’Alger, Ghardaïa ou encore la cathédrale de Santa-Cruz d’Oran.
Mélange d’imaginaire
De son côté, Maya Laoudi, qui travaille dans le domaine des finances, dévoile six œuvres dont la plupart ont été réalisées durant le confinement. Sa technique de travail repose sur l’acrylique.
Elle dévoile des œuvres regorgeant de tons reposants où le regard est fasciné par cette nature luxuriante ou encore cette extérieure de maisonnette d’aïeux, avec une attention particulière accordée aux portes et aux fenêtres anciennes. L’artiste nous explique que ces toiles n’ont pas de lieu précis dans sa tête. C’est plutôt un mélange d’imaginaire qui traverse son travail.
Elle imagine une idée, ensuite vient l’inspiration du moment. Les couleurs joyeuses quelle se plaît à utiliser reflètent les sensations du moment, c’est du moins ce qu’elle nous explique. «Je me retrouve toujours dans les jaunes et les bleus. Pour ne rien vous cacher, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs», dit-elle. Si la peinture a toujours été une passion, elle avoue que son artiste de prédilection est le peintre français Claude Monet. Elle peint uniquement quand son moral est au beau fixe. Elle écrit également dans ses temps perdus.
Des séquences de vie
Pour sa part, Yazid Medjekoune partage une partie de ses souvenirs d’enfance personnels pour donner naissance à un sentiment de familiarité et de chaleur. En effet, cet artiste, qui cumule plus d’une quarantaine d’expérience, propose des séquences de vie qui ont traversé son enfance. A travers ses tableaux, l’artiste revendique ses origines et sa culture algérienne, croisant d’autres aspects et lieux qu’ils affectionnent tels qu’entre autres la baie d’Alger, le roufi, la nature morte, le retour de la mariée…
Etant natif d’Alger, Yazid Medjekoune avoue qu’il est plus rural que citadin. «Je suis un peu mystique. J’ai immortalisé des souvenirs d’enfance mais cependant je compose tout en mettant mes couleurs et mes lumières. Je vois des œuvres d’anciens artistes européens qui ont vécu en Algérie. Auparavant dans les années 80 et 90, on peignait ce que le client voulait. C’était de l’artisanat. Maintenant avec l’aisance financière, je peins ce qui me plait.» Yazid Medjekoune révèle alors qu’il avait 8 ans, il avait reproduit le buste d’un disque de Mozart sur une feuille canson.
Son père décide, dès lors, de l’inscrire, à l’Ecole des beaux arts d’Alger pour une spécialité dans le dessin. «De 17 à 25 ans, je considérais que je faisais un travail d’amateur. Mais mon ami l’artiste peintre Abdelkader Chaou m’a encouragé à aller de l’avant et d’exposer. Aujourd’hui, les gens me disent que j’ai mon propre style mais je me dévalorise. Je me dis que je n’ai pas encore créé mon propre style. Je me dis que les autres artistes travaillent mieux que moi.»
Bien que modeste, Yazid Medjekoune est une valeur sûre de la peinture algérienne. Il compte à son actif plusieurs participations d’expositions de peinture. Il est, également, sollicité pour des projets privés. Il détient un atelier de peinture à Alger et une annexe à Béjaïa où il y travaille et donne des cours de dessin à des personnes adultes.
Ce mordu de l’école impressionniste et du patrimoine national révèle qu’il arrive à vivre librement de son métier. L’artiste n’aime pas définir sa peinture mais rappelle, toutefois, qu’elle découle des émotions du moment. Il se plaît à utiliser la peinture sur l’huile avec souvent des excès de touches de couteau. Preuve en est avec le magnifique tableau intitulé «La baie d’Alger».
Cristaux flottants
Autre artiste autodidacte à découvrir : Meriem Zahoua Brouri. Elle est détentrice, depuis 2017, d’un master en géologie option géoscience marine de l’université des sciences technologiques d’Alger. N’ayant pas trouvé un job, elle a dû inventer un métier, celui d’artisane, illustratrice sur divers surfaces. Elle dit fièrement qu’elle détient, depuis 2021, une carte d’artisane en dessin et décoration sur diverses surfaces. Aujourd’hui, elle travaille à temps plein dans sa boutique en ligne.
Elle livre quatre œuvres figuratives oniriques de petites dimensions, réalisés en 2021. Elle livre des cristaux de l’aquarelle. Une approche moderne d’un support intemporel, inspiré par les ateliers d’Ane Victoria Calderon. Meriem Zahoua Brouri use et abuse de cristaux flottant dans l’espace. On l’aura deviné de par sa formation de géologue, elle s’inspire de pierres précieuses.
Elle confie qu’il s’agit d’une série de plusieurs œuvres qui a vu le jour chaque jour du mois d’octobre 2021. La nature n’est pas en cours puisqu’elle présente sa toute dernière œuvre, inspirée par le style Art Nouveau, en restant dans la thématique de la nature. Elle s’inspire, également, beaucoup de la fantaisie des jeux vidéo, des petits livres pour enfants. Son ambition, d’ailleurs, c’est d’illustrer des livres pour enfants Hey Meriem. Enfin Ines Belkhirat est une jeune prodige à surveiller de près, vu le talent incroyable qu’elle détient.
En effet, elle n’a qu’une dizaine d’années et peint comme une professionnelle. Elle exhibe quatre œuvres impressionnistes où l’on se plaît à découvrir la nature avec l’omniprésence d’un étendu marin. Ses couleurs sont pures, les formes sans entraves, une spontanéité qui rend chaque tableau unique. Si elle a commencé à peindre à l’âge de sept ans, ses toiles font preuves d’une maîtrise de l’espace et d’un sens de la composition très étonnant. Sans prétention aucune, ces peintures sont à la fois contemplatives et puissantes, offrant une fenêtre le rêve et le bien-être.