Interrogée en marge d’une journée d’étude qu’elle a organisée au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), le Dr Mellab a souligné l’importance de l’évaluation du potentiel à l’export en Algérie.
L’augmentation du potentiel à l’exportation hors hydrocarbures passe nécessairement par la diversification de l’offre, a expliqué, en marge de la journée d’étude abritée par le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) lundi, Kahina Mellab, docteur en statistiques et économie appliquée et chercheur au Cread.
Elle estime que «le processus de diversification économique nécessite plus que jamais la mise en œuvre de nouvelles facilitations commerciales et la compétitivité des coûts. Cependant, le secteur privé et les sociétés exportatrices ne peuvent pas être productifs et suivre facilement les règles d’or en matière d’exportation si l’Etat n’a pas mis en place des mécanismes pour renforcer les outils de la politique industrielle».
La même universitaire souligne également la nécessité de la création de biens publics sectoriels, d’aménagement du territoire des affaires favorables aux investissements privés, facilitations des échanges et réduction des coûts de la découverte.
Elle suggère des réformes profondes et urgentes du transport aérien, comme la libéralisation de l’accès au marché aérien commercial, l’évolution du cadre institutionnel, l’harmonisation en matière de réglementation de la capacité financière du marché aérien commercial et son adaptation aux normes internationales.
Le Dr Mellab a, par ailleurs, mis l’accent sur d’autres aspects inéluctables dans le processus d’encouragement de l’augmentation du potentiel à l’exportation. Pour elle, une politique de recherche et développement (RD) est importante pour stimuler les entreprises à adapter leurs produits à la demande mondiale.
«Malgré l’existence d’un environnement juridique et réglementaire régissant l’export et la mise en œuvre d’un dispositif institutionnel d’appui aux exportations hors hydrocarbures, le niveau des exportations demeure très faible et n’a connu aucune évolution significative depuis plus d’une décennie», a-t-elle fait remarquer.
La réalisation des banques communes avec les autres pays dans le secteur du transport est nécessaire afin, a-t-elle fait remarquer, d’accéder aux marchés, organiser et améliorer davantage les services. L’utilisation du commerce électronique dans les transactions est l’un des facteurs fondamentaux, soutient Mme Mellab, pour diversifier les exportations et protéger le producteur et le consommateur. C’est un moyen qui encourage le travail dans un climat de transparence, a-t-elle insisté.
Transformation structurelle et développement des industries manufacturières
Ainsi, le même chercheur a plaidé pour une transformation structurelle et le développement des industries manufacturières afin de permettre la diversification de l’économie. «Après presque 20 ans de transition à l’économie de marché, l’économie algérienne affiche encore les mêmes caractéristiques : désindustrialisée avec une part du secteur industriel de moins de 5% du PIB, une croissance relativement faible, une croissance modeste du PIB/habitant, très irrégulière et très dépendante des hydrocarbures», a-t-elle relevé.
Le Dr Mellab estime que ceci est dû, d’une manière générale, à «l’absence d’une vision stratégique d’intervention dans l’espace économique mondiale, dont la promotion des exportations qui se traduit sur le terrain».
Elle cite, entre autres, «l’absence d’une définition des métiers mondiaux de l’Algérie et l’insuffisance de moyens humains spécialisés et compétents à tous les niveaux de la chaîne des exportations hors hydrocarbures». Le Dr Mellab a rappelé que le secteur énergétique participe à hauteur de 89% dans le panier à l’exportation en Algérie, suivi par les services avec 20% et une contribution timide des produits chimiques de 8%.
Pour ce qui est des imports, «les secteurs agroalimentaires dominent la structure des imports avec plus de 20%, d’où un manque d’autosuffisance et la sécurité alimentaire en Algérie, suivie essentiellement par les produits mécaniques (30%), véhicules (25%), électroniques (10%), chimiques (18%), les services destinés aux entreprises avec un peu plus de 20%», a-t-elle confié.
Par ailleurs, elle note que «notre économie n’a aucun avantage comparatif, mis à part les énergies, bien que certains secteurs en place, comme les matériaux de construction (ciment), produits pharmaceutiques, des industries des équipements des ménages (électronique blanche et grise), industries pétrochimiques en aval et du gaz, industries mécaniques, détiennent un potentiel prometteur».
Par ailleurs, notons que durant la journée d’étude organisée au Cread, les autres intervenants, à l’image de l’économiste Yazid Boumghar et du consultant et formateur en export pour la promotion des exportations hors hydrocarbures Ali Bey Nasri, ont évoqué, dans le même sillage, l’importance de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et la valorisation des matières premières qui devrait booster nos exportations.
«L’Etat a mis en place plusieurs mécanismes d’accompagnement massif des exportateurs vers le marché africain», a expliqué M. Boumghar, qui précise que l’ouverture des agences bancaires dans certains pays africains et la mise en exploitation de la ligne maritime Alger-Nouakchott encouragent davantage les opérateurs économiques dans l’exploitation qui doit être, a-t-il insisté, axée beaucoup plus sur des produits à valeur ajoutée.
De son côté, Ali Bey Nasri a relevé que le potentiel de l’Algérie à l’export (hors hydrocarbures) est assez important. Il faut seulement, a-t-il indiqué, une identification des secteurs prioritaires pour se projeter dans une démarche globale et pérenne, privilégiant le développement de la logistique, comme le transport ferroviaire qui est, selon lui, l’un des moyens peu coûteux dans les exportations vers les pays africains.
«Il faut étoffer le maillage du réseau ferroviaire national, qui est plus efficace que le transport terrestre, car le rail permet de réduire la consommation des produits pétroliers et donc des coûts», a-t-il préconisé aussi. Enfin, le Dr Mellab souligne que la journée d’étude qu’elle a organisée au Cread s’inscrit dans la perspective de montage d’un projet de recherche sur l’évaluation du potentiel à l’export en Algérie.