Le juge chargé de l’enquête sur l’explosion au port de Beyrouth en 2020 a inculpé le procureur général Ghassan Oueidate et trois autres magistrats, ont rapporté hier des médias, citant un responsable judiciaire. Après une suspension de 13 mois, le juge Tarek Bitar a repris lundi son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 200 morts et 6500 blessés et ravagé des quartiers entiers de la capitale libanaise. Le magistrat a décidé d’inculper huit nouvelles personnes, selon le responsable qui a requis l’anonymat. Parmi elles figurent le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, et trois autres juges inculpés pour «homicide, incendie criminel» et «sabotage» notamment.
L’énorme explosion avait été provoquée par le stockage sans précaution de centaines de tonnes de nitrate d’ammonium dans un entrepôt au port. Elle a été imputée par une grande partie de la population à la «corruption» et la «négligence» de la classe dirigeante, accusée également par les familles des victimes et des ONG de «torpiller» l’enquête pour éviter des inculpations. Selon le responsable judiciaire, M. Oueidate avait supervisé en 2019 une enquête des services de sécurité sur des fissures dans l’entrepôt où était gardé le nitrate d’ammonium sans mesures de sécurité. Les noms de deux hauts responsables de la sécurité, que le juge Bitar a inculpés, avaient filtré lundi : le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, et le chef de la Sûreté d’Etat, Tony Saliba. Au total, 13 personnes sont poursuivies, dont cinq responsables que M. Bitar avait déjà inculpés par le passé, notamment l’ex-Premier ministre Hassan Diab et d’anciens ministres.