Avec cette infrastructure unique en Algérie, les fellahs ont désormais un débouché à leur future production et leurs réticences, maintes fois exprimées, n’ont plus raison d’être.
Impliquée dans le plan national de développement de la culture de la betterave sucrière dans les wilayas du sud, visant in fine à diminuer les faramineuses quantités de sucre alimentaire importées, la Sarl Ametna située à Biskra, laquelle est versée dans la production des dérivés des dattes, a annoncé la semaine dernière, la mise en place d’une chaine de production de sucre liquide extrait de cette plante biannuelle, dont 4 variétés ont été plantées et étudiées par les techniciens de l’Institut technique de développement de l’agronomie saharienne (ITDAS) d’Ain Bennaoui.
Pour un hectare emblavé en betteraves sucrières, cet institut de recherche et d’application a obtenu de 80 à 120 tonnes de racines charnues contenant de 19 à 23% de taux de sucre. Ce sont des performances remarquables ouvrant la voie à des perspectives prometteuses pour les agriculteurs, devant néanmoins être convaincus de se lancer dans l’exploitation de cette plante s’avérant parfaitement adaptée au climat de la région.
Après des essais portant sur 200 kg de betteraves sucrières, de réajustements des machines et de corrections techniques, qui ont duré des jours et des jours, la Sarl Ametna a réussi une véritable prouesse technologique en fixant un processus de fabrication de sucre liquide (saccharose) conforme aux normes internationales, a-t-on constaté. Dimanche dernier, les premiers hectolitres de sucre liquide algérien ont été exposés à la presse locale.
Couvrir de 15 à 20% des besoins nationaux en sucre
En effet, le directeur de cette entreprise, Abdelmadjid Khobzi, a lancé une large campagne médiatique pour exposer les résultats obtenus et expliquer aux agriculteurs le fondement de sa démarche et l’importance de leur participation à ce plan national de production de sucre liquide extrait de la betterave sucrière pouvant être cristallisé et raffiné pour être utilisé dans plusieurs secteurs de l’agroalimentaire.
«Au début, nous avons rapporté des semences de 4 variétés de betteraves sucrières pour en étudier les comportements et les rendements à Biskra. Les essais se sont avérés être des plus intéressants. Dans un second temps, nous avons acquis une chaîne de traitement et de production de sucre issu de cette plante grâce aux décisions du Président de la République et du wali de Biskra qui ont levé toutes les entraves auxquelles nous étions confrontées depuis des années.
Il faut savoir que de 1962 à 2022, les industriels algériens ne pouvaient pas produire l’éthanol, l’alcool et les sucres liquides mais en vertu d’une nouvelle législation et des mesures portant l’objectif de booster les investissements nationaux et de réduire la facture des importations, nous avons été encouragés à investir dans une chaine de production de sucre liquide dont les équipements sont d’origine italienne et iranienne.
Avec cette infrastructure unique en Algérie, les agriculteurs ont désormais un débouché à leur future production de betteraves et leurs réticences maintes fois exprimées n’ont plus raison d’être. La Sarl Ametna est capable de couvrir de 15 à 20% des besoins nationaux en sucre», a souligné notre interlocuteur.
Celui-ci envisage de signer des contrats avec les fellahs dans le cadre de l’«Agriculture contractuelle» afin que ceux-ci alimentent son unité en matière première suivant un cahier des charges. Il estime que son unité est capable d’absorber 3 600 tonnes par an de betterave sucrière qu’il rachètera 8 DA le kilogramme, alors qu’à seulement 4 DA, elle est totalement rentable pour les cultivateurs, selon les études de marché.
En parallèle, Abdelmadjid Khobzi exhorte tous les investisseurs intéressés à réfléchir à œuvrer pour la multiplication des unités de production de sucre liquide pour non seulement couvrir les besoins nationaux mais aussi en exporter vers d’autres pays.