Ex-Ansej, dossier ouvert

02/12/2023 mis à jour: 01:18
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Le dossier de l’ex-Ansej est revenu dans le débat, à la faveur de la réponse à la question d’un député, jeudi dernier, à l’APN, du ministre de l’Economie de la Connaissance, des Start-Up et des Micro-entreprises. 

De nouvelles assurances ont été données par le représentant du gouvernement aux jeunes qui ont eu des difficultés à lancer leurs entreprises et se sont enlisés dans de longues procédures avec les banques. Devenue Anade, l’emblématique Ansej résume un quart de siècle d’errements dans la quête éperdue d’une solution durable au chômage des jeunes. 

Au moment où l’on croyait ce dossier évincé des agendas officiels, emporté par la vague numérique et la montée en puissance des start-up, il revient au-devant de la scène avec la traditionnelle série d’engagements pour dépasser les lourds contentieux accumulés pendant des années. Les jeunes pourront disposer encore, selon les dernières annonces, d’une quinzaine d’années pour rembourser les prêts bancaires, après rééchelonnement et intervention du Trésor public. 

L’opération de recensement et d’examen «au cas par cas» sera étendue jusqu’au 15 janvier prochain. Dans un compte-rendu antérieur, remontant à janvier 2021, on apprenait d’un ministre délégué que les micro-entreprises allaient bénéficier «d’un rééchelonnement de leurs créances pouvant aller jusqu’à cinq années, avec un effacement des agios, des intérêts et des pénalités de retard». Les déclarations de jeudi dernier ajoutent que les concernés seraient soustraits aux poursuites et  sanctions diverses. 
 

Ces interventions publiques renouvelées attestent que le problème n’a pas été réglé et demeure en attente d’une prise en charge probante. Les chiffres qui avaient été livrés à ce sujet révèlent l’ampleur des situations restées en suspens ou en souffrance. 70% des 380 000 micro-entreprises créées dans le cadre de l’Ansej étaient déclarées, il y a trois ans, en crise et nécessitaient «le retraitement de leurs créances conjointement avec les banques». 

Toutes les possibilités de remise sur pied avaient été tentées, sans grand succès. La question est désormais de savoir quelle démarche viable entreprendre pour dénouer ce long feuilleton marqué par tant de revers et de désillusions. «Nous étions suspendus aux promesses politiques, nous en payons le prix», nous a déclaré, il y a une dizaine d’années, un représentant des jeunes opérateurs. Il relatera la manière avec laquelle ils étaient broyés par les grands groupes des travaux publics sur les chantiers qu’ils approvisionnaient en matériaux. Le paiement qui leur était dû en s’engageant dans cette sous-traitance ne couvrait même pas le prix du carburant des moyens de transport. Ils étaient, par ailleurs, vainement partis à la recherche des 20% des parts des marchés publics officiellement concédés aux jeunes promoteurs. 

Si les mesures financières sont nécessaires, il est tout aussi indispensable d’envisager de nouvelles pistes pour désembourber ces entreprises et leur donner une réelle deuxième chance. Les défis individuels et la quête minimaliste des parts des projets ne sont pas toujours porteurs dans un monde qui favorise l’agrégation et la mutualisation des moyens et des ressources. Même les start-up qui ont présentement les faveurs de tous les gouvernants n’échappent pas à la logique globalisante du marché. Les plus ingénieuses de ces entités du nouvel entrepreneuriat sont phagocytées ou s’évaporent dès la mise au point et la vente d’une idée ou d’une technologie novatrice. 

Le plus important est, enfin, le dépassement définitif des faux engagements et des vrais dévoiements, dont le plus célèbre et le plus tragique était d’encourager les jeunes bénéficiaires des crédits à flamber l’argent dans des cérémonies et autres escapades. Plusieurs condamnations et incarcérations plus tard, celles d’anciens responsables politiques s’entend, le dossier Ansej demeure ouvert et survit au changement de dénomination des agences dédiées au secteur.

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