l’issue d’une longue carrière parsemée d’embuches, le diffuseur du savoir et de l’éducation remet le tablier dans la discrétion totale. Il quitte son établissement, sa deuxième maison, sur la pointe des pieds.
Pour plus de trente ans de bons et loyaux services agrémentées par la formation de plusieurs générations de médecins, de magistrats, de pharmaciens, d’ingénieurs, d’économistes, l’enseignant obtient à titre de gratifications, l’ingratitude. Sa disparition ne fait l’objet d’aucune citation ou reconnaissance. Partie le 10 septembre 2021, Mme Nadia Yachir fait partie du contingent des grands «maitres» lesquels ont laissé leurs empreintes à Sétif, l’oublieuse.
Reconnaissants, d’anciens apprenants gardent en mémoires la correction, la rigueur, la rectitude, le sérieux, l’intransigeance, la droiture, la culture ainsi que le savoir de ces inoubliables esprits éclairés.
À l’instar d’autres grands pédagogues tels Nadia Bekhouche, les frères Amroun Abdelkrim et Abdelkader, Abdelmadjid Kessai, pour ne citer que ceux là, Nadia Yachir, qui a inoculé l’amour de la langue de Shakespeare à une grande partie de ses élèves des CEM Malika Kharchi et Mohamed Khemisti, du lycée Ibn Rachik, des étudiants de l’université Ferhat Abbas, est à la fois une belle âme, une grande enseignante et une collègue aux grandes valeurs, qu’on oublie pas aussi facilement. Sollicité par El Watan, Tamrabet Lounis, dit Lyes, ne se dérobe pas.
Même si résumer le parcours de l’érudit n’est pas une sinécure. «Parler de feu Nadia Yachir est un honneur et un privilège, même si c’est à titre posthume. Le destin en a voulu ainsi. Nous en avons assez parlé peut être ou peu de son vivant.
Nos débats se concentraient sur notre zone de confort qui fut l’enseignement de l’anglais, espace pédagogique par excellence. Elle fut la pionnière dans l’enseignement avec son look typiquement British, une allure longiligne avec un éternel sourire d’enfant qui trahit un regard rigoureux dans sa classe où elle travaillait pour l’excellence et la valorisation de l’effort. Je commençais dans l’enseignement.
Nadia était mon icône. Elle maniait la langue de Shakespeare avec aisance. Je l’admirais et voulais l’imiter. Nous débâtions en anglais. L’anglais était notre raison d’être. Elle était une oreille attentive à mes doléances de jeune professeur. Nadia appartenait à une famille d’anglophones, deux sœurs qui ont enseigné l’anglais et un frère (paix a son âme) Faycal Yachir, icône mondialement connu dans le domaine de l’économie.
Nadia a formé des centaines d’enseignants de qualité. Elle quitta le secteur de l’éducation nationale pour l’université où elle fut chargée de l’audio-visuel où sa touche était appréciée. Nadia Yachir a symboliquement donné un passeport à des milliers d’élèves pour voyager en utilisant l’anglais. May her Soul Rest in peace», dira, non sans émotion, l’ancien inspecteur général d’anglais.