Evocation / Il y a 113 ans, Jijel se dotait de sa première parution Le Rachidi

10/01/2024 mis à jour: 01:26
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La voix de Jijel, groupe culturel, féru d’histoire et de patrimoine, a célébré cette semaine le 113e anniversaire de la parution de la première publication de la ville.

Il s’agit du journal Le Rachidi, dont le numéro zéro est sorti de l’imprimerie algérienne, rue de Lyonne (actuelle Didouche Mourad), le 6 janvier 1911. La création de cet «hebdomadaire», qui paraissait chaque vendredi, intervient dans un contexte historique où l’Algérie, colonisée, connaît une émergence d’intellectuels de formation française. 

Et c’est «dans ce milieu que va se développer dans les années précédant la Première Guerre mondiale le Mouvement Jeune Algérien, dont les moyens d’action sont essentiellement les sociétés culturelles, les Amicales et les journaux», a écrit à ce sujet feu Abderrahim Sekfali, «le maître», sociologue et historien. 

Pour que ce projet prenne vie, poursuit l’auteur de l’ouvrage Le rôle des instituteurs dans la vie politique et sociale du département de Constantine de 1919 à 1939, il a fallu l’association de trois instituteurs, Bouguessa Belgacem et les frères Kiniouar (Ferhat et Mohamed), trois oukils judiciaires, Abdelaziz Abdelaziz, Badri Ferhat, et Fergani Boudjemaâ (Bachir), ainsi que deux commerçants, Benkhellaf Abderrahmene (Ahcène) et Hadjammar Mohamed (Hamou). Comme la stratégie ne peut pas aller bien loin dans l’univers colonial, qui interdit à un Algérien musulman d’être le gérant d’un journal, les fondateurs et propriétaires de la parution prendront, pour contourner la loi du 29 juillet 1881 sur la presse, les titres de directeurs politiques ou feront appel à un gérant européen. 

Ainsi, sur les quatre responsables qu’il a eu, Le Rachidi, qui se définit en tant qu’«organe indépendant d’Union franco-arabe et des intérêts djidjelliens», puis «organe des intérêts indigènes et d’union franco-musulmane», connaîtra deux directeurs politiques (Nassih et Hadjammar), et deux rédacteurs en chefs (Langlois et Leal). Imprimé sur quatre pages en langue française, le périodique avait pour objectif la défense des droits des musulmans, l’opposition à la loi des colons ainsi qu’à la conscription obligatoire pour les Algériens.

 Il était diffusé dans tout le département de Constantine, particulièrement à Djidjelli (Jijel), Philippeville (Skikda), Bône (Annaba) et Constantine. Il disposait aussi de points de vente à Alger et Tunis. 

Ses thèmes de prédilection sont l’enseignement, la politique, la justice et la représentation électorale. Il cessera de paraître au début de la Première Guerre mondiale, le 13 novembre 1914, au numéro 191. Il fusionne, plus tard, avec L’Islam, titre diffusé à Annaba et Alger pour donner naissance à L’Ikdam, dirigé par Saddek Denden. Le 7 mars 1919, Mohammed Hadjammar rejoint la direction de ce dernier. 

En 1920, il est élu conseiller à la municipalité d’El Arbaâ (Alger). Il est décédé à Jijel le 28 juillet 1932. En cette date anniversaire, La voix de Jijel interpelle les autorités locales pour préserver la mémoire de cette personnalité, qui a incarné un pan de l’histoire nationale et locale. 

Pour sa part, l’association Jijel Antique, qui œuvre pour la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel de la ville, a saisi la commission de wilaya concernée à l’effet de rebaptiser la maison de la presse de Jijel par l’appellation Le Rachidi. Une proposition formulée en février 2023 qui, jusque-là, est restée sans suite.         

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