Évocation. 28e anniversaire de l’assassinat d’Ahmed et Rabah Asselah : Pour que nul n’oublie

05/03/2022 mis à jour: 00:19
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Asselah Ahmed, 53 ans, alors directeur de l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger, assassiné gratuitement, un 5 mars 1994.

Il y a 28 ans disparaissaient tragiquement Ahmed et Rabah Asselah, père et fils. Morts assassinés, un 5 mars 1994, dans l’enceinte d’un lieu hautement symbolique dédié à la beauté, à la création, l’Ecole supérieure des beaux-arts, à Alger. 

Alors que c’est le 24e jour du mois sacré de Ramadhan, la folie meurtrière terroriste, au plus fort de sa barbarie dépassant tout entendement humain en Algérie, avait décidé de mutiler, de défigurer et d’exterminer la beauté dans toute sa dimension, acception et acceptation. 

Et ce, en s’attaquant à de paisibles citoyens sans arme, s’investissant à leurs corps défendant. Car lors de cette décennie, aller à l’école, au lycée, à l’université, au travail, au marché ou encore à un mariage était un acte civiquement de bravoure. Il est 9h30. 

Le directeur de l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger, Asselah Ahmed, 53 ans, et son fils unique, Rabah, 21 ans, étudiant, entrent dans le couloir du bloc administratif. Le couloir de la mort ! 

Le père est abattu par trois balles de pistolet automatique dans la tête. 

Rabah, assistant à l’horrible assassinat de son père, tente de lui porter secours, mais il reçoit une balle en plein ventre. 
Il succombera par la suite. Leurs assassins, deux jeunes de 18-20 ans, portant des cartables. Un atroce et effroyable crime ayant une trajectoire, un mobile niant et reniant la culture algérienne et, par voie de conséquence, toute volonté ou encore ambition affichée quant à la création juvénile et artistique. 

Une sentence, une fetwa exécutant un directeur et un étudiant, de surcroît père et fils, faisant l’article des beaux-arts, dans un haut lieu dispensant l’expression pluridisciplinaire plastique, l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger, et ce, devant des élèves horrifiés.
La bête immonde frappera encore et de plus belle. 

Une longue et interminable liste mortifère. Le 10 mars 1994, soit cinq jours après, le grand dramaturge Abdelkader Alloula sera victime d’un attentat à Oran ; le 12 mars, c’est le journaliste de l’ENTV Hassan Benaouda ; le 29 mars, ce sont deux lycéennes de Boudouaou ; le 31 mai, c’est le recteur de l’université de Bab Ezzouar ; le 29 septembre, le célèbre chanteur de raï, Cheb Hasni, est un autre martyr… L’hydre sanguinaire n’aimait pas l’aphorisme de Dostoïevski : «La beauté sauvera le monde.» 

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