Éthiopie : Des dirigeants de l’opposition amnistiés retrouvent la liberté

09/01/2022 mis à jour: 06:02
RW
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Plusieurs personnalités de l’opposition éthiopienne goûtaient à la liberté hier après une amnistie inattendue décrétée la veille par le gouvernement à d’importants détenus politiques, dont des dirigeants du parti tigréen.

L’annonce surprise de l’amnistie est intervenue après un appel à «la réconciliation nationale», lancé vendredi à l’occasion de la célébration du Noël orthodoxe par le Premier ministre, Abiy Ahmed, dont le pays est déchiré depuis 14 mois par un conflit entre le gouvernement fédéral et les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).  L’objectif de l’amnistie est «d’ouvrir la voie à une solution durable aux problèmes de l’Ethiopie», a indiqué le gouvernement dans un communiqué.

«La clé d’une unité durable est le dialogue. L’Ethiopie fera tous les sacrifices à cette fin», selon le texte où sont énumérés les noms de plusieurs dirigeants de l’opposition, mais aussi de membres importants du TPLF.

Les combattants du TPLF se sont repliés, fin décembre, dans leur fief de la région la plus septentrionale du Tigré face à une offensive militaire des forces gouvernementales qui ont repris le contrôle d’une série de villes stratégiques. Plusieurs personnalités du TPLF figuraient parmi les personnes graciées, ainsi que des dirigeants de l’opposition de l’ethnie Oromo, la plus importante d’Ethiopie, et des Amhara.

Le TPLF a pris les armes depuis qu’Abiy Ahmed a envoyé, en novembre 2020, l’armée fédérale au Tigré pour en destituer les autorités régionales – issues du TPLF – qui contestaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires.

Le nombre de détenus libérés n’était pas connu dans l’immédiat. Néanmoins, le parti d’opposition Balderas a annoncé la libération de son fondateur Eskinder Nega, une figure de l’opposition.

Il n’était pas clair si le gouvernement a proposé des négociations avec le TPLF, parti qui a dirigé de fait l’Ethiopie pendant trois décennies jusqu’à ce qu’Abiy prenne le pouvoir en 2018, mais qui est désormais considéré comme un groupe terroriste par Addis-Abeba.

Les combats ont connu une accalmie depuis la retraite du TPLF, bien que les rebelles accusent le gouvernement de continuer à mener des frappes meurtrières de drones sur le Tigré. Trois personnes ont été tuées dans un raid aérien sur un camp de réfugiés de la région, a rapporté l’ONU cette semaine.

Unité

Le conflit au Tigré a fait des milliers de morts. La région, soumise selon l’ONU à un «blocus de facto» de l’aide humanitaire, manque de nourriture et de médicaments.

Abiy, lauréat du prix Nobel de la paix qui s’est rendu sur le front en novembre pour diriger ses troupes, a également appelé vendredi à «l’unité». Cependant, dans une autre déclaration hier, il a de nouveau fustigé les «ennemis étrangers et internes», qualifiant le TPLF de «serpents».

Cette amnistie a coïncidé avec une mission en Ethiopie de l’envoyé spécial américain pour la Corne de l’Afrique, Jeffrey Feltman, qui tente d’encourager des pourparlers de paix. Dans la liste des personnalités amnistiées figure aussi l’ancien magnat des médias, Jawar Mohammed, membre du Congrès fédéraliste oromo.

Ancien allié de M. Abiy – lui-même oromo, l’ethnie la plus nombreuse du pays – M. Jawar était devenu un de ses plus farouches détracteurs.

Comme M. Eskinder, M. Jawar avait été arrêté en juillet 2020 avec d’autres figures de l’opposition, après une flambée de violences déclenchée par le meurtre par balles à Addis-Abeba le mois précédent d’un très populaire chanteur, Hachalu Hundessa, porte-drapeau de l’ethnie oromo. Ces manifestations et violences avaient fait 239 morts en quelques jours, sur fond de tensions et de ressentiments ethniques. 

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